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Temps-réel, Tempsréel(s)

Temps-réel, Tempsréel(s)

Publié le par Florian Pennanech (Source : Marion Delecroix)

temps-réel ; tempsréel(s)


Consacrée aux études cinématographiques et audiovisuelles, la revue électronique www.lignes-de-fuite.net dédie son troisième numéro hors-série aux Arts plastiques. Ce numéro propose d’interroger la notion de temps-réel, sa prégnance au sein des productions plastiques contemporaines (tous médiums confondus), et au-delà, le dialogue singulier entre temporalité(s) et réalité(s) par le biais des oeuvres.

Plusieurs pistes pourront être explorées :

Instantanéités : modes de production en temps-réel
Si les techniques photographiques et cinématographiques entretiennent déjà l’idée d’un rapport “instantané” à la réalité, l’absence de délai de développement dans les technologies dites électroniques et numériques induit à la fois de nouvelles pratiques et de nouvelles
perceptions du temps. Dès les premières expérimentations de l’art vidéo dans les années 1960 et 1970, l’exploration par les artistes des diverses possibilités de filmer, retransmettre et mixer les images en temps réel invite les spectateurs à se confronter à des modalités temporelles renouvelées, y compris dans la réception des oeuvres. Depuis lors et jusqu’à l’avènement de l’informatique – où le traitement en temps-réel désigne le résultat, en apparence immédiat, d'un calcul – la modification des données temporelles frôle parfois le fantasme ubiquiste. L’Internet et la téléphonie mobile accentuent cet état de fait en interrogeant l’instantanéité dans ses rapports avec la simultanéité (les prises de vue sur le vif et leur diffusion à échelle mondiale, l’usage des réseaux sociaux, etc.).

Temps-réel et réel(s)
Si l’on considère le temps comme un facteur essentiel de notre rapport au réel, il convient aussi d’en définir les diverses incidences du point de vue artistique. Différents régimes temporels sont à l’oeuvre : d’une part, le temps de la production varie d’un médium à l’autre
et, d’autre part, la réception peut s’accompagner d’un mythe de saisie instantanée – la vue étant traditionnellement considérée comme le sens de la saisie globale immédiate. Concernant le numérique, l’image entretient un lien paradoxal avec son “référent” : la haute définition, la fidélité de la résolution, la possibilité d’augmenter le nombre d’images par secondes et,
parallèlement, les possibilités accrues de métamorphose de l’image et du son coïncident souvent avec un souci de réalisme, voire d’hyperréalisme. Que l’on songe également au statut ambigu du documentaire, au caractère éphémère de certaines propositions, au recours à l’archive ou au développement d’univers virtuels : ce sont autant de partis pris quant à l’émergence de “réels” les plus divers qui se dégagent.

Latences et temps différés
L’avènement du temps-réel conduit nécessairement à s’interroger sur ses failles, sur les écarts potentiels et concrets dans lesquels peuvent s’insinuer des laps de temps variables. La réponse d’un organisme à une impulsion nerveuse comprend inévitablement un délai d’inertie, quand bien même celui-ci ne représenterait qu’un millième de seconde. Un temps de latence demeure inhérent à ce “temps-réel” qui, sans lui, ne serait peut-être qu’un concept. Les oeuvres jouent de telles ambiguïtés. L’imaginaire de la synchronie se double alors d’une désynchronie – que cette dernière procède par lenteurs ou par arrêts, par compressions, par interférences ou décalages. En outre, le temps différé qui est celui du sujet (traitement de l'information par la mémoire, après-coup, retour du refoulé) relève d’une tension similaire entre médiat et immédiat, flux et reflux, imminence et retours. Les récits s’élaborent via les interstices et les ruses du montage ; le diégétique se frotte aux circonvolutions et à l’ellipse. La supposée globalisation du “présentisme” s’ouvre ainsi à la coexistence de temporalités plurielles, l’oeuvre agit alors comme un palpeur de durées.

Formes du temps
Le temps – qu’il soit a priori kantien ou forme de la conscience pour Maimon – participe d’un système de représentation. Sa mesure et sa saisie impliquent organisations et mises en forme spécifiques (linéarité, circularité, spirales, etc.). Le passage du temps liturgique médiéval à un temps historique au Quattrocento, par exemple, accompagne une nouvelle conception de l’espace pictural : on peut ainsi considérer que le système figuratif de l’imitation permet de mesurer le temps et de le “commensurabiliser”. Si l’hypothèse d’une dimension strictement épochale ou géographique du temps demeure insuffisante, l’évolution des modèles temporels
artistiques, technologiques et scientifiques ne manque pas d'impacts formels et symboliques forts. Quels liens entretiennent alors les systèmes de représentation du temps mis en place dans les oeuvres avec la contemporanéité – la leur, comme la nôtre ? L’interrogation de ces formes de saisie peut de fait avoir pour corollaire une réflexion sur une méthode d’analyse des oeuvres.


Modalités :

Les propositions de contribution (3000 signes, espaces compris) sont à envoyer avant le mercredi 15 janvier 2012 à l’adresse suivante: ldf.tempsreel@gmail.com.

Après décision du comité de lecture, les auteurs retenus disposeront de trois mois pour remettre leur article d’une dizaine de pages. Le numéro paraîtra en septembre 2012.