Questions de société
«V. Pécresse, sciences humaines et sociales, et

«V. Pécresse, sciences humaines et sociales, et "bunkérisation"» (science21 - 06/06/09)

Publié le par Bérenger Boulay

La Science au XXI Siècle

Blog international du Collectif « Indépendance des Chercheurs » (France)

Valérie Pécresse, sciences humaines et sociales, et « bunkérisation »

http://science21.blogs.courrierinternational.com/archive/2009/06/06/valerie-pecresse-sciences-humaines-et-sociales-et-bunkerisat.html

Le 6 juin, les médias commentent encore les déclarationsde Valérie Pécresse faisant état d'un projet de création d'un HautConseil aux Sciences Sociales et aux Humanités, après avoir étendu auxsciences humaines les activités de l'Agence Nationale de la Recherche (ANR) au détriment des compétences du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS).La ministre déclare également travailler à la structuration à partir duCNRS d'un institut pour les sciences humaines et sociales, nouvelleétape dans la dislocation du Centre. Pour Valérie Pécresse, ils'agirait d'un décloisonnement de la discipline, mais dans la réalitéil semble plutôt s'agir d'un processus accéléré de soumission dessciences humaines et sociales aux grands intérêts privés. A cet égard,la création aumême moment d'un laboratoire commun CNRS - Microsoft dans le cadred'une chaire à l'Ecole Polytechnique paraît fort parlante. Il en est demême du processus de privatisation des universités publiques, que vientde dénoncer une nouvelle fois la Coordination Nationale desUniversités. Le 6 juin également, la Coordination Nationale Formationdes Enseignants (CNFDE) se réunità Paris dans un contexte de passage en force de la part de XavierDarcos et Valérie Pécresse. Les enjeux citoyens de cette situationglobale nous semblent dépasser de loin les exposés trop autocensurésdes coordinations à l'adresse de la population.

Valérie Pécresse déclare vouloir « mettre des sciences humaines partout et ne pas les "bunkeriser" ». Mais les Sciences Humaines et Sociales seraient-elle dans un « bunker » au CNRS ?

Ilsemble plutôt que le danger de « bunker » pour la recherche publiquefrançaise résiderait dans une soumission de cette recherche auxintérêts privés et au lobbying.

En quoi consistera la « structuration » de l'Institut National des Sciences Humaines et Sociales (INSHS) du CNRS récemment créé dans le cadre de la « restructuration » du Centre ?

A la « restructuration » succédera encore, semble-t-il, une « structuration ». Avec quel objectif ?

Toutporte à craindre qu'il ne s'agisse d'un pas de plus vers ledémembrement du CNRS. Et quel sera le rôle du « Haut Conseil » envisagépar Valérie Pécresse ? Les Sciences Humaines et Sociales du CNRS et desuniversités publiques, tomberont-elles à terme sous la coupe des «élites gestionnaires » par le biais de l'ENA, de Sciences Po, del'IFRI, voire même des HEC... ?

Au même moment, en Grèce, une pétitionappelle à soutenir le Centre National de Recherche en Sciences Sociales(EKKE), menacé de fermeture dans un contexte de compression des moyensde la recherche publique.

Qu'il s'agisse de laCoordination Nationale des Laboratoires en Lutte (CNLL), de laCoordination Nationale des Universités ou de la CNFDE, on constate, surle fond, une grande communauté thématique dans les problèmes abordés.

Larecherche scientifique publique a pour mission primordiale de fourniraux citoyens des études souveraines, et indépendantes des intérêtsprivés, dans tous les domaines du savoir et tout particulièrementpartout où l'intérêt général peut se trouver mis en cause.L'enseignement supérieur et l'éducation nationale sont investis defonctions analogues dans leurs domaines de compétence respectifs.

C'estpourquoi l'indépendance des agents de ces services constitue unecondition essentielle pour l'exercice de leurs missionsinstitutionnelles. Les droits des citoyens deviennent fictifs sans unerecherche, une information scientifique et une éducation indépendantes.C'est vrai pour toutes les disciplines, sciences humaines et socialescomprises.

C'est également pourquoi l'association directe desservices publics de la recherche et de l'éducation avec desreprésentants des grands intérêts privés, tels que des grandesmultinationales comme Microsoft dans le cas du CNRS, paraîtfondamentalement contraire à la vocation de ces services.

Rappelonsque les contrats de droit privé permettent de faire barrage, notamment,à la liberté statutaire de publication des résultats des chercheurs.

Depuisquelques années, l'indépendance de la recherche et de l'éducationpubliques françaises, ainsi que de leurs personnels, est de plus enplus ouvertement mise en cause. Par ce biais, c'est la souveraineté dupeuple qui se trouve menacée.

Le CNRS doit faire facedepuis deux ans à une véritable offensive de démantèlement accéléré.Avec en perspective, actuellement, un contrat d'objectifs sans budget(séance du Conseil d'Administration du CNRS du 25 juin) et un nouveaudécret portant sur son fonctionnement et son organisation au texteinconnu (réunion du Comité Technique Paritaire du 18 juin).

Lesannonces récentes de Valérie Pécresse et des dirigeants du CNRSparaissent d'autant plus inquiétantes que, s'agissant des Sciences duVivant, de l'Informatique ou des Sciences de l'Homme et de la Société,elles ressemblent à une recherche de partenaires, notamment privés, àqui confier à terme les différents morceaux d'un CNRS en cours dedémembrement.

La logique de base étant, de manière récurrente,celle de l'asservissement du travail intellectuel et de la primautéhiérarchique et sociale de l'argent et de la « gestion » sur letravail. En clair, la même logique qui a déjà conduit auxdélocalisations et à l'actuelle crise économique.

Et quelles seront les conséquences de l'entrée en application du Traité de Lisbonne ?

La situation n'est pas différente pour les autres organismes publics de recherche, qui se trouvent exposés aux mêmes menaces.

Deson côté, la situation dans les domaines de l'enseignement supérieur etde la formation des enseignants n'est pas pas plus rassurante. Leprocessus de privatisation de l'enseignement supérieur et del'éducation nationale s'accélère également.

La CNFDE dénonce (ANNEXE 1)la course de Xavier Darcos pour publier le plus rapidement, sansconcertation préalable, les décrets sur le recrutement des enseignants.

La Coordination Nationale des Universités a également dénoncé (ANNEXE 2)cette politique et souligné la mise en concurrence d'universités etpersonnels, ainsi que la précarisation de ces derniers, par desméthodes de « management » empruntées au secteur privé.

Cettepolitique n'est en rien différente de celle appliquée dans le domainede la Santé et dans l'ensemble des services publics. Elle correspond àla stratégie de privatisation et de suppression de fait de ces servicesimposée par l'Union Européenne et l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC), notamment via l'Accord Général sur le Commerce des Services (AGCS)et les recommandations de l'OCDE. Telle est la véritable situation quine cesse de s'aggraver, et qu'il est de plus en plus impératifd'exposer sans ambiguïté à l'ensemble des citoyens, que cela plaise ounon aux partis politiques.

Voir aussi nos articles :

Le CNRS, acquis de la Libération

L'ANR se substituera-t-elle au CNRS ? (I)

L'ANR se substituera-t-elle au CNRS ? (II)

L'ANR se substituera-t-elle au CNRS ? (III)

CNRS, Bilderberg, Trilatérale... et faillite de l'idéologie « gestionnaire » (I)

CNRS, INSERM, Biologie et rapport Godet (II)

Lettre aux personnels de la Recherche et de l'Enseignement Supérieur (I)

Lettre aux personnels de la Recherche et de l'Enseignement Supérieur (II)

CNRS, INRIA, Microsoft et privatisation de la recherche française (I)

Indépendance des Chercheurs

http://www.geocities.com/indep_chercheurs

http://fr.blog.360.yahoo.com/indep_chercheurs

http://science21.blogs.courrierinternational.com

Groupes de discussion :

http://groups.yahoo.com/group/problemes_des_scientifiques

http://groups.yahoo.com/group/combatconnaissance

ANNEXE 1 - Communiqué du 2 juin de la CNFDE

http://universitesenlutte.wordpress.com/2009/06/02/reunio...

Coordination Nationale Formation des Enseignants (CNFDE)

COMMUNIQUÉ

Réunion nationale du samedi 6 juin à Paris : une étape décisive

Tandisque le ministre de l'éducation nationale persiste dans sa tentative depublication des décrets réformant le recrutement des enseignants, detrès nombreuses voix s'élèvent pour exiger l'arrêt immédiat de ceprocessus, incompatible avec la tenue de « groupes de travail » et lestravaux de la commission dite « de concertation » Marois-Filâtre. C'estce que demandent, avec la plupart des syndicats, la CDIUFM, la CDUS(directeurs d'UFR scientifiques), la CDUL (directeurs d'UFR de Lettreset Sciences humaines), les directeurs des ENS, etc. La CPU va jusqu'àmenacer de saborder la commission Marois-Filâtre si le gouvernement neretire pas très vite de ces décrets les dispositions ayant une portéepermanente. Ces déclarations et leur ton montrent que, malgrél'abstention du SNES et le refus de vote du SNEP au CTPMEN du 28 mai,il est encore possible d'empêcher le coup de force réglementaire deXavier Darcos.

Dans ce contexte, la quatrième réunion de laCoordination Nationale Formation Des Enseignants, samedi 6 juin àParis, sera une étape décisive dans l'action pour défendre uneformation des enseignants et des CPE de qualité. Elle devra faire lepoint sur :

  • – les décrets que le ministère voudrait promulguer ;
  • -les informations données au sein des « Groupes de travail », quiprécisent le tableau de la situation, les positions des syndicats, la «commission de concertation » Marois-Filâtre, les « États Généraux »,etc. ;
  • – les journées de réflexion organisées par diverscollectifs et leurs prolongements, la mobilisation et l'état d'espritdes formateurs, des stagiaires et des étudiants ;
  • – plus généralement, le rapport des forces un an après l'annonce du projet de réforme.

Elledevra décider des actions que la gravité de la situation actuelle rendnécessaires avant la fin de l'année universitaire afin
d'obtenir lemaintien des plans et des conditions de formation actuels pour leslauréats des concours 2010, comme nous le demandons depuis la dernièrecoordination (du 4 avril), et l'arrêt du processus réglementaire lancépar le gouvernement. Elle aura à envisager comment se poursuivra lemouvement dès les premiers jours de la prochaine rentrée.

Lacoordination se réunira de 9 h 30 à 16 h 30 dans les locaux del'université Sorbonne Nouvelle (Paris 3), site de Censier (13, rue deSanteuil, Paris 5e, métro Censier-Daubenton, ligne 7).

Le secrétariat de la CNFDE, mardi 2 juin 2009

(fin du communiqué de la CNFDE)

ANNEXE 2 - Motions et communiqués de la 11e Coordination nationale des universités

11e Coordination nationale des universités

Paris 13 – Villetaneuse

La 11eCoordination nationale des Universités, qui s'est tenue le 3 juin 2009à l'Université Paris 13, a rassemblé 31 établissements (universités etorganismes) et 7 organisations (sociétés savantes, associations etsyndicats). L'intervention d'une représentante de la coordinationnationale des comités de défense des hôpitaux et maternités deproximité a permis de souligner la similitude entre les réformes quiaffectent l'ensemble du service public, ainsi que la nécessité derenforcer la convergence des mobilisations.

Motion « Mastérisation »

Ignorantles oppositions fortes qui se sont exprimées depuis plusieurs mois, legouvernement précipite son projet de réforme du recrutement et de laformation des enseignants du premier et du second degré. Se jouant dela commission de concertation Marois-Filâtre qu'il avait lui-même miseen place, il a fait adopter, dès le 28 mai, en Comité TechniqueParitaire Ministériel de l'Éducation Nationale, un arsenal de décretsdétaillant les dispositions transitoires et permanentes concernant lesconditions de candidature aux concours et de nomination commefonctionnaire stagiaire. Il rend caducs les travaux de la commission,en fixant de fait le calendrier des concours.

Ce nouveaumanquement au processus démocratique de décision, inspiré par desstratégies cyniques, qui a entraîné les réactions indignées dessyndicats, des collectifs, de la CNU, et même de la CPU et desdirecteurs des Écoles Normales Supérieures et des IUFM, montre que,pour cette réforme aussi, la volonté de concertation affichée par legouvernement n'est qu'une façade.

Nous déplorons l'abstention dela FSU et du Syndicat Autonome, lors du Comité Technique Paritaire du28 mai 2009. La CNU appelle à l'unanimité que tous les syndicats votentcontre les décrets lors du Conseil Supérieur de la Fonction Publiqued'État du 12 juin 2009.

Nous réaffirmons notre opposition à cette réforme qui entraîne notamment :

- l'affaiblissement de la formation disciplinaire et pédagogique des futurs enseignants ;

- la mise en danger des masters recherche dans la plupart des disciplines ;<:p>

- l'allongement d'un an de la formation non rémunérée des futurs enseignants ;

- la remise en cause du caractère national du recrutement par concours ;

-la création d'une catégorie des « reçus-collés » (étudiants quiauraient obtenu leur master mais échoué au concours), quiinstitutionnalisera la précarité, présageant du démantèlement duservice public d'enseignement.

Nous appelons les personnels etles composantes à une réponse collective, en multipliant les pointsd'accord entre UFR et IUFM. Comme cette année, nous appelons à lanon-remise des maquettes des masters "métiers de l'enseignement". Fortsde notre action commune, nous refusons de collaborer à cette réformeque nous jugeons néfaste pour l'avenir de l'éducation.

Motion « Statuts »

LaCoordination Nationale des Universités (CNU) s'oppose à la destructiondu service public de l'enseignement supérieur et de la recherche parl'instauration d'une mise en concurrence des personnels de toutescatégories et des établissements d'éducation et de recherche,préjudiciable à l'action collective au service du savoir et desétudiants.

Elle récuse la réorganisation du ministère del'Enseignement Supérieur et de la Recherche, l'introduction des règlesde management issues du domaine privé et de critères de rentabilitédans l'enseignement supérieur et la recherche, la précarisationsystématisée des doctorants par le contrat doctoral unique, lamodulation des services instituée par le décret relatif au statut desenseignants-chercheurs, l'approche quantitative de l'activité derecherche, la modulation des rémunérations et les contrats d'objectifsimposés aux personnels BIATOSS et ITA, la multiplication croissante etchronophage des procédures bureaucratiques de contrôle et de demande definancement au détriment de l'activité de tous les personnels del'Université et des organismes. La CNU dénonce la logique qui animel'ensemble des réformes relatives aux statuts de la Fonction publique,dans un mépris total des principes qui régissent les biens publics,comme le savoir ou la santé.

La mission humaniste del'enseignement supérieur et de la recherche réside dans l'élaborationde la connaissance et la transmission du savoir.

Cette missionest menacée par une définition du temps de travail desenseignants-chercheurs qui ignore délibérément le temps nécessairementconsacré à la culture, à la réflexion et au renouvellement des savoirsdisciplinaires. Elle nécessite une indépendance effective desenseignants-chercheurs, qui doivent pouvoir développer sereinement etlibrement leurs activités, sans être soumis à une logique productivistedépourvue de sens en matière d'enseignement et de recherche. Son bonaccomplissement est incompatible avec la possibilité d'augmenter lescharges de service au détriment de l'activité de recherche, ainsiqu'avec l'évaluation de la recherche en termes de résultatsquantitatifs.

La mission de service public est incompatible avecla vision purement économiste, baptisée « culture du résultat » etimposée à l'ensemble des personnels. Elle est en opposition avec unemission de service public rendu équitablement à tous. Dans un contextede raréfaction budgétaire et de répartition des moyens à la performanceet à l'activité, la mise en concurrence des agents et des services nepeut que nuire à l'égalité d'accès au savoir sur tout le territoire età l'intégrité des services. La CNU dénonce plus largement les réformescoordonnées par la Révision Générale des Politiques Publiques,inspirées par une rentabilité à court terme indifférente aux enjeux desociété.

En conséquence, la CNU continue d'exiger le retrait del'ensemble des réformes destructrices de l'enseignement supérieur et dela recherche. Elle réclame l'abrogation de la loi LRU, des décretsrelatifs au statut des enseignants-chercheurs, au contrat doctoralunique, au statut des fonctionnaires publics d'État et à larémunération à la performance, la cessation du processusd'externalisation des tâches administratives et techniques, larestitution des postes supprimés en 2009 et une création massived'emplois dans l'enseignement supérieur et la recherche publics.

Motion « Postes et Moyens »

L'annoncefaite par Valérie Pécresse, le 26 mai dernier, de ne supprimer aucunemploi d'enseignant et/ou chercheur en 2010 et en 2011 dans lesuniversités et dans les organismes de recherche ne constitue pas uneréponse à la crise que traversent actuellement l'Université et laRecherche publiques, d'autant qu'elle a annoncé, à plusieurs reprises,que des postes de BIATOSS de catégorie C seraient, eux, supprimés. Parson refus de mettre en place un plan pluriannuel de création d'emploiset du fait des incertitudes qui continuent à peser sur le nouveausystème d'allocation des moyens à la performance et à l'activité, legouvernement marque sa volonté délibérée de poursuivre une politiquequi vise à affaiblir l'Université, en l'appauvrissant. Il n'apporte pasplus de réponse sur la question de l'amélioration du statut étudiant,alors que les difficultés sociales et économiques constituent l'une desprincipales causes d'échec dans l'enseignement supérieur.

Seulun véritable engagement financier de l'État, en direction desétablissements et des étudiants, est susceptible d'assurer lerattrapage des moyens alloués aux étudiants d'université, notoirementinsuffisants par rapport aux autres filières de l'enseignementsupérieur. De ce point de vue, la mise en place de prêts étudiants,l'augmentation des frais d'inscription ou le recours aux fonds privés,si souvent évoqués, ne sont que de fausses solutions, aussi dangereusesqu'inefficaces, qui ne feront qu'accroître les inégalités entreétablissements et entre étudiants.

L'annonce du 26 mai 2009 nemet pas non plus un coup d'arrêt à la casse des organismes publics derecherche. En la matière, la communauté universitaire et scientifiques'alarme du mouvement de « désumérisation » qui affecte nombre d'unitésmixtes de recherche (UMR) ; ce mouvement, qui se poursuit dans l'ombre,sans aucune transparence sur son ampleur et sur les critères dedécision utilisés par l'administration, participe de l'affaiblissementdu lien entre enseignement supérieur et recherche, qui a fait jusqu'àprésent la force du système français. Il s'appuie sur une stratégie dedivision des différents acteurs de l'Enseignement Supérieur et de laRecherche, en promettant aux uns les dépouilles des autres. Nous savonsque personne ne gagne à de tels calculs cyniques.

Notredétermination à défendre simultanément l'Université et les Organismesde recherche dans le cadre d'un service public de l'EnseignementSupérieur et de la Recherche, fondé sur les principes de laïcité etd'indépendance à l'égard des pouvoirs économiques, politiques etreligieux, reste entière.

Motion « Actions »

Après17 semaines de grève dans l'Enseignement Supérieur et la Recherche, legouvernement reste sourd aux revendications légitimes des personnels etdes étudiants. Maniant la démagogie, les provocations, les menaces etla désinformation, il a instrumentalisé la question des examens et dela validation de l'année universitaire pour mieux occulter lesrevendications fondamentales de notre mouvement : la défense et lerenforcement d'un véritable service public de l'Enseignement Supérieuret de la Recherche. Nous avons démontré notre capacité à préserver lesintérêts des étudiants d'aujourd'hui sans sacrifier les étudiants dedemain.

Conscients de ces temporalités multiples et du caractèrestructurel des réformes qui nous sont imposées, nous sommes aujourd'huiplus déterminés que jamais à poursuivre notre combat dès maintenant etdans la durée.

Nous pouvons pour cela nous appuyer sur uneconscience collective forte des enjeux, ainsi que sur des réseaux desolidarité qui se sont constitués depuis le début de notre mouvementaux échelles locales, académiques et nationales, et qui trouventaujourd'hui des résonances au niveau européen.

Cetteconstruction d'une identité collective, intercatégorielle etinterdisciplinaire, dans nos pratiques pédagogiques et scientifiques etdans les actions et les débats de fond que nous menons, constitue defait une salutaire réappropriation de l'Université. Elle s'élève déjàcontre les logiques d'autoritarisme ministériel et de soumission auxforces économiques qui se cachent derrière la rhétorique del'autonomie. Le mouvement continue !

La 11e CNU apporte son plein soutien à toutes les initiatives locales qui s'inscrivent dans notre combat collectif.

Par ailleurs, s'agissant de la mastérisation, elle appelle :
* la communauté universitaire à ne pas élaborer les maquettes et/ou à ne pas les faire remonter ;
* les syndicats à voter contre les décrets présentés au ConseilSupérieur de la Fonction Publique d'État du 12 juin 2009 et tous lesmembres de la Commission Marois-Filâtre à s'en retirer ;
* àdiffuser auprès des enseignants du primaire et du secondaire une lettreouverte, qui sera écrite par les porte-parole de la CNU.

S'agissant des statuts, elle appelle :
* à faire voter par les Conseils d'administration des établissements unengagement à ne pas mettre en place la modulation des services, lesentretiens professionnels et les chaires d'excellence ; à signer lapétition ( http://www.jussieu.ras.eu.org/entretiens ) ;
* lesmembres du Conseil National des Universités à refuser de procéder àl'évaluation de leurs collègues dans le cadre de la modulation deservice ;
* les personnels de toute catégorie à refuser de façoncoordonnée tout travail supplémentaire non pris en considération, dèslors qu'il ne correspond pas à une décharge ou qu'il n'est pas rémunéré;
* à refuser d'assurer les heures complémentaires au-delà de 192heures équivalent TD ; à établir lors des pré-rentrées un bilan despostes manquants et de l'emploi précaire et à mener une campagne sur cesujet ;
* à refuser les mesures régressives du nouveau contratdoctoral et à maintenir les tâches des doctorants dans les domainesexclusifs de la recherche et de l'enseignement.

Elle appelle en outre à participer à :
* la ronde infinie des obstinés de midi à minuit, organisée du 2 au 6 juin à Paris et en province.
* la Marche de tous les savoirs, à l'initiative de SLR, le 4 juin ;
* la 4e réunion de la Coordination nationale des BIATOSS et ITA et à la4e réunion de la Coordination nationale de la Formation desEnseignants, le 6 juin ;
* une campagne de renvoi des bulletins devote inutilisés aux candidats aux élections européennes, avec lamention « Universitaires en Colère », le 7 juin ;
* la 4e réunion de la Coordination nationale des Laboratoires en Lutte, le 9 juin ;
* la nuit des universités organisée à Paris 8 Vincennes—St-Denis, le 12 juin ;
* la manifestation unitaire à l'initiative des confédérations syndicales, le 13 juin ;
* la ronde des obstinés des 24h du Mans, le 13 juin ;
* la rencontre que la Coordination Nationale des Laboratoires en Luttese propose d'organiser à Paris le 24 juin, à l'occasion de la tenue duConseil d'administration du CNRS au CERN (Lausanne, Suisse) ;
* la distribution de tracts lors des épreuves du baccalauréat et lors des inscriptions des lauréats.

LaCoordination Nationale des Universités invite l'ensemble de lacommunauté universitaire et scientifique à participer aux « Rencontresd'été de la CNU » que l'université Paris 7 organise les 27 et 28 juin2009.

Enfin, les représentants des Universités, associations,sociétés savantes et syndicats réunis ce jour annoncent que la 12eréunion de la Coordination Nationale des Universités se tiendra lemercredi 30 septembre 2009 à l'Université Paris 8.

Autres actions envisagées

Touten soutenant les collègues engagés dans diverses actions locales, commeles démissions des responsabilités administratives et pédagogiques, lerefus de siéger dans les conseils, la rétention des notes et lanon-tenue des jurys, la CNU appelle les personnels à :

- concernant la mastérisation :
o alerter les élus locaux et les inciter à prendre la défense du service public de l'enseignement ;
o sensibiliser les inspecteurs d'académie ;
o organiser des journées de discussion UFR-IUFM ;

- concernant les statuts :
o déposer des recours contre les décrets ;
o se positionner contre la modulation et les entretiens professionnelsdans toutes les instances où ils peuvent siéger (Conseils delaboratoire et d'institut, Conseils d'administration, ComitésTechniques Paritaires, Commissions Administratives Paritaires, Conseilsd'UFR et de département…) ;
o demander tous une modulation à labaisse et à contester la décision en cas de refus, si l'établissement amis en place des possibilités de modulation de service ;
o refuserla mise en place des entretiens professionnels au sein desétablissements d'enseignement supérieur et de la recherche ;

- de façon plus générale :
o boycotter les jurys du bac ;
o boycotter la vague A des évaluations de l'AERES, en envoyant leur rapport à leur organisme de tutelle et non à l'AERES ;
o boycotter les expertises ANR et les appels d'offres ;
o exiger le report de l'examen par les Conseils d'administration dupassage aux compétences élargies et à organiser des campagnesd'information préalables dans chaque établissement ; elle appelle lesConseils d'administration à refuser le passage aux compétences élargies;
o organiser des consultations locales sur les réformes en cours et à en centraliser les résultats ;
o maintenir et développer les formes alternatives d'enseignement (coursouverts, universités populaires…) comme forme de réappropriation desmissions fondamentales de l'université ;
o demander aux présidentsd'université de banaliser une demi-journée par semaine pour que lamobilisation puisse s'organiser et que puissent se tenir régulièrementdes assemblées générales ;
o constituer un comité de solidarité et de veille sur la répression ;
o créer un réseau européen interuniversitaire ;
o signer la pétition « appel par anticipation à la démission de ClaudeAllègre de son nouveau poste de ministre »;(www.jussieu.ras.eu.org/allegre) ;
o participer aux « Quartiersd'été de l'Université » en organisant des actions à l'occasion desévénements marquants de l'été (festivals, étapes du Tour de France,plages…).

(fin des communiqués et motions de la Coordination Nationale des Universités)