Actualité
Appels à contributions
Traduction – tradition ? Parcours dans le polysystème littéraire européen

Traduction – tradition ? Parcours dans le polysystème littéraire européen

Publié le par Marielle Macé (Source : Fabio Regattin)

Rilune Revue des Littératures de l'Union Européenne

Rilune (www.rilune.org) est une revue scientifique qui cherche à favoriser le développement d'une conscience littéraire et culturelle européenne.

Pour le quatrième numéro de la revue, nous acceptons des propositions d'articles sur le sujet Traduction tradition ? Parcours dans le polysystème littéraire européen. Les articles pourront être rédigés dans une des langues suivantes : Allemand, Anglais, Espagnol, Français et Italien.

Date-limite pour les propositions (500 mots) : le 31 mars 2006
Date-limite pour les articles : le 15 juin 2006


Traduction tradition ? Parcours dans le polysystème littéraire européen

Le patrimoine littéraire et culturel européen s'est constitué, à travers les siècles, par des procès de communication interlinguistique et interculturelle. L'importance de la pratique de la traduction dans ce processus permet d'opposer à la maxime traduttore traditore, désormais surannée, la plus véridique traduzione tradizione (traduction tradition). Dans une acception plus générale, cette formule souligne l'importance d'une activité établie depuis longtemps et enracinée dans tous les pays dont cette revue veut explorer les cultures ; dans une acception plus limitée, elle rappelle un des deux pôles de la dialectique qui caractérise la pratique même de la traduction, constamment partagée entre tradition et innovation (pratiques traductionnelles de confirmation du canon littéraire d'un côté, pratiques innovatrices dans le choix des textes à traduire, dans la stratégie traductive adoptée de l'autre).

À plusieurs époques de l'histoire littéraire européenne, la traduction a facilité le passage de traditions et de courants littéraires entre des langues différentes, en contribuant par cela à innover et à modifier de manière substantielle les cultures dans laquelle elle a été pratiquée. Des exemples classiques de cette tendance peuvent être trouvés déjà dans l'imitatio latine des textes grecs et dans l'influence de la Bible luthérienne sur le développement de la langue allemande ; plus récemment, il est possible de penser à l'ouverture vers l'étranger du mouvement romantique (Berman 1984), au rôle de la traduction dans la diffusion des idées des avant-gardes dans les revues du début du siècle dernier (Gubert 2003) ou à une pratique singulière telle la création de traductions fictives, utilisées comme dispositifs de planification culturelle (Toury 2005).

L'augmentation des contacts économiques et l'importance accrue des moyens de communication ont donné lieu, à partir de la deuxième moitié du vingtième siècle, à une augmentation parallèle, et significative, du nombre de traductions publiées comme l'indiquent les données statistiques de l'index translationum établi par l'UNESCO. Si cette augmentation quantitative est indiscutable (on traduit de plus en plus et à partir d'un nombre de langues qui ne cesse pas de progresser), est-il possible d'en mesurer les effets sur le système littéraire européen, à la lumière de la théorie des polysystèmes telle qu'elle est définie par Itamar Even-Zohar (1979, 1990)? Où faut-il situer (et est-il possible de la situer avec exactitude ?) la pratique récente de la traduction, à l'intérieur de la dialectique signalée plus haut ? La traduction est-elle encore une tradition, ou plutôt une subversion ? Quel est, enfin, le rôle que l'activité traductive joue à l'intérieur d'un système de polysystèmes complexe comme la littérature européenne ?

Parmi les perspectives de recherche possibles nous signalons : l'évolution du rapport entre langues dominantes et langues dominées à travers la pratique de la traduction, le choix des textes traduits dans un contexte historico-géographique donné, ou encore l'influence de la traduction dans la création d'un canon littéraire national. Seront privilégiées les approches qui, en faisant référence à la théorie des polysystèmes, aborderont le discours littéraire dans une perspective plurilingue et plurinationale, en cadrant la pratique de la traduction à l'intérieur du paysage littéraire européen et en cherchant à définir (en référence à des parcours culturels précis) le rôle de la traduction dans la création d'une conscience culturelle européenne à partir du second après-guerre.

Enrico Monti & Fabio Regattin



Envoyez vos propositions à Enrico Monti (emonti@lingue.unibo.it), Fabio Regattin (regattin@lingue.unibo.it) ou à Rilune (rilune@unibo.it)

Pour tout renseignement complémentaire, contactez les responsables ou visitez le site www.rilune.org