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Événements & colloques
UNIVERSITE POP’/littérature contemporaine : Pierre Michon

UNIVERSITE POP’/littérature contemporaine : Pierre Michon

Publié le par Alexandre Gefen

SEQUENCE 4 :  Pierre Michon
Les vies minuscules  (Gallimard, 1984)

Mercredi 18 janvier 2006
Cours de liaison : « Roman or not roman ? »
par Jean-Claude Pinson, auteur, professeur d’esthétique (Université de Nantes)

Poésie ou roman ? La question n’est pas désuète, malgré la toute-puissance du genre romanesque. Elle n’est pas non plus seulement une question externe de frontière (celle de savoir où passe la ligne de démarcation entre poésie et roman). C’ est une question interne qui travaille le roman lui-même. Car le romancier, dès qu’il est plus qu’un simple scénariste, voit surgir au cœur de son travail ces questions de forme et de prosodie (d’écriture), essentielles à la poésie. S’il y a de bonnes raisons poétiques (mais aussi historiques, politiques…) de vouloir subvertir, contourner, émietter le genre romanesque, il y en a peut-être autant (anthropologiques, esthétiques, éthiques, politiques…) de vouloir le perpétuer et le renouveler. Car, à la différence du poète, le romancier n’est pas délié de la tâche d’inventer des fictions susceptibles d’éclairer nos existences, ou d’en obscurcir les fausses évidences.  A la question venue d’Aristote qui demanderait s’il est un poète de vers ou un poète d’histoires, il ne pourrait répondre que ceci : les deux, mon capitaine ! D’où l’ ambiguïté foncière du roman, qui peut se décliner selon des formes très diverses : du récit ramassé façon Michon à la geste épique façon Volodine, en passant par le roman-poikilos (« bariolé ») rêvé par Barthes.

J-Claude Pinson a publié des textes de prose poétique : J’habite ici, Ed Champ Vallon, 1991.Laïus au bord de l’eau, Ed Champ Vallon, 1993. Abrégé de philosophie  morale,  suivi de Mécanique lyrique avec nus et paysages, Ed Champ Vallon, 1997.Fado (avec flocons et fantômes), Ed Champ Vallon, 2001. Free Jazz, Ed  Joca Seria, 2004.Parallèlement, il est l’auteur de plusieurs essais dont : Habiter en poète, Essai, Ed Champ Vallon, 1995. Poésie et Philosophie (dir., avec Pierre Thibaud), CIP Marseille /Ed Farrago, 2000. Sentimentale et naïve, Nouveaux essais sur la poésie contemporaine, Ed Champ Vallon, 2002. Hobby et dandy (Sur l’art dans son  rapport à la société), Ed Pleins Feux, 2003


Mercredi 25 janvier 2006
Etude du livre : « Les Vies Minuscules »
par Dominique Viart, professeur de littérature française  (Université de Lille 3)

Livre puissant et novateur, Vies minuscules de Pierre Michon fait entendre une voix exigeante et impétueuse, attentive  aux élans des hommes, fussent-ils les plus précaires, à leurs illusions comme à leurs vacillements. Sa langue vertigineuse sonde les rêves des humbles, leurs frustrations : elle leur confère grandeur et dignité jusque dans la chute. Pierre Michon en 1984, invente avec ce livre une nouvelle écriture, attachée à désenfouir les « vies » oubliées, et contribue à la mutation des pratiques littéraires des années 80 : dans sa confrontation avec un désir d’écriture douloureux à mettre en œuvre, il ouvre le champ aux « récits de filiation », aux « fictions biographiques » que les décennies ultérieures verront se développer. Dans une littérature en mutation il répond à des préoccupations latentes qu’il contribue puissamment à faire advenir sur la scène littéraire…Il est symptomatique de ce bouleversement esthétique qui voit, depuis près de 20 ans, la remise en question des principes et pratiques d’écriture.

Dominique Viart dirige la collection « Perspectives 20e » à Lille 3, est directeur de « La Revue des Sciences humaines », participe à la rédaction des revues « Beckett Today », « Sites », « The Journal of 20th-Century Contemporary French Studies »... Parmi une dizaine de livres, il a notamment publié :  L'Injonction silencieuse (La Table ronde); Une mémoire inquiète, essai sur Claude Simon (PUF), Paradoxes du biographique et Marges du dialogue (Revue des Sciences humaines), Le Roman français contemporain, (avec M Braudeau, L Proguidis et J-P Salgas ADPF), Les Vies minuscules de Pierre Michon (Gallimard).


Mercredi 1er février 2006
Justice à la littérature : l’œuvre de Pierre Michon
par Alexandre Gefen, universitaire (Bordeaux 3), fondateur du site Fabula

« La critique des professeurs a fait de Pierre Michon l’écrivain majeur de sa génération et le père du prolifique genre de la fiction biographique. Mais c’est aussi par une ambition plus vaste que Rimbaud le fils ou La Grande Beune peuvent venir nous toucher, celle de rendre toute sa gravité et son utilité  à la littérature à un moment historique où celle-ci est plus souvent considérée comme un jeu ou un divertissement. Car en s’insinuant dans les vides ou les envers de notre histoire culturelle pour rappeler à la vie des êtres oubliés ou réinventer nos grands mythes collectifs, en nouant un passé archaïque à un présent tourmenté, en mêlant construction de soi et mémoire d’autrui, l’œuvre de Pierre Michon donne au roman une mission rédemptrice : le style y retrouve ses vertus magiques et la fiction y joue le rôle d’une justice et d’une religion de substitution. C’est sur ce pari – autant éthique et spirituel qu’esthétique – que nous voudrions réfléchir. »

Assistant à l’université de Neuchâtel, membre du groupe de recherche Modernités à Bordeaux 3, Alexandre Gefen est fondateur du site Fabula : son domaine de recherche concerne les questions de la fiction, des genres et de la représentation littéraire. Parutions récentes : La Mimèsis (Flammarion, 2002), Frontières de la fiction (Presses Universitaires de Bordeaux/Nota Bene,2001), Œuvres de Marcel Schwob (Champ Vallon, 2001/Les Belles Lettres), Barthes au lieu du roman (Desjonquères).


Mercredi 8 février 2006
Rencontre avec Pierre Michon
Animée par Bruno Blanckeman, critique universitaire

Pierre Michon, abandonné par son père dans sa plus tendre enfance, actif participant au combat politique de la fin des années 60, puis acteur-agitateur dans une troupe de théâtre, aura mis 38 ans à dépasser son sentiment d’incapacité, sa négativité et son refus d’entrer dans la société civile. Marqué dès l’école primaire par la puissance de la poésie (qui s’oppose au patois parlé par ses grands-parents), puis profondément bouleversé par Rimbaud, l’écriture a toujours été son but. Pourtant, avant l’écriture libératrice des « Vies minuscules » en 1984, son sentiment d’échec et de petitesse l’avait bâillonné, vaincu de n’avoir rien écrit à l’âge où Rimbaud avait déjà cessé d’écrire. Après le succès de son premier livre, Pierre Michon ne cesse pas d’être ballotté par la vie, et ce sont les sollicitations extérieures qui lui redonnent la force d’écrire. Caractérisée par son genre bref, l’œuvre de Pierre Michon témoigne aujourd’hui d’une formidable densité d’écriture, d’une impulsion créatrice fulgurante et presque imprévisible, et d’une perfection née d’un corps à corps unique avec le langage.





Le lieu unique

UNIVERSITE POP’ cours de littérature contemporaine 2005/ 2006




Chaque mercredi de 18h30 à 20h – salon de musique
Dirigé par Daniel Martin, critique littéraire ( La Montagne Centre-France, l’Express, France Culture), et Bruno Blanckeman, professeur de littérature contemporaine à l’Université de Rennes 2, le cours continue d’explorer les écritures. Il s’éloigne de l’auto fiction pour aborder un registre de la littérature interrogeant nos représentations politiques et sociales.




5 figures du paysage littéraire contemporain

Dans ce nouveau programme, Marguerite Yourcenar et Milan Kundera font partie du patrimoine littéraire du XXè siècle. Ils seront accompagnés par 3 auteurs plus jeunes dont les œuvres sont d’ores et déjà marquantes en ce début XXIè siècle : Antoine Volodine, Pierre Michon et Marie Ndiaye.
Des séquences de 3 cours sont consacrées à chacun de ces auteurs. Sont abordés : le livre , puis des éclairages sont donnés sur tout ou partie de l’œuvre, suit la rencontre avec l’auteur ou l’étude d’une thématique spécifique (Les bibliographies complètes des auteurs sont distribuées à l’entrée des cours) .



3 « re-créations » : éprouver l’extrême contemporain

Les œuvres de ces auteurs, dont les pratiques d’écriture dépassent le genre littéraire, sont représentatives d’un questionnement artistique extrêmement contemporain. Attentifs à la publicité, au web, aux médias, ils expérimentent aussi les autres arts et jouent radicalement avec les supports, les formes, créent des récits qui questionnent notre quotidien  mental.
Trois rendez-vous pour découvrir d’autres pratiques d’écriture avec  Valérie Mrejen, Eric Arlix et Patrick Bouvet .



Le cours  mode d’emploi :

Inscriptions à partir du 1er septembre en prenant la « carte à 3 spectacles » au choix du lieu unique qui donne accès à l’ensemble des cours.
Renseignements : billetterie du lieu unique / 02 40 12 14 34
Entrées payantes pour les personnes non inscrites aux cours : 2 euros par séance dans la limite des places disponibles.