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« Utopies/Uchronies »

« Utopies/Uchronies »

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Montpellier III)

Revue Temporalités - Revue de Sciences Sociales et Humaines

Revue Temporalités n° 12 (2010/2)
« Utopies/Uchronies »


Coordonné par Michel Lallement et Jean-Marc Ramos
(CNAM – LISE et IRSA - Université de Montpellier III)

Sur de nombreux registres, en se constituant en genre nouveau, les utopies ont nourri l'imagination collective. Elles ont apporté des réponses religieuses et politiques, stimulé la pensée sociale, servi de modèles de société, inspiré les promoteurs et enhardi les ingénieurs d'un monde nouveau. Dans tous les cas, l'utopie est un objet impossible à saisir en faisant fi du temps et des temporalités. En effet, les utopies peuvent apparaître dans des espaces (discursifs notamment) où la notion du temps est abolie. Elles prennent pourtant nécessairement forme dans des champs où la temporalité s'impose.

Pour être plus exact, comme l'a montré M. Gauchet, les utopies ont-elles-mêmes leur propre historicité. Selon les contextes historiques et socio-politiques, les discours adoptent des formes variables et entretiennent un rapport au temps qui l'est tout autant. Pour cette raison, selon leur condition de production et leur orientation temporelle, les utopies peuvent relever du regret comme du projet. Dans un cas, il s'agit d'une vraie nostalgie qui s'exprime par un retour en arrière, à la recherche d'un passé exemplaire, comme celui du Paradis perdu, de l'Âge d'or ou de l'Atlantide. Dans l'autre, il s'agit d'une forme d'anticipation figurant le lieu idéal, voire d'un projet qui ne mène « Nulle Part ». Contrairement à hier, suggère encore à ce sujet M. Gauchet, les utopies d'aujourd'hui, sont à chercher dans les plis de notre présent. Elles revendiquent une plus grande immanence et instaurent un rapport nouveau, plus immédiat et plus exigeant, aux temporalités.

Contrairement aux idées reçues, la notion d'uchronie n'est pas plus récente, ni même dérivée de l'utopie. Bien avant Charles Renouvier, un grand humaniste du XVIe siècle, Joseph Scaliger, avait conçu le projet de changer le temps, en modifiant les repères chronologiques de l'histoire chrétienne. Ainsi serait née « la volonté de tabula rasa », qui devint par la suite une véritable manie pour marquer la fin d'une période troublée et le début d'une ère nouvelle. La rupture uchronique supposerait donc un « malaise dans la temporalité » dont les signes avant-coureurs sont multiples et qui, dans tous les cas, offriraient, dans le domaine de la raison et de la création, tous les éléments pour déceler les tensions qui marquent l'esprit du temps.

L'objectif de ce numéro est d'établir une cartographie des conceptions des temporalités sous-jacentes à diverses utopies et/ou uchronies, qu'elles soient envisagées séparément ou conjointement. En rassemblant des textes provenant de différentes disciplines, le numéro aura pour vocation de se demander comment les utopies et les uchronies – celles d'hier comme celles d'aujourd'hui – intègrent la question des temporalités. Il s'agit donc de réfléchir aux modalités, enjeux et implications temporels des utopies/uchronies. Trois interrogations majeures structureront plus exactement les contributions attendues :

  • Quels rapports peut-on établir entre les utopies/uchronies et leurs contextes historiques de production ?
  • Quels rapports peut-on établir entre les utopies/uchronies et les conceptions du temps et des temporalités ?
  • Quel a été le destin des utopies/uchronies ? Lesquelles demeurent vivantes et pourquoi ?

Les chercheurs intéressés sont invités à adresser à la revue (francois.theron@uvsq.fr) et aux deux coordinateurs du numéro (michel.lallement@cnam.fr et jean-marc.ramos@univ-montp3.fr) un résumé de leur projet de contribution (5000 signes maximum) avant le 15 septembre 2009.

Calendrier : Réception des propositions (résumés de 5000 signes maximum) : 15 septembre 2009.

  • Réponse des coordinateurs : 15 octobre 2009
  • Réception des articles (50.000 signes maximum) : 15 février 2010
  • Retour des expertises des referees : 15 mars 2010
  • Réception de la version révisée : 15 mai 2010
  • Finalisation du numéro : 15 août 2010
  • Mise en ligne : 15 octobre 2010