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"Algérie. De la construction du territoire aux scénographies mémorielles : le ban et le procès", avec D. Maazouzi et Z. Rahmani (Paris 7)

Publié le par Marc Escola (Source : Catherine Coquio)

Séminaire Ecrire et penser à l’échelle du ‘monde’ ?

Mardi 15 mars 16h-18h Salle Pierre Albouy Bâtiment C 6e étage

(apporter cette invitation et une carte d’enseignant ou d’identité)

Séance animée par Inès Cazalas et Catherine Coquio.

 

"Algérie - De la construction du territoire aux scénographies mémorielles : 

le ban et le procès". Avec Djemaa Maazouzi et Zahia Rahmani

 

"Enfant j’ai cherché à lire sur ce pays. Je n’ai rien trouvé. En dehors des récits de mes parents, je ne trouvais rien à apprendre de l’endroit d’où je venais. Dans l’Hexagone, la fin de l’Algérie française mit fin à l’Algérie elle-même. Un rideau sur ce pays allait tomber. Et avec lui tombaient toutes celles, tous ceux qui de ce pays partaient".
                                                   Zahia Rahmani, "Pays de réserve », in Made in Algeria, Hazan, 2016.

 

 

Les scénographies mémorielles de la guerre d’Algérie (procès, rencontre, retour) se retrouvent dans les manières dont se vit cette histoire, chacun de ces « groupes mémoriels » (harkis, immigration algérienne, pieds-noirs), vivant leur rapport au passé à partir du présent. La scénographie s’esquisse dans le texte littéraire ou filmique et se confond avec l’anamnèse : un lien est chaque fois construit dans l’œuvre tout en étant énoncé par la voix de son auteur. Moze de Zahia Rahmani (2003) a ceci de singulier : non seulement il met en scène un procès qui n’a pas tous les attributs du procès, mais il met en son centre la figure du harki, accusé qui n’a pas subi de procès de son vivant et que la fille représente, pour lequel elle parle. Moze ne met pas en scène une procédure, ne la réclame pas, même en hors-champ. Si la scénographie emprunte certains éléments de la scène publique du droit selon un rituel spécifique, elle bifurque vers « la Commission nationale de réparation » qui reçoit la narratrice et interagit avec elle. Le texte, qui fait partie des démarches des « fils et de filles de », et plus largement des récits sur l’engagement du harki (de Kerchouche à Charef), est exemplaire pour les questions d’éthique et de politique qu’il privilégie.

Djemaa Maazouzi.

 

 

Djemaa Maazouzi est chercheuse, auteure de Le partage des mémoires : la guerre d’Algérie en littérature, au cinéma et sur le Web (Garnier, 2015).  PH.D en Littératures de langue française, elle enseigne à Montréal (Dawson College) après avoir été chercheuse postdoctorale du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH)  au Laboratoire ALITHILA de l’Université Charles-de-Gaulle - Lille 3 (2013 à 2015) et coordinatrice scientifique du Centre de recherches intermédiales sur les arts, lettres et techniques (CRIALT) de l’Université de Montréal (2009 à 2012). Elle a dirigé le n°6 de la revue Nouvelles Synergies Canada  « L’Algérie malgré tout », et a codirigé les numéros  Inclure (le tiers) (Intermédialités, n°21, avec M. Froger) et La France des solidarités (RSH, février 2016, avec N. Wolf).

 

Zahia Rahmani est écrivain et historienne d'art. Elle est l'auteur d'une trilogie consacrée à des figures contemporaines "d'hommes bannis", figures impensées de la théorie postcoloniale, aux éd. Sabine Wespieser : Moze (2003, Poche 2016), «Musulman » roman (2005, Poche 2015) etFrance récit d'une enfance (2006), à paraître aux Yale University Press (France, story of childhood).  Elle a publié « Le Harki comme spectre ou l'Ecriture du déterrement » in Retours du colonial ?, Atalante (2008) et « Le Moderne comme point d'arrivée sans fin », in Qu'est-ce que le contemporain, éd. Cécile Defaut. Elle dirige à l'Institut National d'Histoire de l'Art depuis 2003 le programme de recherche « Arts et mondialisation ». Elle est co-commissaire de Made in Algeria, généalogie d'un territoire,  première exposition d'envergure dédiée à la construction coloniale de la représentation territoriale, au Mucem Marseille jusqu'au 2 mai 2016.. http://www.inha.fr/fr/index.html