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Penser la critique (littérature, peinture, cinéma) avec Pasolini

Penser la critique (littérature, peinture, cinéma) avec Pasolini

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Anne-Violaine Houcke)

Séminaire « Penser la critique avec Pasolini »

Labex Arts H2H

 

Pier Paolo Pasolini a pratiqué toute sa vie une activité critique dans divers domaines qu’il n’a jamais considérés comme étanches.

Techniquement, il fut d’abord, indissolublement, critique d’art et critique littéraire (voir, en regard de la table des matières des Essais sur la littérature et l’art, la liste des critiques picturales établie par Francesco Galluzzi dans Pasolini e la pittura, Bulzoni, 1994) puis l’un des plus fameux critiques littéraires de son temps, publiant des chroniques régulières et en vue, et ponctuellement à partir de 1959, critique de cinéma. L’importance de cette dernière activité, quoi plus réduite en quantité, est rehaussée par son intense activité de cinéaste et de scénariste, et par la production, par ailleurs, d’un corpus bref mais dense de ce qui se nommait volontiers, en 1960-1970, « théorie du cinéma » et qu’il conçut, avant l’heure, en philosophe (Empirismo eretico).

D’autre part, une grande partie de son activité d’ « écrivant » fut, tout au long de sa vie, dévolue à ce qu’on peut nommer sans erreur une critique politique (l’ensemble d’écrits recueillis sous le titre Sur la politique et la société dans la troisième volume des Œuvres chez Mondadori aurait pu sans mal s’ordonner en Critique politique).

Son écriture critique prit des formes aussi variées que le texte critique professionnel, de presse, l’auto-interview, l’écrit épistolaire, le « dialogue » avec les lecteurs, la polémique avec d’autres critiques, la poésie.

Il écrivit en artiste (peintre, poète, cinéaste), de même qu’il créa en critique, au point de poursuivre une forme d’activité critique dans ses films, par les dispositifs de citations, reprises, pastiches d’artistes ou d’œuvres.

Par ailleurs on trouve, tout au long de son écriture critique et de ses interactions avec d’autres critiques et théoriciens de l’époque (italiens et français – comme les critiques des Cahiers du cinéma, comme Christian Metz et Roland Barthes), des éléments de réflexion sur ce qu’est ou devrait être « la critique » selon lui, dans sa forme comme dans ses fonctions et son rapport aux lieux d’écriture et au pouvoir. L’attitude critique de Pasolini – écrit aussi F. Galluzzi – s’étend sur un arc qui va de la pédagogie au prosélytisme ; et cette écriture critique s’articule avec une ambition théorique sur le rôle de l’art – et du critique – dans la société.

Si l’intérêt pour la figure et l’œuvre pasolinienne ne faiblit pas, loin de là (la saison 2014-2015, après les célébrations culturelles de l’exposition européenne commencée en France à la Cinémathèque française en automne 2013 et la sortie de la fiction biographique d’Abel Ferrara, débouchera sur un nouvel « anniversaire » marquant la mort du « héros sacrilège »), son activité critique est sans doute l’une des dimensions les moins étudiées de sa création. Pourtant, elle est sans aucun doute un point d’entrée privilégié dans l’œuvre polymorphe de l’artiste.

Elle pourrait en outre susciter une relance de la pensée critique, de la pensée de la critique et sur la critique. L’époque contemporaine, marquée par les mutations engendrées par internet, les diverses faillites de la presse traditionnelle qui s’ensuivent et un renouveau dont le jeune visage est encore incertain, en a profondément besoin.

Propositions :

1-        Ouvrir une réflexion sur un champ encore peu étudié de l’œuvre pasolinienne.

Quelques pistes de recherche :

-       Les modèles critiques – littéraire, picturaux, cinématographique – de Pasolini et leur circulation dans son œuvre critique et artistique : Roberto Longhi, Franco Fortini, etc.

-       Pasolini et le monde de la critique (littéraire, picturale, cinématographique) : critique française (Pasolini et Bazin, Pasolini et les Cahiers, Positif etc.), critique italienne (réception et récupération de la critique pasolinienne en Italie), etc.

-       La figure critique de Pasolini, à son époque et aujourd’hui.

-       De la critique à la création et de la création à la critique (l’influence de la critique sur la création pasolinienne ; le rapport entre la création pasolinienne et son écriture critique).

-       La création comme critique (l’interprétation du pastiche comme mode d’écriture critique ; la citation (de) critique dans l’œuvre pasolinienne (Monsieur Cournot dans Des oiseaux petits et gros)

-       La théorisation critique chez Pasolini: l’écart critique, etc.

-       Pasolini radiophonique et télévisuel

-       Pasolini à Paris 8 : la venue houleuse de Pasolini en 1974 pour présenter le film de Nico Naldini, Fascista.

-       Les représentations de Pasolini comme visée critique ou absence de critique ?

 

2-        Partir de la critique pasolinienne – ses critiques et sa théorie critique de la critique – pour participer à la réflexion en cours sur la nature, les modalités et les fonctions de la critique.

 

Modalités :

Le séminaire aura lieu une fois par mois, articulant cycle de conférences et séances de travail. Il se tiendra principalement à Paris 8 et Paris Ouest-Nanterre-La Défense.

Le programme sera consultable sur le site du Labex Arts H2H, à partir de la fin octobre (http://www.labex-arts-h2h.fr)

Le séminaire est ouvert aux chercheurs, doctorants et étudiants en master.

Les chercheurs travaillant sur ces thèmes sont invités à envoyer leurs propositions de communication. Toutes les disciplines et tous les formats d’intervention sont les bienvenus : présentation de travaux de recherche, comptes rendus de lecture, etc.

Merci d’adresser vos propositions (250 mots, assortis d’une courte notice biographique), avant le 10 octobre 2014, à l’adresse suivante : anne-violaine.houcke@u-paris10.fr