Collectif
Nouvelle parution
V. Radulescu, L. Rossion, M. Tilea (dir.), Les brouillons sur soi. Lectures génétiques & poïétiques

V. Radulescu, L. Rossion, M. Tilea (dir.), Les brouillons sur soi. Lectures génétiques & poïétiques

Publié le par Marion Moreau (Source : Monica Tilea)

Les brouillons sur soi. Lectures génétiques & poïétiques

Sous la direction de Valentina Radulescu, Laurent Rossion et Monica Tilea.

Craiova : Éditions Universitaria, 2010.

294 p.

EAN : 9786065109872.

Présentation des éditeurs :

Du 5 au 7 novembre 2009 ont eu lieu, àl'Université de Craiova, les travaux du Colloque international Étudesfrancophones. Les brouillons sur soi. Génétique / Poïétique. Le colloque a été organisépar l'Université de Craiova, les Archives et Musée de la Littérature deBruxelles et le réseau de recherche res*,dans le cadre du Projet bilatéral de recherche entre l'Université de Craiova etles aml de Bruxelles :« Recherches sur les francophonies européennes : analyse génétiquedes textes – approche poïétique / poétique » (2008-2010), projet financépar l'Agence nationale pour la Recherche scientifique de Roumanie.

Le présent volume est le résultat desinterventions et des débats qui ont tenté, lors de ce colloque, de rapprocherdeux visées critiques sur la littérature, méthodes essentielles pour comprendrele parcours d'une oeuvre et les mécanismes de sa création, méthodes qui, toutesdeux, visent l'écriture comme devenir : la critique génétique et lapoïétique.

La critique génétique est aujourd'hui l'un deschamps les plus dynamiques et les plus productifs de la critique littéraire.L'existence d'un vaste ensemble de documents, souvent inexplorés, permet dereconstruire la création d'une oeuvre, ce qui constitue un champ de recherchefascinant pour les spécialistes.

Par ailleurs, la poïétique, pratique ducomportement auctorial, de la relation de l'écrivain avec l'oeuvre en train dese faire, aide à retracer le processus d'instauration d'une oeuvre.

C'est pourquoi la première section « Lecours de l'écriture » propose des réflexions sur les perspectives communesdes deux approches.

L'analyse des divers avant-textes et destémoins de l'aventure scripturaire de la première leçon du « Cours depoétique » de Paul Valéry conduit Christina Vogel à repérer les traitsdistinctifs de la méthode valéryenne : une méthode dont l'essentiel résidedans l'exercice du pouvoir de l'esprit, une démarche intellectuelle capabled'identifier et de comprendre les principes de création des oeuvres de l'esprit.

En suivant le sillonnement de l'écriturecioranienne, Dumitra Baron conjugue les méthodes génétiques et poïétiques pourdégager les enjeux des aspects techniques de l'instauration de l'oeuvre ainsique les métamorphoses du moi scriptural régies par la « philosophie dupapillon ».

Nicolas Cavaillès se penche sur la genèseenvisagée comme détournement des « visées » poïétiques qu'ellemanifeste. À partir des quelques pages consacrées par Cioran à Dostoïevski dansson Histoire et Utopie, la démarcheanalytique de Nicolas Cavaillès met en évidence une relation complexe et(encore) problématique entre poïétique et génétique textuelle.

Les difficultés du faire de l'oeuvre proustienne sont examinées par Loredana Hărăbordans la perspective de deux oppositions majeures auxquelles Proust estconstamment confronté : la pression du temps, due à la gravité de samaladie, et l'étendue de la matière fictionnelle à organiser.

Cecilia Condei s'intéresse aux formesénonciatives des « pré-visions » textualisantes identifiées dansl'espace discursif des avant-textes de deux récits de Panaït Istrati, dans lebut de comprendre la genèse énonciative des textes étudiés.

La seconde section se penche sur des« Tours et détours classiques » où il importe de suivre pas à pas uneforme de méthode d'écriture.

Camelia Manolescu étudie ainsi la méthodeflaubertienne telle qu'elle se définit dans les pages de la Correspondance de Flaubert. La Correspondance est comprise comme guidepour la compréhension du comportement auctorial ou des métamorphoses de laforme et de l'espace romanesque.

L'analyse de l'avant texte balzacien permet àGleya Maatallah de reconstituer les étapes d'un travail créateur qui penduleentre la joie supérieure et la douleur de l'enfantement, en passant, au niveautextuel, par la pléthore, l'hybridation et l'inachèvement.

Les Carnetsd'Albert Camus qui, en tant que documents poïétiques, permettent ledéchiffrement du devenir de l'oeuvre de fiction, attirent l'attention de IoanLascu. Sont examinés, conjointement, des aspects de la genèse de quelquestextes camusiens majeurs, ainsi que de la formation de la personnalité del'écrivain.

Le prométhéisme comme forme de dégénérationnihiliste de l'impiété est la zone de recherche privilégiée par AntonioRinaldis. Son étude suit l'évolution de ce concept, dans une perspectivecomparatiste, de l'Antiquité jusqu'au xxesiècle.

Cristiana Bulgaru Teşculă consacre une analysedétaillée à la construction des images de la représentation onirique dans Les songes et les sorts de MargueriteYourcenar. Sa recherche se focalise sur l'élément aquatique, véritable noyau dela configuration circulaire ou labyrinthique du paysage citadin.

Le devenir du texte du roman Tempo di Roma d'Alexis Curvers préoccupeMaria Tronea, qui s'attarde sur les dimensions poétiques, poïétique etesthétique du paratexte et du texte de l'oeuvre analysée.

Matériaux à valeur génétique (AlmuthGrésillon) ou poïétique (Irina Mavrodin), les documents qui accompagnentl'avènement d'une oeuvre : interviews, entretiens, conférences, journaux,etc., s'avèrent être très féconds lorsqu'il s'agit de la reconstitution duprocessus créateur, de la mise en relief des mécanismes de l'écriture.

C'est ce que les auteurs de la section« L'auteur, autour de l'oeuvre » essaient de montrer à travers leursétudes.

En effet, Ela Vălimareanu propose uninventaire des principes de l'écriture perecquienne à partir d'une suite dedocuments où Pérec parle de la fabrication de son oeuvre. À son tour, IlonaBalázs entreprend une étude des entretiens de Jean-Philippe Toussaint pourreconstituer la genèse de La salle debain, tout en tenant compte des possibles mystifications que pourraitprovoquer l'écart temporel entre le faireproprement dit et les interviews qui le prennent pour sujet. En prospectantl'espace virtuel à la recherche des confessions d'Amélie Nothomb, CristianaTeodorescu se situe au seuil du laboratoire de la création pour déchiffrer lecomment de l'écriture propre à la prolifique romancière.

Grâce au concours des Archives & Musée dela Littérature et à leurs collections de manuscrits, des études consacrées à lagenèse du roman La chronique du cygnede Paul Willems approfondissent les débats dans la dernière section du volume,« Parcours d'un texte ». Ce roman, et les archives littéraires qui leconcernent, est présenté et problématisé par Laurent Rossion en partant del'expérience d'un lecteur novice, avant de rejoindre une analyse du manuscriten tant qu'oeuvre littéraire lui-même.

Valentina Rădulescu étudie, dans uneperspective poïétique, les « Notes » du roman La chronique du cygne de Paul Willems afin de montrer quel'avant-texte est un espace stratégique qui fournit des clés de lecture sanstoutefois lever toutes les ambiguïtés du texte définitif.

Enfin, si Monica Tileapoursuit une étude de la citation en acte dans La chronique du cygne en mettant en relation le texte final duroman avec le manuscrit de la Conférencesur les origines de La chronique du cygne (Cologne 10 mai 1984) et les« Notes » du roman, Alina Ţenescu invite à une incursion dansl'atelier de l'écrivain et suit les traces de l'instauration de l'oeuvre dans lemanuscrit du même roman pour identifier les stratégies qui gèrent la créationde Paul Willems.