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Langue et musique (Savoirs en Prisme n°4)

Langue et musique (Savoirs en Prisme n°4)

Publié le par Emilien Sermier (Source : Stéphan Etcharry & Machteld Meulleman)

 

 

Savoirs en Prisme N°4 « Langue et musique »

 

Coordinateurs Stéphan Etcharry & Machteld Meulleman

 

La littérature (et en particulier la poésie) offre une illustration de l’association entre langue et musique. Si ces deux codes de communication sont fondamentalement différents quant à leur nature symbolique, ils partagent en effet une fonction expressive mais surtout poétique. Ainsi, ils possèdent tous deux une grande force illocutoire et perlocutoire, notamment la capacité de susciter des émotions par la seule beauté de la forme de leur « message ». Que les jeux phoniques puissent être la visée de l’acte de communication s’observe de façon particulièrement claire dans le cas des poèmes « sans sens » ou encore des chansons en langues inexistantes (glossolalia).

Se pose alors la question de savoir en quoi consiste exactement cette musicalité sui generis de la langue. Est-il possible d’en définir les caractéristiques prosodiques (rythme, accentuation, intonations) et structurales (échos, résonances, retours) ? Ces caractéristiques sont-elles universelles ou peut-on déceler des différences pour des langues à accent tonique de mots ou de groupe ou encore à accent de hauteur (langues tonales) ? Quoi qu’il en soit, le pouvoir suggestif des sons et des mots est indéniable (comme dans le cas des onomatopées par exemple).

Ce potentiel musical de la langue ressort encore plus clairement lors de l’interprétation ou de la concrétisation sonore du texte, c’est-à-dire de son « oralisation ». Là aussi la question s’impose de savoir dans quelle mesure la « perception musicale » de ce travail sur la voix est appréhendée différemment selon la sphère géographique considérée, la culture, l’époque, le genre littéraire en question, etc.

Dans l’élaboration poético-musicale, cette « musicalité » de la langue engendre un grand nombre d’opportunités lors de la rencontre des deux codes, mais elle pose aussi certains problèmes. Ce rapport fructueux mais délicat à traiter entre langue et musique a d’ailleurs donné lieu, notamment dans le domaine de l’opéra, à de nombreux débats et querelles, tant artistiques qu’esthétiques et philosophiques, autour de la fameuse question « prima la musica, dopo le parole ». S’ouvrent alors différentes formes d’hybridité et d’hybridation esthétique. Un premier procédé intéressant consiste en la mise-en-musique d’un texte. Certains genres musicaux s’appuient ainsi sur des textes littéraires, appartenant à la sphère savante (motet, madrigal, chanson polyphonique, opéra, opéra-comique, Lied, mélodie, mélodrame, etc.) ou populaire (chanson, rap, slam, etc.). Mais que se passe-t-il précisément lors du passage, par exemple, de la langue « littéraire » d’un roman à la langue « pré-musicale » dans le livret d’opéra ? Le compositeur peut opter pour la recherche d’une adéquation maximale entre le texte original et sa propre création, mais il peut également, au contraire, prendre ses distances et aller à l’encontre du rythme textuel et de son accentuation originale. Un deuxième procédé fréquent est la mise-en-texte d’une musique (p.ex. le cas de chansons écrites sur un standard de jazz ou sur une mélodie préexistante), mais il existe aussi des formes artistiques où l’association texte-musique est réalisée par une seule et même personne. Comment peut-on évaluer la réussite de ces tentatives de création hybride ? S’agit-il d’une véritable collaboration ou le travail sur la langue et sur la musique sont-ils finalement difficilement conciliables ?

Cette musicalité peut en outre être mise à profit comme moyen mnémotechnique, par exemple lors de la transmission du patrimoine oral (poésie médiévale, littérature orale, chansons populaires, etc.) ou encore être exploitée dans la didactique des langues (maternelles ou étrangères). Si un texte ou une mélodie est « transmise » d’une sphère culturelle à une autre, ou d’un territoire linguistique à un autre, ils peuvent également faire l’objet de traductions ou d’adaptations, entreprises dont il sera utile d’étudier les enjeux et implications notamment dans le cas d’une œuvre originale hybride (opéra, Lied, chanson, etc.). Dans quelle mesure est-il possible et souhaitable de respecter l’accentuation et le rythme ou encore de conserver les figuralismes voulus par le compositeur dans la langue de départ ?

La démarche de notre revue se veut pluri- et interdisciplinaire en rapprochant musicologues, spécialistes des lettres, linguistes, philosophes, historiens, didacticiens, etc. Nous aspirons en outre à une perspective ouverte sur différentes formes de créations artistiques (lettres au sens classique, mais également slam, chansons populaires, etc.). Enfin, nous privilégierons les approches originales sur ces questions ainsi que les angles d’attaque novateurs.

 

Les contributions rattachées aux trois axes suivants seront privilégiées :

Axe 1 : La langue comme musique

Musicalité intrinsèque d’une langue ou d’un texte (rédigé dans une langue particulière) Sonorité au moment de l’oralisation

Axe 2 : Rencontres des deux médias

Mise-en-musique d’un texte Mise-en-texte d’une musique Synergie texte-musique dans le travail d’un artiste unique

Axe 3 : Transmissions

Mnémotechniques Traductions

 

Néanmoins, des contributions périphériques aux questions soulevées peuvent également être proposées. 

 

Les propositions d’articles (une quinzaine de lignes maximum) devront préciser l’axe (ou les axes) au(x)quel(s) elles se rattachent et seront suivies d’une courte notice biographique incluant l’affiliation et l’adresse électronique. Elles sont à envoyer à l’adresse suivante avant le 20 juin 2014 : savoirsenprisme@univ-reims.fr

 

• Langues acceptées : français, anglais, allemand, espagnol, italien.

 

• Échéancier pour la rédaction de l’article proprement dit :

  • longueur du texte : 50.000 signes maximum (notes et espaces compris)
  • réponse du comité de rédaction : 10 juillet 2014
  • remise du texte : 15 octobre 2014
  • retour des expertises anonymes : courant décembre 2014
  • premier trimestre 2015 : parution du numéro 4 de la revue en ligne Savoirs en Prisme