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Littérature et spectacles de curiosité (INHA, Paris)

Littérature et spectacles de curiosité (INHA, Paris)

Publié le par Marc Escola (Source : Patrick Désile)

Séminaire de recherche 2016-2017

CNRS THALIM/ARIAS

Labex TransferS

« Littérature et spectacles de curiosité »

Patrick Désile, Valérie Pozner

Le mercredi de 15 h à 17 h

(sauf le 8 mars 2017, 18 h-20 h)

salle Fabri de Peiresc ou Benjamin

Institut national d’histoire de l’art, 2, rue Vivienne, 75002 Paris

 

 

Chateaubriand fait l’éloge du Panorama de Jérusalem de Pierre Prévôt, qu’il confronte à sa propre description de la ville dans l’Itinéraire ; Jules Janin ouvre L’Âne mort et la Femme guillotinée par le sombre récit du massacre d’un peccata par des dogues à la Barrière du Combat ; Nerval rend compte avec minutie du diorama Le Déluge, ce « mystère à grand spectacle » ; Gautier se fait le thuriféraire de ce « bon et brave cirque », comme Barbey d’Aurevilly, qui loue « le seul théâtre où la perfection soit de rigueur » ; Baudelaire intitule le chapitre des Paradis artificiels où sont décrites les visions du haschisch « Le théâtre de Séraphin » ; Flaubert convie George Sand à une représentation de la Tentation de saint Antoine, donnée par les marionnettes du père Legrain, à la foire Saint-Romain, à Rouen ; et Gautier ou Nerval, encore, ou Loti rapportent, de leurs périples, le souvenir de Karagheuz…

Il y a, tout au long du XIXe siècle, ce tropisme : des écrivains se tournent vers les spectacles généralement visuels que sont les spectacles de curiosité. Cette catégorie juridique est définie négativement : elle recouvre tous les spectacles qui ne sont pas reconnus comme des théâtres. Faut-il voir, dans cette illégitimité, la raison de la dilection qu’ils suscitent chez des écrivains désormais mages, mais marginalisés ? Ils s’identifient volontiers, en effet, aux illusionnistes et aux faiseurs de tours : « Le fond de ma nature est, quoi qu’on dise, le saltimbanque », écrit Flaubert à Louise Colet. Les Goncourt considèrent les artistes de cirque « avec un je ne sais quoi […] de sympathiquement apitoyé, comme si ces gens étaient de notre race et que tous, bobèches, historiens, philosophes, pantins et poètes, nous sautions héroïquement pour cet imbécile de public ». Et le Baudelaire du Spleen de Paris, qui vient de dédaigner la baraque du « vieux saltimbanque », voit en lui « l’image du vieil homme de lettres qui a survécu à la génération dont il fut le brillant amuseur »…

Ce jeu d’identifications (qui vaudra aussi pour les peintres) a été souvent relevé, et il importe sans doute de l’interroger encore. Cependant, si c’est la plus apparente, ce n’est pas la seule façon dont la littérature et les spectacles de curiosité s’entrelacent. Toute une part de la littérature du XIXe siècle, celle des œuvres totalisantes, a ainsi pu être dite « panoramique », mais le roman, la poésie, l’histoire, le récit de voyage ont sans doute, avec les spectacles optiques, de plus secrètes affinités. Bien d’autres relations, et de différents ordres, qui pourraient être décrites, entre la littérature et le cirque, les spectacles de la fête foraine, le café-concert, les marionnettes ou même le premier cinéma demeurent largement inexplorées. À cela, une raison, parmi d’autres peut-être : le secret mépris dont les spectacles de curiosité font l’objet, et la méconnaissance qui en procède.

Ce séminaire voudrait donc envisager dans leur complexité et dans leur diversité les relations entre la littérature et les spectacles de curiosité, en portant sur ces derniers un regard simplement historien.

 

Programme

7 décembre 2016

Salle Fabri de Peiresc

Patrick Désile, chercheur associé au CNRS (ARIAS/THALIM)

Présentation du séminaire

Philippe Weigel, maître de conférences honoraire en littérature et arts du spectacle, université de Haute-Alsace

« Pierre Loti en voyage : théâtre d'ombres, marionnettes, danses »

 

11 janvier 2017

Salle Fabri de Peiresc

Sandrine Bazile, maître de conférences en langues et littérature française, université de Montpellier

« Lulu, quand la littérature ouvre la boîte de Pandore »

 

1er mars 2017

Salle Benjamin

Adélaïde Jacquemard-Truc, chercheur associé, université Paris-Est Marne-la-Vallée (LISAA EA 4120)

« L'influence des spectacles optiques dans les Carnets de travail de Maurice Maeterlinck »

 

8 mars 2017

Exceptionnellement, de 18 h à 20 h

salle Benjamin

Jean-Pierre Sirois-Trahan, professeur des universités, département des littératures, université Laval, Québec

 « Le plus beau film du monde. Marcel Proust et le cinématographe »

 

Présentation du numéro de la Revue d’études proustiennes « Proust au temps du cinématographe. Un écrivain face aux médias » (Classiques Garnier), en présence de plusieurs des auteurs.

 

26 avril 2017

salle Benjamin

Alain Carou, conservateur en chef, Bibliothèque nationale de France, département de l'Audiovisuel

« Cinéma, littérature et spectacles du crime à la Belle Époque »

 

10 mai 2017

salle Fabri de Peiresc

Sophie Basch, professeur de littérature française des XIXe et XXe siècles, université de Paris-Sorbonne 

« Le cirque dans la littérature française entre 1870 et 1914 »

 

24 mai 2017

salle Fabri de Peiresc

Patrick Désile, chercheur associé, CNRS ARIAS/THALIM

« “Le seul théâtre qui soit éternel”. Marionnettes littéraires, 1850-1914 »

 

7 juin 2017

salle Fabri de Peiresc

Judith Lyon-Caen, maîtresse de conférences, EHESS, Christian Jouhaud, directeur d'études, EHESS

« Voir le passé dans les fantasmagories » 

 

14 juin 2017

salle Fabri de Peiresc

Valérie Stiénon, maître de conférences en littérature française, université de Paris XIII

« Poétiques de l'émerveillement scientifique. Féerie, magie et spectacle forain dans le récit d'anticipation »