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Séminaire de jeunes chercheurs

Séminaire de jeunes chercheurs "Mémoire"

Publié le par Vincent Ferré (Source : Elsa Kammerer)

Séminaire de jeunes chercheurs « Polysémies. Littérature, arts et savoirs de la Renaissance », 2006-2007
École normale supérieure, 45 rue d'Ulm, 75005 Paris

MEMOIRE

Première séance le lundi 6 novembre 2006, 17h-19h:
1. Lancement du séminaire
2. Les Mémoires au XVIe siècle: présentation générique et matérielle par Grégoire HOLTZ (Paris).

L'essor de l'imprimerie au XVIe siècle, relayé par la promotion de la culture humaniste contre les méthodes et les écrits des générations précédentes, pourrait laisser attendre un combat entre écriture et mémoire, sur le mode du « Ceci tuera cela ». Les études majeures de F. A. Yates, Paolo Rossi ou Lina Bolzoni ont démontré qu'il n'en est rien : la Renaissance s'avère, paradoxalement, l'âge d'or de la mémoire et des « arts » chargés de la développer.
Plus encore, la notion de « mémoire » - qu'il s'agisse de la faculté humaine de se souvenir, de la réputation des grands hommes ou du monument qui conserve la mémoire - conquiert alors de nouveaux territoires dans l'ensemble de la création littéraire, historique, artistique ou philosophique. Un penseur comme Bovelles remodèle la tradition aristotélicienne et augustinienne : il accorde à la mémoire un rôle de premier plan en définissant l'intelligence humaine comme l'union intime de l'intellect et de la faculté remémorative. Mnémosyne continue de patronner largement la poésie et les arts libéraux ; dans le même temps, la prédilection pour toutes les formes de reviviscence du passé favorise l'exploration de certaines modes poétiques comme celle des tombeaux, ou encore la promotion de la langue nationale dont la conservation et l'enrichissement constituent un enjeu problématique tout au long du siècle. L'intérêt pour le passé des hommes - la « reverence de l'antiquaille » dont se joue Rabelais - suscite aussi la multiplication des recueils d'Antiquitez et de Memoires des pays et des villes, ou encore les anthologies de proverbes anciens et même populaires. Les « memoires » sont pour leur part recherchés tant par les écrivains et historiens que par les imprimeurs. Le terme peut désigner aussi bien le genre historique des mémoires, en pleine expansion depuis Commynes, que les premiers témoignages manuscrits dont les voyageurs font la source authentique de leur propre relation. La chasse aux « lettres », « memoires », « papiers » et « brouillars » concerne par exemple l'histoire apologétique d'un Sully, mais aussi la remémoration des contrées nouvellement découvertes.

Dans quelle mesure la notion de «mémoire » - qui peut informer jusqu'à la présentation formelle et matérielle des oeuvres elles-mêmes - préside-t-elle à l'activité littéraire, scientifique et artistique à la Renaissance ? La notion évolue-t-elle à mesure que l'écriture s'emploie à perpétuer le souvenir d'objets inédits ou redécouverts ? Les textes jouent-ils, consciemment ou non, de la polysémie du terme ?

En nous fondant sur une riche tradition d'études critiques sur la mémoire à la Renaissance, nous explorerons ces questions durant toute l'année. L'étude précise d'un ou plusieurs textes allant de la fin du Moyen Âge au début du XVIIe siècle ouvrira la discussion et fera l'objet d'une lecture commune approfondie. Notre approche, littéraire, accueille très volontiers la contribution d'historiens, d'historiens d'art et de philosophes, ainsi que de littéraires spécialistes des différents domaines linguistiques européens et de la littérature néo-latine.

Autres séances prévues :
Le lundi 18 décembre 2006, les lundis 29 janvier, 5 mars, 2 avril et 21 mai 2007, à l'École normale supérieure, 45 rue d'Ulm, salle Paul Langevin, 17h-19h.

Séminaire organisé par :
Céline Bohnert (Nantes) celinebohnert@yahoo.fr, Grégoire Holtz (Paris) volfony@hotmail.com, Elsa Kammerer (Lille 3) elsa.kammerer@univ-lille3.fr, Anne-Hélène Klinger-Dollé (Paris) anne-helene.klinger@club-internet.fr.