Questions de société
Un second souffle pour le mouvement de contestation (blog de S. Huet, 10/03/09) + entretien avec J.-L. Fournel (L'Humanité, 06/03/09) + communiqué de l'intersyndicale (10/03/09)

Un second souffle pour le mouvement de contestation (blog de S. Huet, 10/03/09) + entretien avec J.-L. Fournel (L'Humanité, 06/03/09) + communiqué de l'intersyndicale (10/03/09)

Publié le par Bérenger Boulay

Sur cette page:

- Le mouvement de contestation des universitaireset des chercheurs a-t-il trouvé sonsecond souffle? (Blog de Sylvestre Huet 10/03/09).

- Université. « Votre tentative de division a échoué, Mme Pécresse ! ». Entretien avec Jean-Louis Fournel, porte-parole de SLU, L'Humanité, 06/03/09.

- Élargir la mobilisation pour gagner ! Communiqué de l'intersyndicale du supérieur (10/03/09)

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{sciences2} Blog de Sylvestre Huet (Libération):

http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2009/03/un-second-souff.html

 10/03/09

Le mouvement de contestation des universitaireset des chercheurs a-t-il trouvé sonsecond souffle?

Il semble bien que cela soit le cas, détruisantainsi les espoirs de Valérie Pécresse et XavierDarcos qui, vendredi soir, pensaientavoir marqué un point décisif avec un accord partielsur le statut des universitaires. Un accord dont certaines organisations(Sgen-CFDT,Autonome Sup…) valorisentles «avancées», tandis que d'autres (Snesup,Coordination des universités, FO…) soulignentles insuffisances par rapport à leursrevendications.
Lemenu de la contestation est toujoursaussi copieux (ci-dessus les astrophysiciens de l'Observatoire de Parisexhibant la listes de leurs publications). Tous les jours, assembléesgénérales, cours publics, débats, conférences,distribution de tracts à la population…alimentent un bruit de fond incessant.La Sorbonne est régulièrement lacible de tentatives d'occupation. Les barragesse multiplient comme au Mirail, à Toulouse. Les sites web demobilisation sont de plus en plus remplis (voir ici celui de Paris-12 Créteil, Grenoble, Montpellier, Paris-3...).Les blocages de sites se multipient avec les opérations «Printemps des chaises», indiquant ici ou là un durcissement des méthodes d'action. Aujourd'hui les universitaires vontcibler les rectorats, notamment à Paris et Créteil. Demain devrait voir de nouveaudes manifestations imposantes organiséespar les acteurs de cette mobilisation, laCoordination nationale des universités,plusieurs syndicats (dont le Snesup, AutonomeSup, Sud recherche, SNCS, FO…),des associations comme Qualité de lascience française, Sauvons l'université etSauvons la recherche. En voici la liste avec les lieux et heures.

Une mobilisationinédite par sa durée (plus d'un mois, depuisle 2 février), sa puissance et sa volontéd'obtenir du gouvernement une véritable inflexion de sa politique universitaire et derecherche sur plusieurs chapitres: l'emploi(universitaires et chercheurs), le contenu desformations (recrutement des enseignants),la gouvernance des universités(la loi LRU), le contrat de thèse, les moyensdes organismes de recherche.

Mobilisés cet automne parla crainte de voir leurs budgetset leurs postes siphonnés par lesuniversités «autonomes» de la loiLRU, les Instituts universitaires detechnologie (IUT) repartent àl'action. Hier, assembléesgénérales. Aujourd'hui, journée«les IUT s'arrêtent». Demainmanifestations, à Paris et enprovince. Le 5 mars, les présidentsd'université ont reportéle vote d'un texte protégeantles budgets des IUT.

Les manifestations de demainpermettront de savoir si cette contestationpeut ou non compter sur le renfort de professeurs du secondaireet des écoles, et deparents d'élèves opposés à la réforme dela formation des enseignants voulue parXavier Darcos. Cet aspect devient décisifen termes politiques, car si le gouvernementdoit céder sur ce point, après avoirmartelé qu'il ne reculerait pas, il risque dene plus pouvoir échapper à une négociationd'ensemble.

Mais déjà, d'autres rendez-vousse profilent. Les chercheurs décidésà défendre les organismesde recherche (CNRS, Inserm,Inra…) organisent uneréunion nationale de déléguésde laboratoire le jeudi 12 mars, à l'Institut Océanographique.Les directeurs de laboratoire étant desgens très occupés, c'est samedi 14 marsqu'ils doiventse réunir à Paris, à l'appel de trois directeurs : Bruno Chaudret,directeur du LCC (laboratoire de chimie de coordination, UPR du CNRS)et membre de l'Académie des sciences, Yves Langevin, directeur de l'IAS(Institut d'astrophysique spatiale, UMR Paris XI-CNRS) et Yves Lazslo,directeur du CMLS (Centre de mathématiques Laurent Schwartz, UMR Ecolepolytechnique-CNRS).

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L'Humanité, 06/03/09:

Université. « Votre tentative de division a échoué, Mme Pécresse ! »

http://www.humanite.fr/2009-03-06_Societe_Universite-Votre-tentative-de-division-a-echoue-Mme-Pecresse

Porte-parole du collectif Sauvons l'université, Jean-Louis Fournel expliquepourquoi le mouvement dans les facs n'est pas prêt de s'arrêter. Entretien.

La mobilisationreprendson souffle.Hier, dans lesrues de plusieursvilles de France,étudiants, enseignants-chercheurset profs du primaireet du secondaire ontbattu le pavé pourrappeler au gouvernementque la négociation commencera avec laprise en compte des revendications de l'ensemblede la communauté universitaire. Ce que rappelleaussi à sa façon Jean-Louis Fournel, porte-parolede Sauvons l'université.

La semaine dernière, François Fillon lâchaitun peu de lest sur les suppressions de postes. ValériePécresse, elle, réécrit, avec quatre syndicats,le décret sur les enseignants-chercheurs.Comment jugez-vous ces premiers reculs ?

Jean-Louis Fournel. Les annonces de Fillonauraient pu être une voie possible d'apaisement. Ày regarder de plus près, elles ne le sont pas. Le geldes suppressions d'emplois pour 2010 et 2011 relèved'une promesse sans la moindre garantie. Surtout,le plus grand nombre d'emplois est supprimécette année, en 2009. Pour le reste, les annonces restenttrès vagues. Quant aux réunions entre Pécresseet les syndicats, c'est beaucoup plus grave. C'estune tentative de division, qui a lamentablementéchoué puisque ces syndicats ne représentent pasgrand-chose. À part peut-être Autonome Sup, quia d'ailleurs marqué son insatisfaction.

Quelles sont les insatisfactions ?

Jean-Louis Fournel. Cette négociation est unéchec car la logique du texte de départ n'a pas étémodifiée. On maintient la modulation de servicequi doit être acceptée par la personne. Ce qui pourraitêtre un progrès est en réalité un piège, à l'instardu travail du dimanche. Certes, les caissièressont libres d'accepter ou non de travailler le dimancheet de faire des heures supplémentaires.Mais ont-elles réellement le choix ? À l'université,que se passera-t-il lorsqu'on proposera à un enseignant-chercheur de faire 30 heures de plus ? Dansun contexte de tension budgétaire, pensez-vousqu'il sera en position de refuser ? La modulationdes services a un sens si elle contribue à une sortede flexibilité du parcours de carrière qui permettraitde dédier une année à la recherche. Nous refusonsque la modulation serve de variable d'adaptationbudgétaire et induise des distinctions entreceux qui enseignent et ceux qui cherchent.

Le gouvernement a annoncé le recrutement deprofesseurs agrégés à l'université pour soutenir leplan Licence. Qu'en pensez-vous ?

Jean-Louis Fournel. J'ai le plus grand respectpour mes collègues, mais cette mesure a pour but deles utiliser pour boucher les trous budgétaires. Celaprovoquerait une fracture : les enseignants-chercheurss'occuperaient du second cycle et des bataillonsde profs agrégés exploités en premier cyclene feraient que de l'enseignement. Nous craignonsune concentration des moyens dans une douzainede lieux en France. Or, le savoir doit être diffusé surle territoire de manière égale. On ne peut pas avoirdes déserts de l'enseignement supérieur et uneconcentration de moyens dans quelques pôles.La cinquième semaine de grève est entamée…

Comment voyez-vous la suite du mouvement ?

Jean-Louis Fournel. Le choix du ministère denégocier sur une seule des questions portées par lemouvement suscite l'irritation de beaucoup. Nousrefusons de scléroser nos revendications : la réformede la formation des enseignants des premieret second degrés, sur laquelle Darcos bloque, lecontrat doctoral unique qui ne respecte pas le droitsocial, le démantèlement des organismes de rechercheet les menaces qui pèsent sur nos collèguesBiatoss doivent être abordés. Les manifestationsd'hier et celles prévues mercredi 11 mars, avec leprimaire et le secondaire, seront une réponse à laméthode du pourrissement utilisée par ce gouvernement.

Entretien réalisé par Ixchel Delaporte

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Communiqué de l'intersyndicale du supérieur (10/03/09)

Élargir la mobilisation pour gagner !

http://www.snesup.fr/Presse-et-documentation?aid=3999&ptid=5&cid=240


Les cinq semaines d'actions continues dans les universités, dans lesautres établissements d'enseignement supérieur, dans les organismes derecherche, n'ont en rien entamé la détermination de la communautéscientifique et universitaire. Malgré de premiers reculs a minima, commele gel des suppressions d'emplois dans l'enseignement supérieur annoncépour 2010 et 2011, la mobilisation ne faiblit pas.

L'absence de réponse du gouvernement aux revendications globales(retrait des projets de décret enseignants-chercheurs et contratdoctoral unique, retrait de la réforme de la formation et du recrutementdes enseignants dite de « masterisation », restitution de tous lesemplois supprimés et plan pluriannuel de créations d'emplois, arrêt dudémantèlement des organismes de recherche), appelle à poursuivre lamobilisation pour maintenir la pression sur le gouvernement.

Les organisations soussignées appellent à faire des succès :

  • de la manifestation unitaire « De la maternelle à l'enseignement supérieur et la recherche» du mercredi 11 mars, nouvelle étape pour exprimer nos revendications, en convergence avec l'enseignement primaire et secondaire : la qualité de la formation et du recrutement des enseignants est un enjeu essentiel pour l'avenir des élèves et de la société ;
  • de la réunion des délégués des AG de laboratoires du 12 mars, pour la recherche, dans les différents EPST, EPIC et les universités ;
  • de la grève et des manifestations interprofessionnelles du 19 mars, pour la défense de l'emploi, des salaires, du service public.

Les organisations soussignées dénoncent la stratégie de «saucissonnage»des dossiers employée jusque là par le ministère. En ne répondant pas aux revendications, le gouvernement prendrait la responsabilitéd'exacerber la colère des collègues. C'est à la radicalisation dumouvement que nous pourrions assister. Les organisations exigent dugouvernement qu'il réponde de manière globale et responsable surl'ensemble de nos revendications et engage de réelles négociations.

Signatures : FSU (SNESUP-FSU, SNCS-FSU, SNEP-FSU, SNASUB-FSU)CGT (CGT-SNTRS, FERC Sup CGT, CGT-INRA)CFDT (SGEN-CFDT Recherche EPST)SOLIDAIRES (SUD Recherche EPST, SUD Education)SLR, SLUUNEF