Questions de société

"Universités : des budgets en très modeste hausse pour 2011", Ph. Jacqué, "Le Monde", 14/012010

Publié le par Arnaud Welfringer (Source : SLU)

"Universités : des budgets en très modeste hausse pour 2011", par Philippe Jacqué, Le Monde, 14 janvier 2010

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C'est devenu une curieuse habitude. Le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche n'annonce aux universités leur budget de l'année en cours que courant... janvier. En 2010, les établissements avaient dû attendre le 21 janvier ; cette année, Valérie Pécresse l'annonçait ce vendredi 14 janvier. Mais contrairement à l'année dernière, qui avait vu les budgets (hors masse salariale et opérations immobilières) bondir en moyenne de 6 %, l'augmentation moyenne pour 2011 est deux fois moindre : +3 %. Et encore, il s'agit d'une moyenne.

Sur les 80 établissements, 41 universités vont obtenir un coup de pouce de 1,5 %... C'est exactement le taux d'inflation projeté par le gouvernement en 2011. Conséquence, plus de la moitié des universités françaises ne vont en fait pas obtenir d'augmentation de leurs moyens de fonctionnement cette année. Parmi celles-ci, des mastodontes qui ont des besoins très importants de financement : Paris-V, Paris-VI, Strasbourg, les trois d'Aix-Marseille ou de Montpellier, etc.

UNE ANNÉE QUI S'ANNONCE DIFFICILE

D'autres universités voient en revanche leur sort s'améliorer. La palme revient à l'université Pierre-Mendès-France de Grenoble, avec un bond de sa subvention d'Etat de 11,1 %, soit près de 2 millions d'euros en plus. L'université de Reims, avec un bond de sa subvention d'Etat de 9,6 %, soit 2,3 millions en plus. Autres universités voyant leur subvention revue à la hausse de plus de 6 % : Bordeaux-III (+6,6 %), Paris-III (+6,9 %), Toulouse-II (+7 %), Chambéry (+8 %) ou Amiens (+8,3%)...

De manière générale, les universités qui ont obtenu le plus de moyens supplémentaires sont des universités de sciences sociales ou sciences humaines par contraste avec les universités scientifiques ou les pluridisciplinaires. Le ministère annonce qu'il conserve une enveloppe de 20 millions d'euros à distribuer, au gré de renégociations de contrats liant l'Etat aux universités. Concernant plus spécifiquement l'évolution de la subvention pour la "masse salariale" pour les 73 universités qui gèrent désormais la paie de leurs personnels, l'évolution moyenne est de 2,1 %, soit le strict minimum. Enfin, comme les moyens alloués aux laboratoires par les grands organismes de recherche (CNRS, Inserm, etc.) baissent de 10 % à 15 % cette année, 2011 s'annonce particulièrement compliquée pour les gestionnaires des universités.

PLUS DE SUBVENTIONS DIRECTES

Pour faire "passer la pilule", le gouvernement rappelle que depuis 2007, les subventions directes de l'Etat aux budgets des universités ont bondi de 21,9 %, soit la coquette somme de 373 millions d'euros injectés dans le système universitaire. Certains établissements ont vu doubler en quatre ans leur subvention, comme Angers ou Lille-II, d'autres l'ont vu évoluer d'un bon tiers, à l'image de Clermont-Ferrand, Tours, Paris-III ou Paris-V.

Le ministère de l'enseignement supérieur rappelle également que les premiers subsides des 22 milliards d'euros d'investissements d'avenir commenceront à être distribués sous forme de capital et de subvention à dépenser. Ces moyens seront essentiels pour permettre aux universités de poursuivre leur développement. Les premiers résultats pour l'appel d'offres "équipement d'excellence" doivent être annoncés avant la mi-février.