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Terre d'Asile / Terre d'Exil: Perspectives historiques sur le refuge et l'asile dans la France du vingtième siècle

Terre d'Asile / Terre d'Exil: Perspectives historiques sur le refuge et l'asile dans la France du vingtième siècle

Publié le par Cécilia Galindo (Source : Katherine Rossy )

1st Joint QMUL-ULIP Postgraduate Colloquium

Samedi le 10 octobre 2015

University of London Institute in Paris

Paris, France 

                                            [Appel à communications]


       Terre d'Asile / Terre d'Exil: Perspectives historiques sur le refuge et l'asile 
                                   dans la France 
du vingtième siècle

          L'Europe du vingt-et-unième siècle demeure une destination de préférence pour des milliers de demandeurs d'asile, prêts à encourir le risque d'un voyage long et périlleux pour atterrir sur ses rives. Tant que le discours public dans plusieurs pays européens continue à publiciser, politiser et problématiser ces flux migratoires, on pourrait bien reconnaitre l'actualité d'une réflexion sur les implications historiques de l'héritage européen en tant que terre de refuge et d'asile.

          La France ne méconnait en rien ces enjeux. Le pays d'hospitalité vanté déjà par Chateaubriand s'est vu depuis longtemps comme la destination naturelle pour les exils politiques et émigrés tout comme pour les expatriés et réfugiés. Enraciné par deux moments historiques clés, la Révolution Française et la reconstruction de l'après-guerre, le cadre juridique et les structures politico-sociales qui découlèrent des flux migratoires vers l'Hexagone peuvent se considérer comme des influences d'une importance primordiale sur les pratiques et particularités de l'asile en France pendant le vingtième siècle. Les migrations de l'aube du siècle, l'exode rurale et l'immigration coloniale vers la métropole, cédèrent le passage à l'immigration de masse lors de la Grande Guerre et la croissance économique et déficit démographique qu'elle entraina, et les émigrations sociales, politiques et économiques de l'entre-deux-guerres. L'hécatombe de la Seconde Guerre Mondiale engendra à son tour de massives vagues d'expatriation, d'expulsion et de repeuplement qui modifièrent pour toujours la démographie d'Europe, suivies éventuellement par les flux issues de la reconstruction, la décolonisation, l'intégration européenne et la mondialisation. Chacune fut dans sa propre façon une influence déterminante sur la transformation continue de la France, de même que sur la réponse étatique à l'asile et l'exil.

          Bien que le refuge et l'asile soient ancrés dans des contextes historiques bien déterminés, ils s'omettent souvent de l'analyse historique; conceptualisés plutôt sous l'optique anthropologique ou sociologique, leur développement est tout de même subordonné au poids de la conjoncture historique. Tout au long du vingtième siècle l'arrivée en France et l'accueil reçu par d'émigrés, de réfugiés et d'exils servaient comme cadre à travers duquel se pouvait repenser les préoccupations domestiques, y compris l'inclusion ou exclusion sociales ainsi que les droits civiques et la tolération. Or, dans de nombreux domaines l'idée et la pratique d'une 'terre d'asile / terre d'exile' s'agit d'une dichotomie, soit sur le plan sociale, politique, raciale, ethnique, religieuse, sexuelle. De même que la France se présentait habituellement comme pays d'accueil par excellence, elle pouvait également se considérer comme sa propre antithèse, puisque le débat autour de l'exil et de l'immigration posait souvent des limites à la tolération, tout en naturalisant ses déficiences. Quoique la France du vingtième siècle se soit manifestée pour d'aucuns comme un refuge économique, politique et culturelle, d'autres lui connurent comme pays de déportation et de persécution, d'extrêmes politiques et d'extrémisme, d'occupation et de collaboration. Cette binaire intrinsèque de la France comme pays de tolération et de persécution, et les enjeux que cet héritage présente aux questions contemporaines, peuvent se traduire dans un cadre d'analyse historique, et pourraient servir de thème fécond pour la recherche historique. 

          La Faculté d'Histoire de Queen Mary University of London (QMUL) et l'University of London Institute in Paris (ULIP) s’unissent pour organiser leur premier colloque qui aura lieu à Paris, samedi le 10 octobre 2015. Il nous fait plaisir d'annoncer que Professeur Gérard Noiriel, le directeur d’études à l’EHESS et la référence sur l’histoire de l’immigration en France, prononcera le discours d'ouverture. 

          Tout doctorant ou jeune chercheur, dont le sujet porte sur le thème de la France comme pays de refuge pendant le vingtième siècle, sont invités à soumettre des propositions en langue française ou en langue anglaise. Des propositions pluridisciplinaires d'aspect historique seront également encouragées.

Parmi les thèmes possibles, nous proposons à titre indicatif les suivants:

  • Pratiques et particularités sociales, économiques, institutionnelles et juridiques de la demande d'asile en France.
  • Les trajectoires et flux migratoires de demandeurs d'asile, réfugiés, exils, expulsés et émigrés.
  • Le déracinement, le déplacement et l'expulsion dans le cadre de guerre et d'après-guerre.
  • La démographie, le dépeuplement et la politique d'immigration.
  • La dénaturalisation et l'aliénation des droits.
  • Discours et pratiques d'hospitalité et d'hostilité dans la société française.
  • Décolonisation et migration postcoloniale.
  • Politique d'intégration et nativisme envers les colonies d'expatriés et communautés d'immigrés.
  • Intolérance, xénophobie, homophobie.
  • Évasion et expression politique, culturelle et personnelle.

Les intéressés soumettront leur proposition (500 mots max.) accompagnée d'un titre provisoire et d'une courte biographie à k.rossy@qmul.ac.uk avant la date limite du 15 juillet 2015. Les propositions acceptées seront communiquées par e-mail avant le 31 juillet 2015.