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Souriez, vous êtes surveillés

Souriez, vous êtes surveillés

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Le 7 novembre dernier, Fabula était le premier site à rendre public le texte d'un inquiétant appel d'offres - émanant des ministères de l'Education et de l'Enseignement supérieur - pour une "veille de l'opinion", en particulier sur les sites internet "commentateurs" de l'actualité. Nos ministres veulent "repérer les leaders d'opinion", les "lanceurs d'alerte", "analyser leur potentiel d'influence et leur capacité à se constituer en réseau", "décrypter les sources des débats et leurs modes de propagation" et "anticiper et évaluer les risques de contagion et de crise". Flicage? Fichage? Ou simple extension à Internet des traditionnelles revues de presse, (afin d'adapter la propagande ministérielle)? Le Monde prend l'affaire au sérieux. Libération se fait l'écho des messages "rassurants" de Xavier Darcos, obligé de répondre devant l'Assemblée nationale, qualifiant les vives et nombreuses réactions suscitées par la nouvelle de "vraies hantises et purs fantasmes". Dans Libération toujours, Stéphane Mahon, dirigeant de la société i&e Décision qui assure depuis deux ans la "veille de l'opinion", explique le sens de son travail et veut récuser l'accusation de flicage. Mais que sait ce M. Mahon de l'utilisation par les ministères des informations que sa société leur transmet pour quelques dizaines, sinon centaines, de milliers d'euros? Certains prennent la chose avec humour, tel Daniel Mermet dans son émission radiophonique (France Inter) ou encore Olivier Ertzscheid, qui se dénonce à son propre ministère. Continuons à rire tant qu'on le peut encore, mais la crise de confiance que révèle cette affaire semble être installée d'autant plus durablement que les approximations et les "petits arrangements" de nos ministres avec la vérité exaspèrent de plus en plus. Les récents témoignages de réfractaires à la base élèves ne contribuent par ailleurs pas à rassurer.