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Séminaire EHESS

Séminaire EHESS "Repousser les limites de l'acceptable" (J.-P. Cavaillé)

Publié le par Arnaud Welfringer (Source : Jean-Pierre Cavaillé)

Séminaire de recherche EHESS

“Repousser les limites del'acceptable”

2e, et 4elundis du mois de 17 h à 19 h(salle 4, 105 bd Raspail 75006 Paris)

Prochaines séances

14février

Jean-Michel Gros : Leslibertins et Bayle: deux stratégies pour repousser les limites del'acceptable

(Autour de son livre, Dissidences de la philosophie à l'âgeclassique, Champion, 2009)

28février

Sophie Houdard :« Ôter toute pierre descandale » ? Vérifications et approbations permanentes chez Jean deLabadie : la vérité dans l'assentiment dugroupe.

14mars

Sylvain Piron : De quoi l'averroïsme latin est-il le nom?

28 mars

Florence Lotterie :Les arracheurs de palissades : un scandale de moeurs au XVIIIe siècle(1722) ou la construction d'une expression del'acceptable.

Repousser les limites del'acceptable

Plusieurs années de réflexion, en séminaire, sur les cultures dissidentesdans l'Europe du début de l'époque moderne, nous ont conduit à développer unecritique de l'histoire intellectuelle, religieuse, littéraire et culturellereposant sur les présupposés de l'histoire des mentalités, qui érige le discoursdominant à une époque donnée en pensée et sensibilité communes. Un momentdéterminé de la culture serait ainsi caractérisé positivement par les énoncéspublics récurrents dans la documentation et négativement par tout ce qui nesaurait être dit ou pensé par les acteurs (par exemple l'athéisme, ladémocratie, etc.). Pour échapper à ce schéma binaire d'une histoire du dicibleet de l'indicible, du représentable et de l'irreprésentable, et en fait dupensable et de l'impensable, sans nous cantonner à reconduire une histoire desinstitutions et des procédures de censure, nous nous sommes intéressés à laquestion de l'acceptabilité sociale des énoncés considérés à partir d'uneconception interactionnelle des discours et del'action.

Nous voudrions cette année nous consacrer plus spécifiquement à cettequestion, d'un point de vue théorique résolument interdisciplinaire, à traversdes études de cas choisis comme représentatifs des diverses modalités du clivageentre l'acceptable et l'inacceptable (les lieux, les situations, les temps, lespersonnes) et de différentes échelles d'analyse (les noms et les mots, lesénoncés, les registres de langue, les langues elles-mêmes). Ainsi prendrons-nousen examen aussi bien des dénomination infamantes ou polémiques, des énoncésjugés inadmissibles ou intolérables dans l'absolu ou relativement aux temps etaux lieux (selon les partages du public et du privé, du sacré et du profane, dela solennité ou de la trivialité, etc.), des registres de langues jugés ou nonacceptables selon les circonstances, des langues mêmes (latin et vernaculaires),selon les consensus ou les conflits autour de leurs statuts et de leursfonctions.

Nous serons particulièrement attentifs à la dynamique des conflits et desrapports de force, l'étude des processus à travers lesquels l'inacceptabledevient acceptable et l'acceptable inacceptable dans ce qu'il est convenud'appeler la sphère publique, en matière de discours et de représentationsimpliquant la religion, la politique et les moeurs. Ancrée dans nos travaux surl'époque moderne, cette réflexion est inséparable de l'examen des processus detolérance et de censure dans nos sociétéscontemporaines.