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Appels à contributions
Technique (Romantisme)

Technique (Romantisme)

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Alain Vaillant)

« Technique »

Appel à contributions pour le n°2010-4 de Romantisme. Revue du XIXe siècle

Romantisme consacrerason dernier numéro de l'année 2010 à la technique, sujet que la revue a souventabordé de biais (La machine fin de siècle,n°41, Sciences pour tous, n°65, L'idée de progrès, n°108) mais jamaisfrontalement, c'est-à-dire sur la base de la distinction entre science ettechnique. On ne prétend pourtant plus aujourd'hui que la littérature du XIXesiècle soit « passée au travers des révolutions techniques sans se soucierd'autres techniques que des siennes propres » (A. Thibaudet). On a mêmedépassé l'alternative, fondée sur la réduction des textes à l'exposé d'uneopinion préconstituée et sur la disqualification de l'utopie d' « unmonde toute circulation et tout amour dont les chemins de fer sont lesartères » (Hugo), qui l'enfermait entre, d'une part, un« scientisme généreux et simplet, attendant béatement de la science toutesaméliorations individuelles et sociales » grâce à ses applications techniques(J.-J. Bridenne) et, d'autre part, un romantisme enténébré, tournant les tablesdans l'ombre de la « grande barbarie éclairée au gaz » (Baudelaire).Des révolutions techniques la littérature du XIXe siècle s'est souciée sansconfondre, au contraire des vulgarisateurs de l'époque, les « merveillesde la science » et la technique elle-même. Des siennes propres sansréduire, au contraire des promoteurs de l' « union des arts et del'industrie », la « modernité » à une rénovation des décors etdes thèmes de la poésie ou du roman. De nombreux travaux ont montré depuistrente ans que la littérature du XIXe siècle a dû « compter avec »(Zola) la civilisation technicienne. Elle a ainsi travaillé à acculturer desobjets étrangers à la plastique et à la mythologie patrimoniales (lesmachines) ; à fonder en légitimité esthétique et cognitive des expériencesinédites (le voyage en train) ; à penser comme principe d'institution d'unancien et d'un nouveau régimes de la technique, et de ses rapports avec lascience, la politique, l'économie et la religion, cette révolution globale quefurent la Révolution française et la révolution industrielle ; à mesurer,enfin, combien la littérature est « conditionnée » par« l'évolution des techniques qui modifient les rapports de l'homme avec lemonde » jusque dans son « fonctionnement » (M. Milner).

Aujourd'huise développent des recherches plutôt attentives - outre au cas très particulierde la photographie - aux rapports entre la littérature du XIXe siècle et lessavoirs qu'elle « met en texte » ou produit. La subordination de latechnique à la science, la péremption de l'utopie techniciste, la nécessité deréorienter la lecture des oeuvres de Zola ou de Verne, mais aussi les exigencesde la reconnaissance institutionnelle de la recherche, ont conduit à un relatifabandon de ces perspectives, insuffisamment explorées pourtant, où se sontconstruites les relations de la technique et de la littérature. On se proposede les rouvrir et au besoin de les compléter ainsi :

1) La présence desréalités techniques dans la vie quotidienne (technicité du travail, spectacledes travaux relatifs à l'haussmannisation, progrès de l'éclairage public etdomestique, aménagements pratiques en matière d'hygiène privée, développementsde la mesure du temps) et leurs conséquences sociales et individuelles.

2) La chronologie etla logique de la subordination croissante des techniques aux sciences tellesqu'on les a conçues dans les entreprises d'histoire ou de vulgarisation detoute nature, dans les premiers développements de l'enseignement technique,dans la « technologie » entendue au sens strict.

3) Le topos du progrès technique dans larhétorique du discours politique, et sa capacité à articuler Révolutionfrançaise, révolution industrielle et construction de la communauté nationale.

4) La mobilisationd'images, de catégories et de concepts empruntés à l'univers technique, passéou contemporain, dans la représentation d'événements et de processushistoriques, politiques, sociaux, esthétiques ou intellectuels.

Les propositions deshistoriens (histoire sociale et culturelle, histoire des sciences et destechniques) seront bienvenues, ainsi que celles qui, en littérature,s'attacheront à la première moitié du XIXe siècle et/ou à d'autres genres quele roman ou le manifeste poétique et s'obligeront à des approches nonmonographiques.

Les propositions de contribution sont à adresser avant le 30juillet 2009 à David Charles (davidcharles@wanadoo.fr). Les articles issus despropositions retenues seront soumis à la revue en mars 2010.