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Terrorismes (revue Trans-)

Terrorismes (revue Trans-)

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Emilie Lucas-Leclin)

« Terrorismes »

C’est en 1798 qu’apparaît, dans le Dictionnaire de l’Académie française, le terme « terrorisme ». Il renvoie alors, de manière péjorative, à la politique du Comité de salut public durant le régime de la Terreur. Etymologiquement, le terme désigne un « tremblement produit par la peur » (terror, -oris), « qui fait trembler de peur » (terribilis). Lacan rappelle que « [s]i le substantif latin terror n’a pas de rapport étymologique avec terra, qui a donné terrer, l’homophonie fait entendre l’un dans l’autre, et la terreur, étymologiquement reliée au tremblement, s’est chargée de ce sens de réduction à l’immobilité et au silence » (Séminaire V).

Ce silence qu’engendre la terreur peut être articulé à « la récusation du langage » du terroriste. La genèse intellectuelle du terrorisme aurait ainsi partie lié avec une forme de nihilisme (Camus, Glucksmann, L’Heuillet). Si elles sont dépourvues d’une « théorie de la violence », les origines historiques du terrorisme peuvent en revanche être articulées à la révolte des Zélotes, ou encore à celle des Assassins. D’un point de vue juridique enfin, ce sont davantage par ses effets (modifier les comportements de populations civiles) que par ses moyens (poser des bombes, etc.) qu’est défini le terrorisme (Garapon). Et face à la pluralité de ces approches, c’est une rhétorique résistante qui s’élève, celle des terroristes qui « prétendent répliquer, pour se défendre, à un terrorisme d’Etat antérieur » (Derrida et Habermas).

Nous souhaiterions, au sein de ce numéro, nous attacher aux esthétiques et imaginaires artistiques du terrorisme. Comment l’art, et la littérature en particulier, prennent-ils en charge ce tremblement et comment interrogent-t-ils les différents sens qui soutiennent le concept de terrorisme ? On pourra par exemple penser à Dada, dont le nihilisme se manifeste sous la forme d'une explosion de la représentation et du langage, mais aussi à Millenium People de J.G. Ballard et Fight Club de Chuck Palahniuk, qui emploient le motif de l'action terroriste pour proposer une critique de la société consumériste. Au-delà de la fictionnalisation de l'acte terroriste lui-même, et de la réflexion sur ses enjeux, on peut aussi s'interroger plus largement sur la façon dont le terrorisme participe à modéliser l'imaginaire de « l'autre » dans la production artistique contemporaine.  

Par-delà une approche thématique, peut-on parler d’une écriture terroriste ? Quid par exemple d'Antonin Artaud, qui préconise un théâtre semblable à la peste, c'est-à-dire à « une crise complète après laquelle il ne reste que la mort ou une extrême purification » ?

Est-il des oeuvres qui par leurs effets pourraient être articulées à une « posture terroriste », comme pourrait l'être, pour les arts visuels, l'Actionnisme Viennois ?

Si les attentats du 11 septembre ont donné lieu à nombre de productions, et ainsi réactualisé les questionnements à l’endroit d’une esthétisation du désastre, cet appel n’entend pas pour autant s’y restreindre. Exclusif d’aucune période ni d’aucun genre, ce sujet exige en revanche une approche comparatiste. Les propositions de communication (3000 signes), accompagnées d’une brève bibliographie et d’une courte présentation du rédacteur, doivent être envoyées avant le 22 octobre 2012 en fichier word à l’adresse : lgcrevue@gmail.com. Les articles retenus seront à envoyer pour le 15 décembre 2012. Nous rappelons que la revue de littérature générale et comparée TRANS- accepte les articles rédigés en français, anglais et espagnol.

Site de la Revue de littérature générale et comparée TRANS- : http://trans.revues.org

 

Terrorisms”

The term “terrorism” appeared in the Dictionnaire de l’Académie française in 1798. It makes pejorative reference to Public Welfare Committee policy during the Reign of Terror. Etymologically, the term refers to a “trembling produced by fear” (terror, -oris), “causing trembling through fear” (terribilis). Lacan states that “if the Latin substantive terror has no etymological relationship with terra, which gave terrer, the homophony heard in both, and terror, etymologically linked to trembling, is responsible for this sense of reduction to immobility and silence” (Séminaire V).

This silence which engenders terror can also be connected to “rejecting the language” of terrorists. The intellectual genesis of terrorism would have thus been linked to a form of nihilism (Camus, Glucksmann, L’Heuillet). Though lacking a “theory of violence”, the historical origins of terrorism can be associated with the Jewish Revolt, or even with that of the assassins. Finally, from a legal point of view, it is more through its effects (modifying the behavior of civilian populations) than its methods (planting bombs etc.) that terrorism is defined (Garapon). In view of these many approaches, a resistant rhetoric is rising up, one of terrorists who claim to be responding, in self-defense, to a former state terrorism (Derrida and Habermas).

In this issue we would like to focus on the artistic imaginaries and aesthetics of terrorism. How does art, and in particular literature, deal with this trembling, and how do they examine the different meanings that support the concept of terrorism? We could, for example, think of Dada whose nihilism is demonstrated in the form of an explosion of representation and language. We could also think of Millenium People by J.G. Ballard and Fight Club by Chuck Palahniuk, who use terrorist acts to critique consumerist society.

Beyond a thematic approach, can we speak of terrorist writing? What, for example, of Antonin Artaud, who advocates theatre resembling the plague, that is to say, “total crisis after which there is only death or extreme purification”? Are there works which, through their results, could be linked to a “terrorist standing”, as Viennese Actionism could be to the visual arts?

While the attacks of September 11th resulted in a number of publications, and as such a re-examination of the aestheticization of disaster, the call for papers on this topic is open to all periods and genres: the only requirement is that the approach be comparative. Proposals (3000 characters), along with a brief bibliography and a short author’s statement, should be sent before October 22nd 2012 in Word format to: lgcrevue@gmail.com. Selected articles must be submitted by December 15th 2012. As a reminder, TRANS- accepts articles in English, French and Spanish.

 

“terrorismos”

En 1798 aparece en el Dictionnaire de l’Académie française el término “terrorismo”, el cual remite de forma peyorativa a la política ejercida por el Comité de Salvación Pública durante el período del Terror. Etimológicamente, el término designa un “temblor producido por el miedo” (terror,-oris), “que hace temblar de miedo” (terribilis). Lacan recuerda que “[s]i el sustantivo latino terror no tiene ninguna relación etimológica con terra, que dio la palabra terrer (esconderse), la homofonía en francés hace que resuene el eco de la una en la otra; el terror, etimológicamente relacionado con el temblor, se cargó hacia el sentido de reducirse a la inmovilidad y al silencio” (Seminario V).

Este silencio engendrado por el terror también puede articularse con “el rechazo a la lengua” del terrorista. La génesis intelectual de terrorismo estaría de este modo ligada a una cierta forma de nihilismo (Camus, Glucksmann, La Heuillet). Carentes de una “teoría de la violencia”, los orígenes históricos del terrorismo pueden al contrario hallarse en la rebelión de los Zelotes, o incluso en la de los Asesinos. Por último, desde un punto de vista jurídico, el terrorismo se define más por sus efectos (cambiar el comportamiento de la población civil) que por los medios (poner bombas) que utiliza (según Garapon). Y frente a tal pluralidad de enfoques, la retórica de los terroristas que surge es una retórica de la resistencia, la cual “pretende responder, para defenderse, a un terrorismo de Estado anterior” (Derrida y Habermas).

Para el siguiente número nos gustaría centrarnos en las estéticas y los imaginarios artísticos del terrorismo. ¿De qué forma el arte, y la literatura en particular, asumen este temblor, y de qué forma interrogan a los diferentes sentidos que fundamentan el concepto de terrorismo? Podría pensarse en Dada, cuyo nihilismo se hace patente en la forma de una explosión de la representación y del lenguaje, pero también en Millenium People de J.G. Ballard y Fight Club de Chuck Palahniuk, quienes emplean el tema del acto terrorista para criticar a la sociedad de consumo. Más allá de la ficcionalización del acto terrorista en sí mismo, y de la reflexión sobre sus consecuencias, también es posible interrogar de forma más amplia la forma en que el terrorismo participa en la constitución del imaginario del “otro” dentro de la producción artística contemporánea.

Más allá del enfoque temático, ¿es posible hablar de una escritura terrorista? ¿Qué decir, por ejemplo, de Antonin Artaud, quien preconizaba un teatro semejante a la peste, es decir, a “una crisis completa, a la que sigue únicamente la muerte o la extrema purificación”? ¿Hay obras que, por sus efectos, podrían ser vinculadas a una “postura terrorista”, como podría serlo en las artes visuales el Accionismo vienés?

Si los atentados del 11 de septiembre dieron lugar a un gran número de producciones, y por ende a una reactualización de las interrogantes sobre la estetización del desastre, esta convocatoria no pretende limitarse únicamente a ellas. Sin ser exclusivo de ningún período o género, el tema requiere de un enfoque comparatista. Las propuestas de artículo (3000 signos, 500 palabras) acompañadas de una breve bibliografía y de una corta presentación del redactor, deben ser enviadas antes del 22 de octubre de 2012 en documento word o RTF a la dirección: lgcrevue@gmail.com. Los artículos seleccionados deberán enviarse antes del 15 de diciembre del 2012. Recordamos que la revista TRANS- acepta los artículos redactados en francés, inglés y español.