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Contraintes d’écriture et traductions potentielles. (Ré)Interprétation, (dis)similitudes, (ré)création

Contraintes d’écriture et traductions potentielles. (Ré)Interprétation, (dis)similitudes, (ré)création

Publié le par Florian Pennanech (Source : Ileana Neli Eiben)

APPEL À CONTRIBUTIONS

 

 

Translationes

 

8 (2016)

 

Contraintes d’écriture et traductions potentielles

(Ré)Interprétation, (dis)similitudes, (ré)création

 

 

            À une époque où les cloisons et/ou les frontières semblent disparaître pour faciliter au plus grand nombre une liberté de circulation seulement rêvée jadis, assortie de la possibilité d’une expression multilingue en tant que vecteur de l’ouverture vers l’Autre, notre appel se veut une invitation à la réflexion sur les contraintes et leur portée dans les domaines de la littérature et de la traduction littéraire et spécialisée. Car, au-delà des règles et des conventions qu’elle impose, en-deçà des efforts accomplis pour s’y plier, la contrainte ne reste pas moins un moyen de choix dans l’évaluation de la créativité des  écrivains comme des traducteurs.

            Des poèmes à forme fixe (sonnets, ballades, rondeaux), en passant par les expériences des oulipiens (lipogrammes, tautogrammes, textes nombrés, lettre imposée) et par la littérature subversive créée dans les régimes totalitaires, des bandes dessinées aux sous-titres, la contrainte a permis aux auteurs et aux traducteurs qui se sont prêtés à son (en)jeu de renverser des clichés, de redonner une nouvelle vie à des mots oubliés, de se réinventer, comme pour illustrer le fameux apophtegme baudelairien : « Parce que la forme est contraignante, l’idée jaillit plus intense. » (Baudelaire, Lettres 1841-1866).

             Comment dès lors le traducteur, cet écrivain de l’ombre, procèdera-t-il pour préserver la viabilité de l’éternel pacte auteur-lecteur ? Quelles sont les contraintes auxquelles il devra se soumettre pour traduire cette littérature sous contrainte ? Oscillant sans relâche entre fidélité et liberté par rapport au texte-source, dans quelle mesure pourra-t-il faire l’expérience des cercles de proximité avec l’œuvre traduite, son auteur, sa pensée, sa technique ?

            Que dire des contraintes des textes spécialisés ? Alors que tout auteur de littérature souhaiterait voir apparaître la traduction de son œuvre dans un grand nombre de langues étrangères et, si possible, le lendemain même de la publication dans la langue-source, la traduction en langue(s) étrangère(s) du bilan financier d’une grande entreprise ne sera faite qu’après signature d’un contrat de confidentialité, alors que pour sa publication, il faudra respecter un délai très précis.

            Pour ce qui est de la traduction audio-visuelle, en plus des défis interculturels présents en surface ou en profondeur dans tout texte, le traducteur doit se plier aux contraintes liées à la longueur des sous-titres, aux rapports qu’ils doivent entretenir avec l’image et les sons …

            Dans le cas de la traduction littéraire, la fidélité du traducteur pourrait faire écho à la créativité de l’auteur, les contraintes l’aidant, éventuellement, à aboutir à une adaptation réussie (Bastin, « La notion d’adaptation en traduction », Meta, 38, 1993). Or, force nous est de reconnaître qu’on ne traduit pas de la même manière un texte romanesque, poétique ou religieux et un texte purement technique (Oustinoff, La traduction, 2003), la nature du texte étant, en fin de compte, l’élément qui définit l’approche sourcière ou cibliste du traducteur. Mais il ne faut pas oublier non plus que, à des degrés différents et en fonction de la nature du texte et/ou de la stratégie de traduction mise en œuvre, d’autres facteurs sont à prendre en considération comme autant de nouvelles contraintes : le délai de réalisation de la traduction, le degré de spécialisation du vocabulaire, les exigences du donneur d’ordre (dans le cas de la traduction spécialisée), les enjeux socioculturels, l’horizon d’attente du public, les exigences de l’éditeur (dans le cas de la traduction littéraire).

            Si similitudes il y a entre l’écriture à contrainte et la traduction sui generis des textes qui en résultent, cela signifierait-il pour autant qu’il pourrait y avoir autant de techniques de traduction qu’il y a des techniques d’écriture ? 

            Le traducteur devrait-il « se focaliser sur les mécanismes de production de l’écrit » ou bien accorder la priorité « au plaisir immédiat de la lecture » (Collombat, « L’Oulipo du traducteur », Semen 19, 2005) ? De toute manière, qu’il traduise le vouloir dire d’un auteur dans une langue (en littérature) ou dans un langage (quel que soit le domaine professionnel auquel appartient un texte spécialisé), l’idiomaticité semble rester l’objectif ultime du voyage de son Verbe. En d’autres termes, plus on « élargit » le domaine de la contrainte à traduire, plus le traducteur est obligé d’assumer son rôle de créateur de sens avec les moyens linguistiques et culturels dont il dispose. Mais quelles sont alors les valences contemporaines du concept de re-création du texte à travers la traduction par rapport aux siècles passés ? Et si l’on s’accorde à dire que l’écriture débute sur la page blanche, où commence la traduction ?

 (Ré)interprétations, (dis)similitudes, (ré)création(s) : ce ne sont que quelques directions d’analyse et de réflexion que Translationes 8 (2016) propose. Dans ce numéro, les contributeurs sont invités à réfléchir sur les causes et les effets qui se retrouvent dans la traduction de la littérature à contraintes et, subséquemment, à confirmer l’idée que la traduction est ni plus ni moins qu’un « art de la contrainte » (Keromnes, « Traduire : un art de la contrainte », Traduire, 224, 2011).   

 

 

Calendrier

 

1er octobre 2016 : Date limite pour la soumission des propositions en version électronique à l’adresse : revistatranslationes@gmail.com.

01-29 octobre 2016 : Évaluation des articles anonymes par deux rapporteurs sélectionnés parmi les membres du comité scientifique et du comité de rédaction ou parmi des personnalités externes.

30 octobre 2016 : Notification des auteurs quant aux conditions d’acceptation ou au rejet des articles. Les auteurs recevront les articles accompagnés des rapports d’évaluation.

15 novembre 2016: Date limite pour l’envoi de la version finale des articles, en conformité avec les remarques des rapporteurs et le protocole de rédaction de la revue.