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Appels à contributions
Variations, n° 22 (2014): Mehrsprachigkeit/ Polylinguisme/ Polylingualism

Variations, n° 22 (2014): Mehrsprachigkeit/ Polylinguisme/ Polylingualism

Publié le par Marielle Macé (Source : Variations / Reto Zöllner)

 

Appel à contribution – Variations 22 (2014) Mehrsprachigkeit/ Polylinguisme/ Polylingualism

« Toujours et partout, à tous les âges de la littérature historiquement connus, la conscience littérairement active découvre des langages et non un langage » (Bakhtine).

Pour comprendre le polylinguisme inhérent au texte littéraire, le concept bakhtinien de la pluralité du discours forme encore aujourd’hui un point de départ pertinent. Avec lui, les études s’inscrivent dans un geste de contestation, contre « la catégorie du langage unique », contre les forces de « l’unification et de la centralisation des idéologies verbales ». Cette diversité discursive s’envisage notamment comme un élément engendrant la production d’une théorie littéraire orientée vers une direction positive et fondée sur la critique de langage, si l’on songe à la représentation grandissante, durant l’après-guerre, de la littérature comme une « Babel heureuse » (Barthes).

La littérature est multilingue. Mais comment ? Le prochain numéro de Variations se consacrera à cette question portant sur les dimensions du pluriel, de l’hétérogénéité, de la polyvalence de la langue littéraire, dans une perspective comparatiste et multilingue telle que l’est la revue elle-même.

Le polylinguisme offre toujours la possibilité de procéder à une double entrée dans le champ de la littérature. D’une part, on pénètre dans les espaces historiquement et socialement connotés que sont les différentes formes de conscience et pratiques linguistiques : langues nationales et artistiques, idiomes vs. langues écrites, dialectes, langages scientifiques et techniques, parlers propres à un pays comme l’argot et le verlan en France ou surzhyk en Ukraine, des langues hybrides ou componentielles comme le Yiddish – tous laissent leurs traces dans les textes littéraires. Il peut s’agir à ce propos de changements linguistiques ou d’évolutions de langue fortement marqués, mais aussi de formes subtiles, voire subversives de mélanges linguistiques en tant que phénomènes culturels tels que hybridité, créolisation, bricolage, ambiguïté, transformation ainsi que la réflexion à leur égard.

En même temps, le polylinguisme vise à une autonomie langagière radicale. Bakhtine parle dans ce contexte d’un « dépassement immanent du langage dans la poésie ». S’associent, dans l’objet esthétique, la multiplicité et une forme spécifique d’unité ou d’unicité linguistique. Ainsi, polylinguisme littéraire renvoie aussi à l’attention particulière que l’on porte à la concordance de différentes fonctions linguistiques et poétiques. Figures rhétoriques, équivalences métriques, spécificité de la langue quant au genre littéraire, etc. peuvent être comprises comme autant de possibilités de représenter « la dialogisation intérieure du discours » et d’appliquer, de traduire diversité discursive sous forme poétique.

Variations 22 entend étudier la relation entre ces deux aspects du polylinguisme littéraire et réunir

des contributions réfléchissant sur la zone de tension relevant des différentes approches, pour les mettre en dialogue. Le sujet sera abordé à partir d’analyses de textes, selon différentes perspectives de recherche (esthétique, philosophie du langage, histoire littéraire et culturelle, linguistique, etc.). Compte tenu des écarts possibles dans le domaine de la recherche sur le polylinguisme, on aura de plus intérêt à inscrire le sujet dans l’horizon de sa discipline et de la méthodologie choisie.

Les personnes intéressées sont priées de faire parvenir une proposition d’article (300–400 mots) accompagnée d’une brève bio-bibliographie jusqu’au 30 novembre 2013 à l’adresse suivante : variations@rom.uzh.ch. Les contributions (32’000 signes au maximum, notes et espaces compris) peuvent être rédigées en français, en allemand ou en anglais. Le délai de remise des textes est fixé au 30 avril 2014 (après l’accord de principe de la rédaction qui interviendra en décembre 2013). Comme dans les numéros précédents, des textes de création (poèmes, nouvelles, traductions, etc.) ainsi que des contributions artistiques (dessins, photographies, collages, etc.) peuvent être envoyés à la rédaction sans qu’il y ait forcément de lien avec le thème du numéro.