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Traductions, Traducteurs et Circulation des idées au temps des Indépendances hispano-américaines (1780-1824)

Traductions, Traducteurs et Circulation des idées au temps des Indépendances hispano-américaines (1780-1824)

Publié le par Marion Moreau (Source : de ribas)

Traductions, Traducteurs et Circulation des idées au temps des Indépendances hispano-américaines (1780-1824)

Sensibles aux iniquités du système colonial et imprégnés de l'esprit des Lumières, les élites créoles suivent avec intérêt le déroulement de la guerre d'Indépendance des Etats-Unis. De plus, la situation internationale, créée par la Révolution française et l'Empire napoléonien, joue en leur faveur en alimentant leur patriotisme universel. Ces influences exogènes et ces événements parcourent alors les manuscrits des Libertadors et les textes fondateurs des Républiques ibéro-américaines. A l'aube des Indépendances du Nouveau Monde, la diffusion des idées et des oeuvres libérales étrangères est rendue possible grâce à l'activité « traductionnelle » des Espagnols américains, et à « l'appropriation » linguistique qui donne naissance à de nouveaux textes. Les sources primaires, philosophiques et politiques, sont nord-américaines, britanniques ou françaises. Les ouvrages de John Locke, de Jean-Jacques Rousseau, de Montesquieu, la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen ou la Constitution nord-américaine de Benjamin Franklin, provoquent une interaction directe avec le jaillissement des idées émancipatrices. Ces textes circulent dans les milieux intellectuels et politiques de l'Amérique espagnole et inspirent directement les pamphlets des jésuites expulsés du Nouveau Monde en 1767, et les manifestes des révolutionnaires qui parcourent l'Europe. L'Italie, la Grande-Bretagne, les Etats-Unis accueillent alors ces personnages insignes en contribuant à leur façonnement idéologique.

Les échanges qui se développent d'un bout à l'autre des continents américain et européen par le moyen de l'écriture manuscrite (correspondances de professionnels de la pensée ou d'intermédiaires culturels plus ou moins patentés, manuscrits philosophiques, projets politiques et militaires confidentiels...) sont l'un des principaux moyens et aussi le premier témoin de l'innovation intellectuelle et de la diffusion des idées et des concepts. Les réseaux indépendantistes et les groupes dissidents s'étendent aussi au-delà des frontières religieuses et politiques : ils sont internationaux et cosmopolites, et ils constituent le terrain privilégié de l'émergence d'une conscience nationale. De fait, les opus traduits par Miranda, Nariño, Picornell ou de Pombo, pour ne citer qu'eux, mettent en évidence l'activité intellectuelle de ces hommes qui ont souvent exercé leur propre créativité, leur talent inventif tout en illustrant, pour leurs concitoyens, la légitimité de l'Indépendance et les bénéfices espérés.

Par le rappel des grands centres d'édition mondiaux, par l'analyse des contextes de production et de réception des documents ainsi que des tâches d'impression, l'approche analytique de certaines traductions visera à définir comment sont effectuées les transformations linguistiques et quelles conditions les rendent pertinentes ou non. Bien sûr, bon nombre de problèmes de la traduction linguistique n'ont rien à faire avec un tel choix stratégique - qu'il soit conscient ou pas - mais se posent justement à partir des spécificités des codes linguistiques respectifs et des barrières censoriales qui contrôlaient la circulation des idées. C'est donc la juxtaposition des textes, l'analyse des « calques traductionnels », des fautes ou l'étude des modifications subies par les textes primaires dans leur version espagnole, qui mettront en avant les paternités idéologiques. Les problématiques d'appropriation des manuscrits originaux, d'instrumentalisation, de diffusion, de didactisme, seront au coeur d'une réflexion qui devrait permettre de définir le discours de la traduction américaine comme discours révolutionnaire. Il s'agira alors de dresser un état des lieux rigoureux de la traduction à visée émancipatrice dans le contexte actuel de remémoration qui se nourrit et s'enivre d'une célébration internationale des Indépendances du Nouveau Monde.

Merci d'adresser par mail un résumé d'une dizaine de lignes environ ainsi qu'un bref C.V. mentionnant vos coordonnées personnelles et professionnelles avant le 15 janvier 2011, en précisant en objet « colloque Traduction ».

Contact :

nicolas.deribas@gmail.com

Le comité scientifique se prononcera alors sur l'acceptation des propositions de communications. Les communications ne devront pas dépasser 20 minutes. Elles se feront en français ou en espagnol. Les articles retenus par le comité de lecture seront publiés dans la Revue scientifique HISAL (Histoire(s) de l'Amérique Latine).