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Victor-Lévy Beaulieu en comparaison

Victor-Lévy Beaulieu en comparaison

Publié le par Marion Moreau (Source : Michel Nareau)

Victor-Lévy Beaulieu en comparaison

La réception critique de l'oeuvre de Victor-Lévy Beaulieu a jusqu'à maintenant mis en valeur sa contribution à la construction d'un imaginaire national tout en faisant état des paradoxes qui la sous-tendent, puisque celle-ci s'articule en fonction d'un double mouvement d'affirmation identitaire ─ par un ancrage thématique local ─ et de perméabilité à l'altérité dont témoigne une importante intertextualité. En effet, les méandres de l'écriture de Beaulieu conduisent bien souvent le lecteur hors de l'espace national qu'elle est censée circonscrire, mobilisée par un constant dialogue avec des figures d'écrivains tels Hugo, Voltaire, Melville, Kerouac, Tolstoï, Joyce, Foucault, Cervantès, Lowry, Roussel et Artaud. De ces différentes voix de la littérature, l'instancenarrative se laissera imprégner au point de disparaître en elles quand, par exemple, le « je » se mute en celui de Melville et de Joyce dans les ouvrages qui leur sont consacrés. L'écriture compose ainsi avec un devenir autre, sorte de détour obligé qui révèle le sujet à lui-même dans son idiosyncrasie. L'univers de Beaulieu est par conséquent déployé à travers la lecture, dans un rapport à la différence que celle-ci met en scène, pour s'inscrire, du même coup, au sein de la diversité du monde dont il procède.

Partant de cette praxis de l'altérité dans l'espace littéraire, les collaborateurs de ce numéro des Cahiers de Victor-Lévy Beaulieu sont invités à explorer les avenues interprétatives qui leur permettent de relire l'oeuvre de l'écrivain québécois dans une perspective comparative qui, par-delà les marques de l'intertextualité, procède de la mise en relation d'un auteur à l'autre, d'une littérature à l'autre. Notre ambition est de décentrer l'interprétation du corpus romanesque de Beaulieu par la création d'un horizon continental susceptible d'apporter de nouveaux éclairages sur ses singularités. Face au défi de l'incomparable, quelles significations s'offrent-elles à lire dans cette perspective qui a d'abord comme objectif de « construire des comparables » (Détienne) par des rapprochements inédits entre des champs d'études distincts?

Dans la trame des parallèles, des analogies et des différences que génère l'approche comparative, il s'agira, en fait, de s'intéresser aux résonnances entre les tensions conflictuelles ─ inhérentes à l'oeuvre de Beaulieu ─ et celles qui sont également présentes dans d'autres oeuvres, caribéennes, chicanas, brésiliennes, canadiennes francophones, canadiennes anglaises, états-uniennes et hispano-américaines (sans toutefois exclure celles du domaine québécois). Tout en laissant aux collaborateurs la liberté d'insister sur les aspects de leur choix, nous les incitons, cependant, à articuler leur propos en fonction d'une problématique identitaire qui relève, dans une perspective générale, de la dynamique de formation des littératures qui ont contribué à la recherche d'une expression proprement américaine. Entre soi-même et l'autre, tradition et modernité, oralité et écriture, ruralité et urbanité, revendication locale et aspiration à l'universel, raison et nature, réel et fiction, comment l'art romanesque contribue-t-il à la production du sens lié à toute affirmation d'une appartenance? Sur le plan symbolique, comment se manifestent les rapports à l'origine, au passé familial et aux mémoires historique et collective? Quel est le rôle de la fiction dans la construction identitaire? Comment sont réinvesties des composantes locales à travers une hybridation culturelle tant sur le plan langagier que sur celui de la forme, des contenus et des discours du roman? C'est en fonction de ces questionnements, dont la liste reste ouverte, que les lectures comparatives de Beaulieu pourront plus précisément orienter leur apport à ce numéro tout en présentant un potentiel de convergences riche en découvertes.

Prière de faire parvenir, avant le 1er août 2011, vos articles (20 à 30 pages à double interligne), ainsi qu'une brève notice bio-bibliographique (150 mots maximum), à Emmanuelle Tremblay (Université de Moncton) à l'adresse électronique suivante emmanuelle.tremblay@umcs.ca.