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Appels à contributions
Style, altérité et mutations dans la langue

Style, altérité et mutations dans la langue

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Maha Ben Abdeladhim)

COLLOQUE INTERNATIONAL

UNIVERSITE DE TUNIS

EN PARTENARIAT AVECL'UNIVERSITE D'ANVERS

STYLE,ALTERITE ET MUTATIONS DANS LA LANGUE

Académie tunisienne desLettres, des sciences et des Arts Beït al-Hikma

Carthage Hannibal

Comitéscientifique

Samia KASSAB-CHARFI (Universitéde Tunis) – Nabiha JERAD (Université de Tunis)

Elisabeth MUDIMBE-BOYI (StanfordUniversity) – Kathleen GYSSELS (Université d'Anvers)

Kamel GAHA (Université deTunis)

Philippe MOGENTALE (Institut Français de Coopération)

Justin BISANSWA (Titulairede la Chairede Littératures postcoloniales – Université de Laval - Québec)

Jean BERNABE (Université desAntilles-Guyane)

Comitéd'organisation

Olfa Abdelli, Maha Ben Abdeladhim, AsmaChiboub, Maha Abid, Raouf Medelgi, Hind Soudani, Jihen Souki

APPEL ACOMMUNICATIONS

L'Université de Tunis organisera au mois defévrier 2009 un colloque international qui regroupera des chercheurs dediverses disciplines des sciences humaines et sociales autour du thème « Style, altérité et mutations dans lalangue ».

Dans son roman Malemort(1975), Edouard Glissant écrit :

Ils pratiquaient sans hiatus nitremblement ce change (comprenant peut-être dans l'avenir qu'il fallaitentendre changez le mot et sans tremblement ni césureentreprendre le neuf langage – quel ? – et à peine et sueur et douleur eten ivresse de descente balancer sa syntaxe dans les herbes des deux côtés.

Il y a 18 ans, Judith Butler faisait paraître unouvrage qui allait remettre en question les cloisonnements catégoriels desgenres et la notion même de genre inné (Trouble dans le genre. Pour unféminisme de la subversion, traduit en 2005, Paris, la Découverte). Dans lechamp des lectures stylistiques, au-delà des travaux qui ont reposé les termesde la discipline en en rappelant l'historique, se sont appliqués à en suivreles évolutions (G. Molinié, D. Combe) ou en ont proposé, comme J.-M. Adam, une reconception,il est temps de faire ce constat de la quasi inexistence d'études, manuels etmonographies consacrés à des corpus appartenant aux littératures ditesfrancophones. L'idée de ce colloque est née de ce creux qui attend ; ellevoudrait de plus s'étendre à une investigation des manières singulières et desprofils particuliers dessinés par les tenants de ces littératures, ancrées dansdes lieux-temps dérivés des axes principaux, quoiqu'en constante référence àeux. Pour paraphraser J. Butler, y a-t-il, avec ces littératures, ou dumoins dans certaines de leurs expressions, « trouble dans lalangue » ? Comment, aussi, faire le lien entre une stylistiquepost-structuraliste et ces littératures de la postcolonialité ?

L'avènement de l'altérité dans et par le styles'accomplit-il via une altération plus ou moins visible, plus ou moinsrevendiquée de la langue – c'est-à-dire en entrant en conflit avec elle? De quelle manière le style figure-t-il, dansla gestion de ses normes spécifiques et la diversité des reliefs etcontre-reliefs qu'il dessine, sous l'apparence d'une continuité ou en termes defranche rupture, l'expérimentation des altérités ? Cette expérimentationpeut avoir lieu au sein de littératures nationales ou de celles dites de l'intranquillité (Fernando Pessoa) – celles-là mêmes quiimprègnent et investissent une autrelangue (la bi-langue de A. Khatibi), ou en tout cas une languecensée être autre, c'est-à-dire seconde, ou étrangère, oubliée ou mise à distance ? L'usage de cette langue féconde pourtant uneidentité singulière, et surtout fait émerger une autre idée de l'identité où se négocie un rapport nouveau entre le Même et l'Autre. Le style assure-t-ilsereinement cette expérimentation ou en incarne-t-il, par ses accidents, lacrise ? Dans les aires de turbulences de biculturalisme ou de bilinguisme,son exercice s'accomplit-il plus particulièrement au risque de la langue ?

Cesquestionnements traduisent des problématiques partagées par des communautés auxunivers de croyance et de connaissance hétérogènes et devraient permettre dedégager des pistes de réflexion multiples, mais surtout connexes, en relationavec le style. Celui-ci est potentiellement générateur d'une esthétique etd'une ontologie, et fédère une configuration rhétorique singulière, où chaqueélément de valorisation artistique peutconcrétiser l'Autre dans la langue, l'Autre vecteur de métamorphose ou l'Autreexotique.

Les communications pourront s'articulerautour des pistes de réflexion suivantes :

1. L'Altérité dans la langue :Pureté, impureté de la langue. Stylistique de l'altérité. Comment concevoir des reconfigurationsnouvelles de ces concepts stylistiques, sémiotiques et esthétiques, en relationavec l'évolution des nouvelles formes sociétales (élargissement des notions defamille, de nation, de racine, de culture, d'histoire, de frontière) et/ou avecune relecture des modèles historiques? Comment considérer que, avecl'émergence et la confirmation qualitative des littératures périphériques,les notions de norme (par rapport à la langue d'un centre prescriptif – qu'ils'agit aussi de redéfinir, comme réalité ou comme utopie) et d'écart sont aussidevenues caduques ?

2. Dans les littératuresfrancophones : les altérations sémantiques comme fissuration dumonolithisme lexicographique et mise en échec du modèle monosémique d'une part,comme étape liminaire de la revivification des mots et concepts d'autre part.

3. Les traversées des langues, les entrecroisements et imprégnationslinguistiques (sémantique interlinguistique) ou le style enexpérience (expérimentation) de porosité linguistique :

- altération et mélanges historiques : le casde la lingua franca, de l'aljamia, des créoles méditerranéens.

- repenser la diglossie et ses accidents

- éprouver l'écriture,le discours littéraire comme un chargement – transfusion, interdépendance, transversalité ?– de plusieurs langues en une, et apprécier ces manières de chargement dans ladensité de la matière scripturale. En somme, une stylistiqueinterlinguistique ou interculturelle est-elle une réalité ou une fiction ?

4. L'altération de la langue dans les pratiques langagières spécifiques(ou même expressions artistiques et musicales telles que le Rap, le Raï…): parexemple le verlan, l'argot, le slam, etc…

Veuillez envoyer votre proposition de communication (15 lignes aumaximum) accompagnée d'un bref CV, au plus tard le 30 octobre 2008, aux adressessuivantes :

samiakassab@yahoo.fr

boyi@stanford.edu