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Nouvelle parution
Stéphane Gioanni (éd.), Ennode de Pavie, Lettres, Livres III et IV

Stéphane Gioanni (éd.), Ennode de Pavie, Lettres, Livres III et IV

Publié le par Vincent Ferré (Source : Les Belles Lettres)


Ennode de Pavie, Lettres, tome II (livres 3 et 4), introduction, texte latin,traduction et notes de Stéphane Gioanni, Paris, Les Belles Lettres, 2010, XXXVI - 207 p., 45 €

La Correspondance d'Ennode de Pavie (473-521)est un témoignage exceptionnel sur l'histoire de l'Italie ostrogothique et surl'évolution du genre épistolaire au VIe siècle. Le tome I, publié en2006*, comprenait les 54 lettres des livres 1 et 2 ; le tome II, publié en2010, contient les 69 lettres des livres 3 et 4, précédées d'une brève introduction,d'une chronologie et d'une mise à jour bibliographique. Ces épîtres ont été écrites pour l'essentiel entre 502 et 507. EnItalie, le contexte historique est marqué par le règlement du schismelaurentien qui vit s'affronter, à travers l'élection simultanée en 498 de deuxpapes (Symmaque et Laurent), deux conceptions opposées de l'Église et del'autorité romaine. Plusieurs épîtres des livres 3 et 4 évoquentdirectement l'engagement d'Ennode, alors diacre de Milan, en faveur deSymmaque. Les épîtres réunies dans ce volume évoquent aussi une multituded'affaires (concernant les esclaves, la culture profane et des contentieuxentre laïcs et clercs) qui révèlent l'attachement de la société romano-gothiqueaux pratiques culturelles, sociales et juridiques héritées du monde romain.

Tout ens'inscrivant dans la tradition des lettres de direction morale, lesépîtres d'Ennode se rattachent à la traditionaugustinienne qui considérait l'amitié comme une relation favorable à la viechrétienne. Pour Ennode, la conversion de l'antique « religion desamitiés » construit les bases d'une société idéale qui se confond avec lenouvel ordre romano-gothique. Lamultiplication des « pactes » juridiques et moraux révèle unenouvelle perception de l'organisation économique et sociale qui trouve sesracines dans la tradition biblico-patristique. La répétitionostentatoire des sentiments, quiembrasse parfois le champ sémantique de l'affection jusqu'à saturation,ne reflète pas un simple esprit courtisan. La caritas épistolairecontribue à la formation d'une « culture de cour » (celle du roi deRavenne) qui favorise le sentiment d'appartenance à l'élite et pacifie lesrelations entre l'ancienne noblesse impériale, les nouveaux maîtres de l'Italieet les Églises du premier Moyen Âge.

*pour mémoire :

Tome 1 : Livres I et II, CXCVIII - 282 p., 45 €
ISBN-10 2-251-01443-8 / ISBN-13 978-2-251-01443-2