Questions de société

"Valérie Pécresse prépare le recul gouvernemental"(Libération, 28/02)

Publié le par Florian Pennanech

Université. La ministre a reçu trois syndicats vendredi.

SYLVESTRE HUET

Valérie Pécresse a beaucoup reçu vendredi à son ministère. Dès potron-minet, le bureau de la Conférence des présidents d'université (CPU), dirigé par Lionel Collet. Puis trois syndicats - Sgen-CFDT, Unsa éducation et AutonomeSup. Une négociation pour une sortie de crise ? Pas tout à fait, puisque les acteurs principaux de la mobilisation universitaire à l'origine de ces rencontres - Sauvons l'Université, Sauvons la recherche, le Snesup-FSU, Qualité de la science française, sans parler des inorganisés coordinations universitaires - n'ont pas été conviés ou ont refusé l'invitation en récusant un ordre du jour trop restrictif.

Courant. Cet ordre du jour était limité à un seul point : sur quelles bases réécrire le décret sur le statut des universitaires ? Avec les présidents d'université, le courant est passé, mais la discussion n'est pas close. «Aujourd'hui, c'est une première étape qui ouvre les discussions, qui les prolonge», a déclaré Lionel Collet à l'issue de cette réunion. «Nous aurons d'autres rencontres en début de semaine prochaine», a-t-il ajouté.

Avec les trois syndicats, ce fut plus long, mais plus conclusif puisque cela déboucha, en fin d'après-midi, sur un accord quant aux «principes» de ce nouveau statut. Nulle surprise, il s'agit de la mise en musique du recul acté par François Fillon mercredi. Le texte réaffirme donc les principes constitutionnels d'indépendance et de liberté des universitaires, prévoit une évaluation tous les quatre ans par le Conseil national des universités. Il définit un service de référence et prévoit sa modulation par les présidents d'université qui «ne peut être mise en oeuvre sans l'accord de l'intéressé». Une réunion mardi devrait s'attaquer à l'écriture du décret lui-même.

Ce recul suffira-t-il à faire cesser la contestation ? C'est l'espoir de Valérie Pécresse et de François Fillon. Le Snesup a pris acte du «succès» obtenu sur le statut des universitaires tout en moquant une «mise en scène» avec «des organisations complaisantes» dont l'objectif est d'éviter de montrer l'origine de ce retrait du texte initial : les grèves et les manifestations. Surtout, le Snesup-FSU souligne que «le compte n'y est pas au regard du socle revendicatif porté par la mobilisation. Le refus du gouvernement d'apporter des réponses précises et chiffrées sur l'emploi statutaire», en particulier dans la recherche, et «sur le dossier central de la formation des enseignants - incluant le moment et les contenus de concours -, sur la revitalisation des organismes de recherche… appelle l'intensification des initiatives de grève et de manifestations, en particulier les 5 et 11 mars prochains».

Souffle. Si au ministère comme chez les acteurs de ce mouvement inédit on s'attend à une semaine encore chargée en initiatives diverses - cours publics, débats, manifestations locales jeudi -, tout le monde s'accorde pour voir dans la semaine du 9 mars le vrai test. Si le mouvement trouve un second souffle, le gouvernement devra reculer de nouveau. S'il s'étiole, le pouvoir aura certes payé un prix non négligeable mais sauvé l'essentiel de son projet.