Édition
Nouvelle parution
Sido, Lettres à Colette, 1903-1912. Suivies de vingt-trois lettres à Juliette

Sido, Lettres à Colette, 1903-1912. Suivies de vingt-trois lettres à Juliette

Publié le par Marc Escola

Lettres à Colette, 1903-1912 - Suivies de vingt-trois lettres à Juliette
Sido

Gérard Bonal (Annotateur)

DATE DE PARUTION : 20/09/12 EDITEUR : Phébus (Editions) COLLECTION : Littérature française ISBN : 978-2-7529-0747-9 EAN : 9782752907479 PRÉSENTATION : Broché NB. DE PAGES : 562 pages


Ces quelques quatre cents Lettres à Colette, envoyées par sa mère Sido entre 1903 et 1912 et accompagnées d'un appareil critique sont une évocation mordante de l'époque, mais aussi une formidable manière d'entrer dans l'intimité d'une mère et de sa fille Colette. De fait, cette dernière aura fait d'elle l'un des personnages essentiels de la littérature française. Adèle Eugénie Sidonie Landoy, dite Sido, née en 1835 à Paris, mariée une première fois en 1857, épousa en seconde noce Jules-Joseph Colette dont elle eut deux enfants.
Sidonie Gabrielle, dite Colette, surnommée s Minet chéri n dans toutes les lettres signées de sa mère, naquit le 28 janvier 1873. Sido, présente dans plus de 14 ouvrages de sa fille, aura été une mère à nulle autre pareille, une belle-mère plus commune, et une femme à la position revendiquée de libre penseuse. Sa fille la fit entrer dans l'éternité littéraire avec La maison de Claudine, La Naissance du jour ou...
Sido. Figure de l'amour maternel, Sido s'éteignit à l'âge de 77 ans dans le Loiret.

 

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Sur lefigaro.fr, on pouvait lire un billet consacré à cette édition, par F. Dargent:

"Les lettres de Sido à sa fille révèlent une mère aimante et autoritaire, admiratrice des oeuvres littéraires de Colette mais moins encline à la voir sur scène.

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Elle ne l'appelait jamais Colette ni même Gabrielle mais usait de mille petits noms pour la qualifier, «mon minet chéri», «mon toutou célèbre», «trésor», «mon gnou»… Il lui en fallait des sobriquets pour débuter une autre lettre deux jours après la précédente et réclamer encore et encore des nouvelles. Sido, «ma chère mère poule», aurait pu répliquer sa fille si les conventions de l'époque l'y avaient autorisée. Car Colette répondait beaucoup, même si ce n'était pas assez promptement au goût de la vieille dame. Si la correspondance de Colette à sa mère a disparu, probablement brûlée par son frère aîné en représailles - Colette n'assista pas aux obsèques de Sido -, il reste les nombreuses missives écrites par la mère à sa fille, entre 1903 et 1912, date de sa mort. On les découvre dans cette nouvelle édition de Gérard Bonal, qui respecte le corpus et rétablit la chronologie tout en offrant son regard de fin connaisseur.

«Comment peux-tu...?»

Colette a déjà quitté sa mère, dans ces premières lettres. Elle vit en partie avec sa maîtresse Missy et débute une carrière dans le music-hall. «Quel dommage quand on a un talent d'écrivain comme le tien d'aller danser au théâtre», commente sa mère avant de s'en offusquer: «Comment oses-tu poser ainsi presque nue…», et d'ajouter, perfide, en citant la petite-nièce de Colette: «On lui voit tout à ma tante dit Geneviève.» Et toc! Maman qui continue de veiller sur sa nichée ne se prive pas de donner des coups de bec. Celui qui en prend pour son grade est d'abord cet ingrat de Willy, son mari, qui ne manque jamais de se faire écorner: «Ce que Willy doit rager. Je voudrais voir sa tête.» Car Sido reste vigilante pour deux. «J'ai aperçu en vitrine Les Égarements de Minne du seul nom de Willy. Est-ce que c'est autorisé par toi?» S'y dessine le visage d'une mère aimante mais autoritaire, lui témoignant une affection un brin étouffante. «Écris-moi vite!», martèle-t-elle en une pression sans cesse renouvelée, et l'on comprend la fille qui tardait parfois à rendre visite. Colette répond à sa façon, prodigue et généreuse. Sido remercie pour les ananas, les pruneaux, les chocolats, les photographies, les coupures de presse, le roman d'Édith Wharton, les manuscrits livrés avant parution et l'argent mensuel que lui envoie sa fille.

Fidèle supportrice, Sido ne cache pas son admiration pour son travail d'écrivain. Elle révèle sa liberté d'esprit et une curiosité à toute épreuve, rares chez les femmes de sa génération. Tout l'intéresse, voire l'enchante: «Je suis contente que tu aies assisté à un départ d'aéroplanes. Voilà ce que c'est que de venir au monde dans un siècle de progrès», «Ah! tu vas visiter des fumeries d'opium, C'est intéressant à voir…» Elle, de son côté, livre les nouvelles de la maisonnée, des frères, soeurs, neveux et nièces, des voisins qui passent la voir ou trépassent alentour. La chatte ne cesse d'avoir des chatons, des perroquets sont adoptés, les salades sont plantées, les nièces font leur communion, des galettes embaument dans la maison pleine de courants d'air. Cette Sido-ci, pleine d'humanité tangible, a depuis longtemps été remerciée dans le mausolée littéraire que sa fille lui a confectionné. Ce fut sa plus belle réponse."