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Spectacle et allégorie du Moyen Age à nos jours

Spectacle et allégorie du Moyen Age à nos jours

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Julie Ridard)

Spectacle et allégorie du Moyen-âge à nos jours

Journée d'études interdisciplinaire

MC 2 de Grenoble

Mardi 26 Octobre 2010

Organisée par Martial Poirson

En partenariat avec le Centre dramatique national des Alpes,

la MC2 de Grenoble,

l'UMR LIRE-CNRS,

la Maison des Sciences de l'Homme de Grenoble,

l'Ecole doctorale de l'université Stendhal-Grenoble III

L'histoire du spectacle n'a pas ménagé la place qui lui revient à l'allégorie dramatique, personnification d'un concept abstrait dont l'invention remonte à Aristophane. Ce « théâtre des idées », selon l'expression d'Antoine Vitez, naît pour le domaine français dès le Moyen-âge au sein du théâtre sacré ; puis il apparaît dans le théâtre comique entre le XVIe et le XVIIIe siècles ; enfin, on le retrouve jusque dans le théâtre de propagande au cours du XXe siècle… Pourtant, fort d'une lecture biaisée de théoriciens tels que Walter Benjamin ou Michel Foucault, on croit volontiers l'allégorie oubliée avec l'entrée dans la modernité, liquidée avec l'héritage baroque, qui l'avait placée au coeur de sa poétique, perdue de vue depuis la fin des mystères et du théâtre sacré, à l'aube du classicisme français. N'ayant pas survécu au déclin d'une certaine théologie médiévale, qui était parvenue à instaurer une relation ontologique ou pour le moins, homologique entre l'idée et son incarnation, elle serait entrée dans un long sommeil dogmatique. Seul le XXe siècle aurait su l'en tirer, d'abord avec le théâtre symboliste et expressionniste (Maeterlinck, Claudel, Strindberg), puis, dans un paradoxe qui n'est qu'apparent, avec le théâtre militant, en particulier allemand, soviétique et anglais (Agit Prop ; Bread and Puppet). Or cette idée convenue occulte allègrement la survivance de l'allégorie dans le théâtre sacré (en particulier l'auto sacramental espagnol, notamment chez Calderòn, dont l'influence sur la scène française est fondamentale), ainsi que sa profonde fécondité dans le théâtre profane. C'est cette idée reçue que nous voudrions remettre en cause en exhumant un répertoire oublié d'une richesse et d'une variété peu communes, susceptible de nourrir une conception renouvelée des arts de la scène.

« Genre mineur » ou plutôt « mauvais genre » pratiqué aux marges de l'institution, le théâtre d'allégorie, souvent parodique, satirique et subversif, procède volontiers au détournement du répertoire consacré et des formes canonisées. Il se saisit de l'actualité sociale et politique prise sur le vif comme des discours de savoir pour les mettre en jugement sur une scène théâtrale constituée en espace public délibératif, voire oppositionnel. Il propose moins l'évocation de mondes possibles, comme dans les formes allégoriques romanesques, discursives ou picturales, que le réexamen critique du monde réel, considéré à travers un dispositif de prisme déformant. Les pièces allégoriques se font donc l'écho, non seulement d'événements précis, historiquement datés et clairement identifiables par le public, mais encore d'un état de la conscience collective et de débats idéologiques mis en examen au moyen d'un solide système sémiologique à entrées multiples reposant sur différentes lectures à clefs.

Loin de toute forme de théâtre à thèse, le répertoire allégorique repose sur une écriture au second degré propice au métathéâtre à vocation autoréflexive. Il révoque en doute toute illusion consentie de la part du public, renégociant sans cesse le pacte de fiction avec le spectateur. Parfaitement inscrit dans l'esthétique et dans les grands courants idéologies de son temps, il relève d'une écriture de la discontinuité, de la fragmentation, du mélange des genres et des modes d'expression producteur d'oeuvres hybrides (échappant, dans une large mesure, aux règles canoniques) caractéristiques des « arts mêlés » (mariant de façon tantôt harmonieuse, tantôt burlesque déclamation, chant, danse, musique, effets spéciaux) et bien souvent, d'un certain type de théâtre en musique.

On concentrera notamment, mais pas exclusivement, l'analyse de l'allégorie dramatique sur les questions suivantes :

  • Rapport aux autres formes d'expression allégorique, qu'elles servent de modèle et de source d'inspiration, comme la peinture ou la rhétorique, ou de partenaire de la création, comme la danse ou la musique ;
  • Poétique et enjeux théoriques de ses régimes d'illusion et de créance ;
  • Enjeux esthético-idéologiques et discours de savoir véhiculés ;
  • Conditions de mise en scène et pratiques de représentation ;
  • Conditions de réception, d'interprétation, modes de lecture.



Prière de faire parvenir vos propositions de communication, comprenant un titre, une page de présentation et votre affiliation institutionnelle, avant le 30 juin 2010 à Martial Poirson (martial.poirson@yahoo.fr) et à LIRE Secrétariat (umrlire@u-grenoble3.fr ).