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Un théâtre postcolonial ? Fantômes de l'histoire coloniale et critiques théâtrales de la colonisation

Un théâtre postcolonial ? Fantômes de l'histoire coloniale et critiques théâtrales de la colonisation

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Brigitte Prost)

Un théâtre postcolonial ? Fantômes de l'histoire coloniale et critiques théâtrales de la colonisation

Journée d'études interdisciplinaire, samedi 20 novembre 2010, dans « la Chapelle » du Grand T à Nantes :

Bolivar ; fragments d'un rêve a été un déclencheur pour la construction de cettejournée d'études. La charge politique est loin d'être dérisoire dans cespectacle qui, par le plaisir des danses, des chants et de la poésie des motsde William Ospina et de Simon Bolivar lui-même, fait du théâtre une tribune etnous conduit à découvrir ou à revisiter, sous la houlette d'Omar Porras, un pande l'histoire coloniale européenne, tout en nous ramenant à notre présent. Decette fulgurance d'informations historiques denses et détaillées sur la vie duLibertador est né le désir d'interroger plus largement la façon dont la scènecontemporaine multiplie actuellement les représentations de l'histoirecoloniale, dans un double mouvement de dénonciation de la colonisation passéeet d'affirmation d'une nouvelle cartographie du monde. C'est en effet en 1960,il y a cinquante ans, que les colonies européennes d'Afrique subsaharienne(Niger, Burkina Faso, Congo, Gabon, Sénégal, Mali…) ont massivement proclaméleur indépendance, et plusieurs pays d'Amérique du Sud (Bolivie, Equateur,Mexique, Venezuela, Colombie, Chili, Argentine et Pérou) fêtent cette année, en2010, le bicentenaire de leur libération.

Cette histoire coloniale qui unit douloureusementl'Occident à l'Afrique, à l'Asie ou à l'Amérique, est en effet volontiersrevisitée aujourd'hui et dénoncée au grand jour, en un retour de balancier quifait de la pensée anticoloniale la nouvelle norme dominante – sur la scèneintellectuelle et artistique du moins. Cette sombre période qui s'écrit dansdes ouvrages scientifiques comme dans les manuels scolaires est aussi de plusen plus ouvertement objet de représentation artistique, au cinéma comme authéâtre et en danse. Débordant souvent le strict cadre de l'histoire de lacolonisation proprement dite, les oeuvres vont du rappel de l'esclavagisme passéà la critique des politiques d'immigration et de la condition immigréeactuelles, en passant par la dénonciation des phénomènes de double culture, dedéracinement et de paupérisation mais aussi par le récit de l'épopée desIndépendances. S'ils sont très divers du point de vue des sous thèmes abordéscomme des démarches et des esthétiques, s'agissant du discours sur lacolonisation les projets se répartissent en fonction de leur (non)choix relatifà deux questions : faut-il faire oeuvre d'histoire ou de mémoire, se fairescientifique ou militant ? Et faut-il en ce second cas défendrel'idéologie républicaine ou faire une critique postcoloniale de lacolonisation ? Dans le cadre de l'axe de recherche « La scène commelieu de mémoire » de l'équipe d'accueil « Arts : pratiques et poétiques » (EA 3208),cette journée d'études entend questionner l'idée d'un théâtre postcolonial(d'un point de vue dramaturgique comme scénique) et la façon dont par l'artpeut se construire et se transmettre une mémoire de l'histoire des peuples.Pour ce faire nous nous appuierons sur le croisement des disciplines et desregards (esthétiques, sociologiques et juridiques) ainsi que sur une mise enperspective historique des dénonciations théâtrales de la colonisation au tempsdes colonies.

Bérénice Hamidi-Kim
Brigitte Prost

Programme
Samedi 20 novembre 2010
Le Grand T, Nantes, La Chapelle
10 h
Accueil.
10 h 10
Ouverture de la journée par Amal Jouffe-El Amrani (responsable du service des Relations internationales de Rennes 2-Université européenne de Bretagne).
Première session :
Focus sur une oeuvre : Bolivar ; fragments d'un rêve,
mise en scène par Omar Porras
Président de séance : Brigitte Prost
10 h 10 - 10 h 30
Introduction : Brigitte Prost (Maître de conférences en études théâtrales à Rennes 2-Université européenne de Bretagne) : « Les fantômes de la colonisation à l'honneur sur les plateaux de 2010 ».
10 h 30 - 11 h
Jean-Marie Lassus (Professeur en littérature et Civilisation de l'Amérique latine, Université de Nantes) : « Bolivar : un destin de théâtre ? ».
11 h - 11 h 30
José-Luis Benavides (Professeur de droit administratif et de droit public à l'Université Externado de Bogota) : «  Le projet politique dans la pensée de Bolivar ».
11 h 30 -11 h 40
Pause.
11 h 40 -12 h 40
Table-ronde avec William Ospina et Omar Porras :
« L'aventure d'une collaboration engagée pour une scène lieu de mémoire ? »
12 h 40 - 14 h 20
Repas à la Cigale (pour les intervenants), 4 Place Graslin, 44000 Nantes

Deuxième session :
Président de séance : Bérénice Hamidi-Kim
14 h 20 - 14 h 30
Introduction par Bérénice Hamidi-Kim.
14 h 30 - 15 h
Isabelle Scaviner (doctorante, Université de Caen) :
« Les représentations du colonisé sur les scènes françaises (1900-1920) ».
15 h - 15 h 30
Guy Freixe (maître de conférences à l'Université de Picardie Jules Verne, en théorie et pratique du théâtre et directeur du Théâtre du Frêne) : « Lectures de l'histoire coloniale au Théâtre du Soleil : Sihanouk, roi du Cambodge et L'Indiade ou L'Inde de leurs rêves. »
15 h 30 - 15 h 45
Pause.
15 h 45 - 16h 30
Bérénice Hamidi-Kim (maître de conférence au Département Arts de la Scène de l'Université Lyon 2) : « Un théâtre postcolonial ? Etude comparée de Bloody Niggers et Vive la France. »
16 h 30 - 17 h
Ali Moussa lye (Ecrivain et chercheur en anthropologie politique, directeur de la section à l'Unesco « dialogue interculturel ») : « Au-delà du post-colonialisme et pour un autre universalisme. »
17 h - 17 h 15
Débats.
17 h 15 - 17 h 30
Pause.
17 h 30 - 18 h 30
Table ronde avec Marine Bachelot (La Femme ce continent noir), Mohamed Rouabhi (Vive la France), Dorcy Rugamba (Bloody Niggers) et Jean Verdun (Mieux que nos pères).
18 h 30
Fin de la journée d'études.
19 h 30
Bolivar ; fragments d'un rêve, texte de William Ospina et mise en scène par Omar Porras (Teatro Malandro)