Questions de société

"Une réelle prise de conscience des étudiants anglais", Le Courrier, 02/01/2011

Publié le par Arnaud Welfringer

"Une réelle prise de conscience des étudiants anglais", Le Courrier, 02/01/2011

Un leader du mouvement estudiantin raconte son combat contre la hausse massive des taxes universitaires, qui a conduit à d'importantes manifestations, notamment à Londres. Propos recueillis par Francesco Perez.

Joseph Daher, étudiant genevois de 25 ans, effectue actuellement un doctorat à la School of Oriental and African Studies (SOAS), une institution londonienne réputée pour son approche critique et anti-impérialiste des sciences sociales. M. Daher a participé aux récentes manifestations organisées par des collectifs étudiants, pour protester contre le projet de la coalition des conservateur-libéraux du premier ministre David Cameron d'augmenter massivement les taxes universitaires, dont le plafonnement devrait tripler d'ici à 2012. Il raconte au Courrier le déroulement de l'occupation de son université ainsi que les manifestations nationales qui ont choqué le Royaume.


Maintenant que la loi est passée, que va devenir ce mouvement?
Joseph Daher: Nous avons simplement changé de slogan. «This is just the beginning» [Ce n'est que le commencement] est le nouveau mot d'ordre. Les personnes concernées ont vraiment envie de continuer la lutte. Je pense que si on continue de mobiliser les étudiants et le personnel universitaire comme on l'a fait, par des actions directes, nous pourrons poursuivre le combat. Le mouvement doit d'ailleurs s'étendre au delà des étudiants et mobiliser les travailleurs qui sont restés très en retrait.

Pourquoi vous êtes-vous engagé dans la cause étudiante britannique?
Pour moi, l'éducation est une cause internationale et humaniste. C'est aussi un droit fondamental, comme le droit au logement et à l'alimentation. Le gouvernement essaye de limiter ce droit à une petite partie de la population. C'est également une question d'idéologie. Les événements qui se déroulent en Angleterre constituent une attaque néolibérale généralisée contre l'Etat providence: la coalition va continuer sur sa lancée et veut désormais supprimer 500 000 postes dans le service public, sucrer les aides au logement et couper les bourses pour les étudiants.


Comment s'articule votre mouvement?
Je fais partie d'un groupe de militants nommé «Counterfire». Ce sont des dissidents du Parti socialiste des travailleurs (SWP). A l'université de SOAS, nous étions six dans les comité gérant le mouvement de protestation. Nous avons mené les débats et appelé à l'occupation d'une partie de l'université, et ce malgré l'opposition du syndicat des étudiants de SOAS. Ceci a été voté lors d'une assemblée générale (AG). Nous avons remporté ce scrutin par une dizaine de voix sur les deux cents présents; une des plus grandes AG qu'ait connues SOAS depuis plusieurs années.

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