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Séduction et magie (Tunis)

Séduction et magie (Tunis)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Amina Ben Damir)

UNIVERSITÉ  DE TUNIS

FACULTÉ DES SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES DE TUNIS

Laboratoire de recherche « Intersignes » (LR14ESOI)

Equipe de recherche en lettres classiques

 

COLLOQUE INTERNATIONAL  

SÉDUCTION ET MAGIE

 

Jeudi 26 et vendredi 27 octobre 2016, Tunis

 

APPEL À COMMUNICATION

Date limite : 30 mai 2016

Date et lieu du colloque : jeudi 26 et vendredi 27 octobre 2016, Faculté des Sciences Humaines et Sociales de Tunis.

La magie est omniprésente dans le monde antique, l’archéologie, l’épigraphie en témoignent ainsi que les récits de voyageurs comme Pausanias qui décrivit la Grèce au 2° siècle après J.C. Apulée, qui risqua sa vie pour accusation criminelle de magie, montre dans les Métamorphoses un univers carnavalesque et redoutable où les philtres, les onguents, les incantations, les malédictions sont destinés à la séduction ou à la vengeance amoureuse. On y use de charmes divers, qu’on soit dieu ou homme, pour s’attacher son partenaire, le posséder, le rejoindre à des rendez-vous, bref pour satisfaire au désir. Même si ces pratiques ne sont pas, bien sûr, un apanage féminin, la poésie évoque, de la paysanne de Virgile, à la femme élégiaque ou à la déesse d’Ovide, des figures de femmes qui mettent en œuvre leurs techniques naturelles et artificielles pour séduire et charmer.

L’amour cependant n’est pas la seule motivation, magie et séduction investissent aussi les champs du pouvoir et de la politique. Les récits des historiens, Hérodote, Tacite, Suétone par exemple, créent des personnages dont les entreprises de séduction, de manipulation s’exercent jusque dans les sphères royales et impériales et les alcôves des palais. La connaissance des « pharmaka », herbes, drogues, poisons, et des incantations y permet d’ourdir de ténébreuses intrigues. Pensons à Agrippine telle que Tacite la décrit, ou encore, réécrite par Platon, à l’histoire de  Gygès et de son anneau magique. Dans la tragédie, une héroïne comme Médée la magicienne n’hésite pas à utiliser ses pouvoirs pour séduire Jason et se venger de lui de manière terrifiante puisqu’une autre sera reine à sa place. On peut noter d’ailleurs, tant les mythes sont plastiques, que d’autres versions donnaient à ce récit une fin heureuse, Médée devenant l’épouse de Jason.

Enfin, il ne faut pas oublier que c’est le langage lui-même, tant il a de pouvoirs, qui exerce des charmes fascinants. Les tours, détours, détournements de la séduction évoquent les errances d’Ulysse, il aborde à des rivages où règne la magie, rencontrant notamment de redoutables figures féminines qui mettent à l’épreuve sa valeur et son humanité. Telle Circé, qui transforme en cochons ses compagnons mais, charmant le héros, l’installe dans son lit avant de l’envoyer, sur la route du retour, vers le royaume des morts et l’île des Sirènes. Outre la réalité historique et sociale de ces pratiques et l’imaginaire qu’elles mettent en œuvre, il semble que la magie, dans sa puissance séductrice (au sens propre : « qui détourne »), soit aussi une métaphore active du rapport de l’homme aux différents types de discours par lesquels s’établit une médiation avec le monde, littéraire, rhétorique, ou philosophique.

En effet, au royaume des morts Ulysse retrouve l’ombre de sa mère mais par trois fois n’étreint que du vide, allégorie de la poésie, et s’il entend la voix des Sirènes c’est sans connaître leur secret, gage de l’infini, selon Maurice Blanchot, de la littérature ; Hélène de Troie, elle, si elle connaît dans l’Odyssée de mystérieux « pharmaka », en est elle-même un bien vivant par sa beauté et le charme de sa voix, et le sophiste Gorgias compose un Eloge d’Hélène à la gloire des pouvoirs du discours ; quant à Socrate, il met en relation dans Phèdre « manikè », « mantikè » et Beauté, folie, divination et inspiration, dont Jacques Derrida s’inspire lui-même pour La Pharmacie de Platon. Finalement, l’un des plus saisissants exemples dans l’antiquité est bien celui d’Apulée,  romancier, philosophe platonicien, rhéteur, poète dont les œuvres évoquent aussi bien la réalité de la magie dans tous les domaines de la vie (notamment amoureux) que les charmes enchanteurs de la parole et la haute spiritualité de la magie blanche, indissociable de la piété dans une philosophie qui met au cœur de sa réflexion la divination, la démonologie comme une érotique du Beau.

Le colloque se propose d’interroger « Séduction et  magie » dans leurs différents aspects, considérant que ces thèmes  sont  toujours d’actualité dans un monde où les procédés irrationnels ne cessent  de fasciner, continuant à être utilisés pour agir  sur l’état naturel des choses et forcer le succès. Les recherches porteront  sur  la littérature ancienne, les littérature française et d’expression française contemporaines, la littérature comparée. Les axes proposés sont :

- Magie blanche et magie noire, les différentes cultures tournées vers le bien ou le mal ; magie populaire et pratiques savantes 

- Charme et pouvoir  ensorceleur des mots ; le dit et le non-dit. Rhétorique et poétique, ou l’art de persuader, d’émouvoir, d’agir par la manière de dire

- L’approche du phénomène par le genre : mages et/ou magiciennes ; l’attrait de Médée, figure archétypale de la magicienne et sa nombreuse descendance

- Séduction et magie dans la sphère privée et publique ; utilisation de la magie dans  la conduite des états, considérant que l’engouement du  monde politique  pour la magie ne s’est jamais démenti

- Magie, philosophie, religions.

Les propositions d’intervention avec titre (environ 250 mots et brève  notice biographique) sont à envoyer  à : amina.bendamir@topnet.tn et à : pierregarrigues@yahoo.fr

Date limite d’envoi des propositions : 30 mai 2016

Notification d’acceptation aux auteurs : 30 juin 2016

 

Les interventions donneront lieu à publication.

Les frais de voyage et de séjour seront à la charge des intervenants.