Questions de société

"Se payer sur la bête ou le Partenariat Public-Privé high-tech" (SLR, 10/11/2010)

Publié le par Arnaud Welfringer

"Se payer sur la bête ou le Partenariat Public-Privé high-tech" (SAUVONS LA RECHERCHE, 10/11/2010)


La dévolution des biens immobiliers aux universités est un tel succès que dans un élan d'enthousiasme 9 universités (sur 80 à peu près) l'ont demandée, et cinq, il y a quelques jours, obtenue (voir Educpros). Il faut dire que le rapport des sénateurs Adnot-Dupont, paru en juin 2010 ne faisait pas mystère du coût pour les finances publiques de cette dévolution : 125 millions d'euros supplémentaires par an.

Qu'à cela ne tienne, le Sénat discute aujourd'hui 10 novembre d'une proposition de loi qui remédie à cet état de choses, indique le quotidien les Echos sous le titre « Une loi pour faciliter l'ouverture des campus au privé », précisant aussi que, souhaitant promulguer la loi début 2011, le gouvernement a demandé une procédure accélérée.

Soient les partenariats publics-privés (PPP), par lesquels les universités font accomplir à des entreprises privées des tâches qu'elles leur payent de façon différée moyennant un taux d'intérêt substantiel (c'est une sorte de leasing si coûteux pour les finances publiques qu'il a plusieurs fois attiré l'attention de la Cour des Comptes). Certains de ces PPP, imaginés dans le cadre de l'opération Campus, ne pouvaient être signés parce qu'ils impliquaient (on l'apprend à cette occasion) la dévolution dont les universités conceptrices ne disposent pas.

En vertu de cette proposition de loi sur les PPP aujourd'hui discutée au Sénat, , même les universités aux biens non dévolus pourront, disent les Echos « mettre à disposition du partenaire privé une partie de ses locaux pour les valoriser, en accueillant des congrès dans les amphis remis à neuf, en mettant au coeur des campus des commerces, cafés et restaurants ou, comme cela est prévu à Dijon, en louant la résidence d'accueil des chercheurs étrangers qui sera construite par PPP, lorsqu'elle n'est pas occupée. »

"C'est technique, subtil, mais absolument décisif. On a fait des guerres de religion pour moins que ça… Et cela va permettre d'aller au bout de l'autonomie des universités », rapporte un fin connaisseur du dossier selon les Echos.

Il se murmure à vrai dire que ces pratiques sont déjà en vigueur hors PPP. On raconte ainsi qu'une université avantageusement située (et que l'on ne nommera pas) loue le samedi ses amphis à des entreprises privées. Les étudiants de master de psychologie suivent donc leurs conférences du samedi dans les catacombes prêtées par une paroisse charitable. Moyennant quelques deniers un peu sonnants et sans doute trébuchants — et l'ébahissement des fidèles.