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Théâtralité du cinéma, cinématographicité du théâtre : la représentation en question

Théâtralité du cinéma, cinématographicité du théâtre : la représentation en question

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Tiphaine Karsenti)

Théâtralité du cinéma, cinématographicité du théâtre : la représentation en question
24-25-26 mars 2011

Ce colloque sur les interactions et transferts entre théâtre et cinéma s'inscrit dans la continuité de travaux amorcés par une journée d'étude en avril 2008. Il s'agissait de mettre en place une réflexion collective, croisant les points de vue de chercheurs en études cinématographiques et théâtrales, pour évaluer les définitions de la « théâtralité » au cinéma et de la « cinématographicité » au théâtre.
Pour information, les archives de l'atelier sont accessibles sur le site : http://cinemaparisx.fr/ ou directement ici http://cinemaparisx.fr/?start:travaux:calendrier:theatralitecinematographicite)


A priori la notion de théâtralité appliquée au cinéma et celle de cinématographicité appliquée au théâtre ne sont pas symétriques : dans le premier cas, le terme évoque aussi bien des formes de mises en scène imitées par le cinéma que le topos du theatrum mundi, abondamment repris par le septième art ; dans le second, le terme est un néologisme – que l'on pourrait par exemple mettre en concurrence avec « filmité » – et évoque surtout la façon dont le théâtre peut imiter des techniques et une pratique de l'image venant du cinéma.
Il s'agira de s'intéresser à la façon dont chacun de ces termes, qu'il ait été communément employé par la critique ou qu'il soit encore partiellement à inventer, demande à être redéfini pour répondre aux besoins d'une réflexion croisée sur les échanges entre les deux arts. Plutôt que de chercher à saisir une essence du filmique ou du théâtral, il faudra tenter de cerner le fonctionnement métaphorique de ces concepts quand ils sont mobilisés dans un autre champ artistique que le leur. Pour décrire ces mécanismes d'interactions, il sera notamment utile de recourir aux théories de l'intermédialité, dans la mesure où cette notion « vise la fonction des interactions médiatiques pour la production du sens » (Jürgen Ernest Müller). Il ne s'agira pas tant d'envisager une forme de concurrence entre les deux arts que d'analyser la manière dont les emprunts à un art « jumeau » sont faits pour créer des tensions, des contradictions et, à travers cette hétérogénéité, pour révéler les limites de l'image et de la représentation. En effet, dans beaucoup d'exemples, le recours à l'autre art permet à la mise en scène de questionner son rapport au réel : le théâtre peut, par exemple, permettre au cinéma d'inventer une forme de hors-scène et de créer un espace inaccessible ; le cinéma permet souvent au théâtre d'introduire sur la scène, non pas un degré supplémentaire de réalisme, mais de nouvelles conventions ou des formes d'imaginaire.

Le colloque privilégiera les problématiques transversales qui permettront une réflexion croisée sur les deux arts. On s'intéressera en particulier à

1) L'esthétique et l'histoire de la mise en scène
Les interactions entre théâtre et cinéma constituent une histoire des formes. Tout au long de leurs histoires, théâtre et cinéma ont importé des idées venant de l'autre art tant pour trouver des solutions de facilité, des modèles déjà expérimentés, que par exigence d'expérimentation, de recherche de formes nouvelles. On analysera en particulier les cas où ces emprunts techniques ont pour but de revenir sur soi, de réinventer son langage propre et ne se limitent pas à une stricte imitation. Les analyses pourront porter en particulier sur ce que les deux arts ont en commun : la mise en scène, en tant que mise en espace dans un plateau et en tant que direction d'acteur.

2) La place du spectateur
Le modèle d'un art « jumeau » sert très souvent au théâtre et au cinéma à repenser la position de son spectateur et à renouveler ses propres modes d'interaction avec le public. Le colloque abordera ainsi la question du spectateur et du spectaculaire, sous l'angle esthétique, mais aussi sous l'angle des stratégies et structures de production qui peuvent inclure aussi bien des enjeux économiques, que publicitaires par exemple. L'intermédialité de certaines oeuvres correspond dans plusieurs cas à un travail sur la réception, à la construction d'une posture d'artiste, à une démarche d'avant-garde ou au contraire à l'élargissement vers le grand public.

3) La circulation d'une oeuvre à travers les formes spectaculaires
Les communications pourront examiner le parcours à travers les arts d'une pièce ou d'un film particulier, en envisageant les allers et retours entre théâtre et cinéma, et en s'interrogeant sur le rôle de certaines versions de référence qui marquent ensuite les représentations ultérieures.
On pourra aussi s'attacher à l'oeuvre d'un auteur (un opus particulier, ou un corpus plus large) quand elle se construit par versions multiples et complémentaires, à la fois au théâtre et au cinéma, mais aussi éventuellement dans d'autres formes artistiques.
L'atelier a déjà abordé Marguerite Duras, Orson Welles, Peter Greenaway. On pourra aussi aborder par exemple des personnalités comme Tennessee Williams, Jean Cocteau, Pier Paolo Pasolini, Rainer Werner Fassbinder...

4) Les relations inter-arts
Comme le montrent certains des précédents exemples, il est souvent insuffisant d'appréhender la relation du théâtre et du cinéma comme un système binaire. Leur interaction renvoie souvent à d'autres modèles et l'hétérogénéité recherchée dans les emprunts à l' « autre » de ces deux arts est très souvent complétée par des liens avec les arts plastiques, mettant aussi en jeu la notion d'image ; la chorégraphie ou la musique pour tout ce qui touche à des effets rythmiques en particulier ; la littérature pour certains jeux sur la voix et la musicalité... « Théâtralité » ou « cinématographicité » vont dans certains contextes devenir des équivalences de « musicalité », « picturalité »...

5) Le rôle d'une réflexion croisée
Quel que soit l'axe qu'elles choisissent, les communications pourront prendre en compte la dimension méthodologique de ce travail et mettre en valeur l'intérêt de ces échanges de points de vue entre spécialistes de disciplines voisines mais très différentes. En quoi s'interroger sur la cinématographicité au théâtre peut-il aider un chercheur en cinéma à comprendre les effets théâtraux sur un corpus de film ? En quoi une réflexion sur la théâtralité au cinéma peut-elle permettre à un chercheur en théâtre d'analyser les effets cinématographiques développés dans certains spectacles ?

Compte tenu de la richesse extrême du corpus et des sujets possibles, on évitera en particulier
- les communications portant sur l'adaptation en soi, du théâtre vers le cinéma ou du cinéma vers le théâtre
- les approches ontologiques, où l'analyse d'une oeuvre vise essentiellement à déterminer si celle-ci est plutôt théâtrale ou cinématographique.

Les propositions doivent être envoyées en document attaché au format word aux deux adresses ci-dessous au plus tard le 30 septembre 2010. Nous acceptons les propositions en anglais.

Organisation :
Marguerite Chabrol, maître de conférences en études cinématographiques, marguerite.chabrol@u-paris10.fr

Tiphaine Karsenti, maître de conférences en études théâtrales, tiphaine.karsenti@u-paris10.fr

Équipe de recherche HAR, Histoire des Arts et des Représentations, Université Paris Ouest Nanterre La Défense (Dir. Ch. Biet)


Le colloque aura lieu à l'Université de Nanterre et à l'INHA.

Les réponses seront données début décembre 2010.

Langues du colloque : français, anglais.