Essai
Nouvelle parution
The Poetry of Marceline Desbordes-Valmore and Alphonse de Lamartine

The Poetry of Marceline Desbordes-Valmore and Alphonse de Lamartine

Publié le par Bernard Gauthier

Maternal Echoes: The Poetry of Marceline Desbordes-Valmore and Alphonse de Lamartine, by Aimée Boutin (University of Delaware Press; 248 pages; ISBN 0-87413-727-6; $42.50).

Marceline Desbordes-Valmore et Alphonse de Lamartine, deux poètes dont la renommée littéraire est centrée sur le renouvellement de l'élégie et la naissance de la sensibilité romantique au début du XIXe siècle, ont bénéficié dune postérité bien différente au vingtième siècle. Alors que
Lamartine, qui fait partie du canon poétique traditionnel, a été quelque peu négligé par la critique moderne (surtout aux E-U), Desbordes-Valmore, longtemps marginalisée, tient aujourd'hui la vedette parmi la critique féministe. Différents à bien des égards, les deux poètes se ressemblent
dans leur désir de puiser la source de la voix poétique au sein de la voix maternelle. L'importance de cette voix dans leur poétique remet en question les qualités viriles attribuées au poète romantique (Hugo, Vigny, ou Lamartine) par la critique traditionnelle.
En s'appuyant sur la théorie psychanalytique de Didier Anzieu, Guy Rosolato et Donald Winnicott, cette étude montre que Desbordes-Valmore et Lamartine se font l'écho de la voix maternelle afin de reconsidérer le rôle du corps dans le language poétique.
L'examen de la réception des deux poètes auprès de leurs lecteurs post-romantiques met en évidence quune préconception préjudiciable de la différence sexuelle (gender) oppose la poétique valmorienne à la poétique
lamartinienne. Ce n'est donc pas un hasard si ces lecteurs, ayant lu cette poésie dans leur jeunesse, ont soit imité, soit rejeté leurs voix aïeules, comme des enfants s'identifiant à leurs mères.
Le livre resitue également la poésie de Desbordes-Valmore et de Lamartine dans son contexte historique des années 1830, lorsque l'imaginaire maternel atteint son apogée dans l'idéalisation saint-simonienne et mariologique. Dans les poèmes humanitaires de Recueillements poétiques (1839), Lamartine s'approprie les attributs maternels aux dépends de la femme. Desbordes-Valmore, au contraire, emploie la figure de la mère pour interroger l'image traditionnelle de la
maternité sacrificielle. Les lectures contradictoires possibles de cette figure maternelle dans sa poésie mettent en évidence les contradictions en jeu dans l'interprétation féministe de la mère.
Trois chapitres examinent l'écho maternel chez Desbordes-Valmore et Lamartine en s'appuyant sur les apports de la psychanalyse, la linguistique et l'éthique. Dans la théorie psychanalytique du développement infantile, surtout la théorie du miroir acoustique de Guy Rosolato, l'écho maternel est la voix de l'enfant faisant écho à la mère.
De plus, dans la tradition romantique, l'écho apparaît dans la préface des Voix intérieures, où Hugo définit la fonction du poète en termes éthiques, en tant que responsabilité de répondre à l'autre.
Desbordes-Valmore et Lamartine réagissent à la voix maternelle en l'incorporant au paysage sous forme d'enveloppe sonore. Alors que cette réponse voue Lamartine à un narcissisme fatal, la réaction de Desbordes-Valmore, qui consiste en la réanimation de la voix maternelle par le biais de la relation mère-fille, atteint son point culminant dans l'image du miroir acoustique, partie intégrale de son esthétique de la réciprocité. L'une prolonge l'autre et la voix filiale résonne d'échos maternels.

>Aimée Boutin
>Assistant Professor of French
>Modern Languages, 362 Diffenbaugh
>The Florida State University
>Tallahassee FL 32306-1540
>office tel 850-644-8398 (no voice mail)
>office fax 850-644-0524
>http://www.fsu.edu/~modlang/divisions/french/
>aboutin@mailer.fsu.edu