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Séminaire "Topographie de la violence" (Paris Sorbonne)

Publié le par Adeline Lionetto

Quelle pensée du monde avaient les écrivains du XVIe siècle ? Dans quel espace géographique faisaient-ils se mouvoir leurs héros ? Pas dans les livres seulement, mais aussi dans les cartes et les atlas. Et puis, tout d’abord, dans l’espace réel où ils vivaient et où ils se déplaçaient. La topographie est une assise stable, plus bornée assurément que la géographie ou la cosmographie qui, à plus petite échelle et vues de loin, paraissent immobiles et pérennes.

Comment la violence s’incruste-t-elle dans la topographie ? Comment émerge-t-elle de l’accident de terrain, comment surgit-elle en définitive du sol ? À tout moment, partout, elle fuse, elle jaillit, elle trouble, jetant la désolation dans les paysages les plus paisibles, les milieux les plus divers et les plus restreints. Éparpillée, subite, cette violence échappe à la prise. D’urgence il s’agit de la maîtriser ou, au contraire, en une envolée prophétique, de la généraliser, de l’annoncer immédiate et universelle, dans l’annonce de la fin des temps, laquelle achève et apaise (?) tout. Du bocage provincial à Paris tumultueux, l’espace s’élargit à la France entière et à toute l’Europe de la Renaissance, sans oublier le Nouveau Monde en train d’être découvert et dépeuplé. La géographie de Rabelais est un terroir aux fortes saveurs, mais c’est aussi un archipel fantastique dans le sillage des grandes navigations et des récentes découvertes, un « grand Insulaire » en définitive. Sur l’autre versant du siècle, celui que trace Montaigne dans Les Essais, des « Cannibales » aux « Coches », le tableau n’est guère plus rassurant. Y règnent le paradoxe et les dispositifs ironiques ; s’y déploient les géographies imaginaires ou parodiques. Notre modernité s’y découvre, l’espace d’un monde en crise s’y révèle.

Le déroulement du séminaire ne sera pas strictement chronologique. Il ne s’interdira ni les chemins de traverse ni les perspectives cavalières, de manière à susciter des rapprochements dans l’espace et le temps pointant jusqu’à notre modernité.

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Calendrier des séances

du 1er semestre (septembre-décembre 2016)

• Jeudi 22 septembre 2016 : Introduction.

• Jeudi 29 septembre 2016 : Adeline Lionetto (Paris-Sorbonne), « Topographie de la violence dans le cartel, genre poétique associé au tournoi (XVIe siècle) ».

• Jeudi 6 octobre 2016 : Frank Lestringant (Paris-Sorbonne), « Rabelais et la violence joyeuse ».

• Jeudi 13 octobre 2016 : Tom Conley (Harvard), « Entre caractère et caricature : lire les Histoires diverses qui sont mémorables touchant les guerres, massacres, & troubles advenus en France en ces dernieres années (1570) de Jean Perrissin et Jacques Tortorel ».

• Jeudi 20 octobre 2016 : séance à déterminer

• Jeudi 3 novembre 2016 : Goulven Oiry (Université de Paris-Diderot), « Topographie de la violence dans la comédie de 1550 à 1650 ».

• Jeudi 10 novembre 2016 : Nina Hugot (Paris-Sorbonne), « Imaginaires géographiques dans la tragédie du XVIe siècle ».

• Jeudi 17 novembre 2016 : Nicolas Kies (Paris-Sorbonne), « Espace et sociabilité du voisinage chez les conteurs français du XVIe siècle ».

• Jeudi 24 novembre 2016 : Marcela Popescu (Paris-Sorbonne), « La Reine Margot de Dumas ».

• Jeudi 1er décembre 2016 : Alexandre Tarrête (Paris-Sorbonne), « Géographie de la violence selon Montaigne ».

• Jeudi 8 décembre 2016 : Georges Tolias (EPHE), « Topographies de Lépante (1571) ».

• Jeudi 15 décembre 2016 : Loris Petris (Université de Neuchâtel ; professeur invité à la Sorbonne), « “La terre, fertilisée par les calamités, engendrera bien d’autres maux […]” : usages et imaginaires du territoire dans les Carmina de Michel de L’Hospital ».

 

Second semestre :

Jeudi 2 février 2017 : ouverture du séminaire, second semestre.

Jeudi 9 février 2017 : Olivier Spina (Lyon 2), « Les banlieues de Londres à la fin du XVIe siècle : lieux de spectacle, lieux de violence ? »

Jeudi 23 février 2017 : Lisa Pochmalicki (Paris-Sorbonne) : « Marco Polo sur lagune ».

Jeudi 2 mars 2017 : Phillip John Usher (NYU) : « La robe topographique de la Terre Mère aux XVe et XVIe siècles ».

Jeudi 9 mars 2017 : Marie-Christine Gomez-Géraud (Université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense), « Violence et religion : Sébastien Castellion, ou de l’utilité des intellectuels dans les temps de crise ».

Jeudi 16 mars 2017 : Thomas Hunkeler (Université de Fribourg), « Les avant-gardes entre 1912 et 1914 : une question de territoire ? ».

Jeudi 23 mars 2017 : Cornelia Klettke (Université de Potsdam), « Topographie de la violence dans le Roland furieux de l’Arioste ».

Jeudi 20 avril 2017 : séance à déterminer.

Jeudi 27 avril 2017 : séance à déterminer.

Jeudi 4 mai 2017 : David El Kenz (Université de Dijon), « Le rôle de l’eau (puits, rivières, mers) dans les massacres des guerres de Religion ».

Jeudi 11 mai 2017 : séance à déterminer.