Questions de société
V. Pécresse choisit le bras de fer avec les universitaires en grève (blog de S. Huet, Libération)

V. Pécresse choisit le bras de fer avec les universitaires en grève (blog de S. Huet, Libération)

Publié le par Bérenger Boulay

Blog {science2} de Sylvestre Huet, journaliste à Libération:Valérie Pécresse choisit le bras de fer avec les universitaires en grève

Au deuxième jour de la grève lancée dans les Universités, le gouvernement a clairement décidé de jouer le bras fer jusqu'au bout. [03/02/09]

Valérie Pécresse annonce qu'elle ne négociera aucun aménagement du projet de décret affirmant :"si ce décret était modifié, ce serait extrêmement dommage pour l'université française et pour l'ensemble des chercheurs". Elle a d'ailleurs envoyé le texte de son décret au Conseil d'Etatvendredi pour un examen final. De son côté le premier ministre FrançoisFillon a déclaré : "Il faut que la réforme du statut desenseignants chercheurs voie le jour. Les présidents d'universitédoivent pouvoir recruter librement et arbitrer entre temps de rechercheet temps d'enseignement". Un propos qui vient contredirela déclaration de la Conférence des Présidents d'Université quiconteste l'affirmation selon laquelle ils bénéficieraient de "pouvoirs exorbitants".

Dans les Universités, les signes de mobilisation se multiplient. D'après ma collègue de Libé Lyon l'Université Lyon-3 s'est mise en grève. L'Institut d'Etudes Politiques d'Aix-Marseille continue sa grève. Des A-G ont voté diverses actions, dont la grève, à Toulouse (voir aussi sur LibeToulouse), Lyon, Clermont-Ferrand-2, Lille, Montpellier-3, à Saint-Etienne, Bordeaux-3, Nantes, Troyes, Mulhouse, Rennes-1, Rennes-2, Strasbourg, l'IUTd'Aix-Marseille,Dijon,l'UFR de sciences sociales de l'Université Versailles Saint Quentin,Paris-6, Paris-7, Paris-8, l'UFR d'histoire au Mans, celui de maths àOrsay, plusieurs UFR à Paris-4, Paris-13 etc... Un signe amusant : lesite web de Sauvons l'Universitéconnait quelques ratés car l'explosion de sa fréquentation a contraintses responsables à changer de support. Des sites web locaux ont étécréés (ici celui d'Orsay). De plus en plus de sites de laboratoires et d'Universités sont utilisés pour diffuser l'information (ici un labo de mathématiques de Strabourg). Dans la presse, ce mouvement commence à percer, de nombreux articles dans la presse régionale, un beau portrait d'Olivier Beaud dans Le Monde, le juriste de Paris-2 Assas qui a assassiné (textuellement) le projet de décret du ministère

Aujourd'hui, à 12h, une centaine de chercheurs et d'universitaires ont lancé plusieurs centaines de chaussures dansles jardins du ministère de Valérie Pécresse, en signe de protestationcontre le mépris du gouvernement et du Président de la République àleur égard.

La Coordination nationale réunie hier à la Sorbonne annonce avoir rassemblé 276 délégués et appelle à de nouvelles actions dont une manifestation nationale le mardi 10 février à Paris. L'UNEF vient d'appeler les étudiants à se joindre à cette journée de grève et de manifestation.

Laurence Giavarini (porte parole de SLU) contactée au téléphone me dit que "celaprend, nous avons de nombreuses informations sur des Assembléesgénérales. Les votes de grève se sont multipliés. Des délégationsd'enseignants et d'étudiants auprès des Présidents d'Universitésdemandent l'organisation de journées banalisées, de refuser d'envoyerles maquettes pour les formations d'enseignants au ministère là où lesConseils d'Administrations n'on pas encore voté ce blocage".

La réforme de la formation des enseignants (la "mastérisation")décidée par Valérie Pécresse et Xavier Darcos vient de prendre unnouveau coup dur avec le vote solidaire des conseils d'administrationdes universités de Lyon (1,  2, et 3) et de Saint-Etienne qui refusentd'envoyer au ministère les maquettes des nouveaux masters. Il fautnoter que le Président de Lyon-1, Lionel Collet, est également le président de la Conférence des Présidents d'Université. Le Président de  Paris-4, Georges Molinier,annonce une réunion lundi 9 février à la Sorbonne contre cette réformeet réaffirme son refus d'envoyer les maquettes au ministère.

La ministre a reçu le soutien de l'ancien Président de Paris-4, Jean-Robert Pitte, qui appelle notamment à instaurer la "sélection à l'entrée de l'Université" et à "augmenter les droits d'inscription".

En revanche Martine Aubry, première secrétaire du Parti socialiste, a demandé mardi au gouvernement un "moratoire des réformes engagées et  le gel des suppressions d´emploi dans les universités et la recherche".Le PS "apporte son plein soutien au mouvement en cours", affirment Martine Aubry et Bertrand Monthubert, secrétaire national à l'enseignement supérieur et à la recherche.

Le Parti communiste français a accusé mardi le gouvernement de "tourner le dos aux défis de l'avenir" avec sa politique envers les universités et la recherche, et a demandé "l'abandon sans retour" des réformes de la ministre de l'Enseignement supérieur Valérie Pécresse."L'avenir a besoin de l'indépendance intellectuelle des chercheurs et des universitaires, le pouvoir la bafoue", écrit le PCF dans un communiqué.