Essai
Nouvelle parution
Vers une littérature de l'épuisement

Vers une littérature de l'épuisement

Publié le par Alexandre Gefen

Réédition de l'ouvrage de référence de Dominique Rabaté, Vers une littérature de l'épuisement, éditions José Corti.i.
 
Présentation de l'éditeur :
 
     Qu'est-ce que la voix narrative ? Pourquoi et selon quelle nécessité se met-elle si souvent en scène dans tant de textes de la littérature contemporaine ? Quel sens prend alors la décision d'écrire ?
     À ces questions, fondamentales pour notre expérience de lecteur aussi bien que vitales pour l'écrivain d'aujourd'hui, cet essai tente de répondre. Il considère, sous le nom de "récit", un secteur particulièrement important de la modernité ouverte en France par Proust, et dont l'unité se définit par la commune attention à la mise en doute de la parole et du sujet. Il faut donc retracer la généalogie de ce genre, caractérisé par la prédominance d'une voix fictive en quête de sa place au sein du discours qu'elle produit sans le surplomber. Il faut confronter des tentatives aussi diverses que celles de Beckett, Borgès ou Blanchot pour entendre ce qu'elles ont à nous dire sur le statut du sujet tel qu'il s'apparaît et se dissimule dans sa parole. L'enseignement de la littérature croise ainsi ceux de la linguistique de l'énonciation et de la psychanalyse, qu'elle nous permet d'interroger. Cette nouvelle logique de l'inscription offre une voie d'accès privilégiée pour relire, dans toute leur violence, les récits de Poe et L'Étranger de Camus comme écriture d'une certaine économie de la mort.
     "Pourquoi écrivez-vous ? Pour épuiser." Le souhait et l'ambition qui traversent cet ensemble de textes pourraient se résumer à cet abrupt dialogue. Sur les ruines du romanesque qu'il continue d'explorer différemment, le récit est une entreprise d'épuisement du sujet. Ce voeu trame silencieusement, on le verra, tout le projet d'À la recherche du temps perdu. Plus fondamentalement, l'épuisement est le programme esthétique d'une certaine époque à laquelle nous n'appartenons peut-être plus. Inventaire du néant beckettien ou effacement de Monsieur Teste, ses déclinaisons ont le même arrière-plan. Nulle négativité pourtant mais, au contraire, l'affirmation lucide du bonheur d'écrire pour inventer une solitude donnée en partage, et la joie, profonde et paradoxale, que peut seule nous révéler la littérature.

     Sommaire:

Première partie : L'inscription.

A - La place du sujet.
   Chapitre 1 : L'effet de voix
   Chapitre 2 : Polyphonie et constitution du sujet
   Chapitre 3 : La fiction du sujet

B - L'écrivain silencieux.
1) Narratologie et inscription
2) In articulo mortis
3) Economie de la mort dans L'Etranger


Deuxième partie : La solution esthétique.

A- Problématiques du récit.
   Chapitre 1 : Lambert et Teste
   Chapitre 2 : Chemin faisant

B - Ecrire, épuiser.
   Chapitre 1 : Le conteur, l'écrivain.
1) Raconter, écrire
2) De la fable au sujet
3) Le désir d'écrire
4) Vers l'épuisement ?
5) La fatigue, l'ennui, la joie

   Chapitre 2 : Les Clochers de Martinville.
1) Proust encore
2) Le premier exemple ?
3) Contexte : la double paresse
4) La mise en réserve
5) Du mouvement et de l'immobilité
6) Ne plus voir
7) L'adieu : la scène pour le sujet
8) Emergence, effacement : l'inscription
9) La joie et le désir

   Chapitre 3 : Remarques sur la notion d'épuisement

Conclusion : Le Jugement du solitaire.