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Savoirs de jeunes-filles (Projet de numéro de Romantisme)

Savoirs de jeunes-filles (Projet de numéro de Romantisme)

Publié le par Emilien Sermier (Source : Virginie Pouzet-Duzer)

« Savoirs de jeunes-filles »

Projet de numéro de Romantisme

 

«La jeune fille est très peu connue au point de vue psychologique, quoique de mode à la scène et dans le roman», constate  en 1914 une pionnière des études de l’adolescence, notion encore récente à cette époque. Si la période qui s’étend en France de la fin-de-siècle la première Guerre apprend à connaître la jeune fille malgré son identité incertaine et si celle-ci apprend à se connaître elle-même comme à acquérir un certain savoir des autres et du monde, c’est en effet d’abord par le biais de la littérature. Cette dernière – pour l’essentiel : le roman – supplée de bien des façons les lacunes délibérées d’une éducation pensée en fonction de schémas préconçus et destinée à modeler la réalité dans l’espoir qu’elle s’y conformera. Mais d’où viennent les savoirs des femmes (jeunes filles devenant jeunes femmes) ? Quelle forme prennent-ils ? Avec quels effets ? La jeune fille et la jeune femme, objets de fiction à l’identité imprécise, peuvent-elles devenir sujets d’une connaissance nouvelle? C’est la tension chez la jeune fille et la jeune femme entre éducation et connaissance, représentée et mise en œuvre dans le roman de la période considérée, que nous viserons avant tout à mettre en évidence et étudier.

Certaines des œuvres susceptibles d’être étudiées dans cette perspective sont canoniques (Zola, Rachilde depuis peu, Proust, Colette). D’autres relèvent d’une production tombée dans l’oubli mais qui a eu en son temps une immense popularité. Ainsi des romans de Félicien Champsaur ou de Willy en passant par ceux de Mie d’Aghonne, Jane de la Vaudère, Paul Hervieu, Catulle Mendès ou René Boylesve, entre des centaines d’autres. Les Demi-vierges de Marcel Prévost n’est pas un roman isolé, même s’il est le principal déclencheur d’un énorme débat pendant plusieurs années. Des œuvres plus discrètes ne sont d’ailleurs pas moins révélatrices (Jean de Tinan, Remy de Gourmont, par exemple). Tous ces romans ont pour foyer d’attention une ou plusieurs jeunes filles qu’il s’agit, pour l'auteur et ses personnages, de tenter de comprendre, au moment où elles vont devenir de jeunes femmes.

Les savoirs sur lesquels nous souhaitons concentrer l’attention  jouent dans tous les cas un rôle crucial, à commencer par la médecine. S’ils peuvent occuper une place aussi centrale dans la mécanique cognitive des romans, c’est  parce qu’ils se rapportent tous, de près ou de loin, à des domaines interdits qui concernent pour l’essentiel le corps et la sexualité. La littérature peut en effet, pendant cette période, évoquer avec une relative liberté ce dont l’éducation ne parle jamais. La vaste gamme des romans que nous visons se situe ainsi dans un entre-deux: celui  qui va du second Empire où règne encore une littérature édifiante à  la littérature du cru et du faisandé (Angenot) typique de la Décadence et de la fin-de-siècle. 

 

Les propositions d'articles sont à adresser à Virginie Pouzet-Duzer (vpd04747@pomona.edu) le 20 octobre au plus tard, et les auteurs retenus seront contactés début novembre. Notez que les articles (30 000 signes, espaces et notes compris) sont à remettre avant le 2 mars 2014, afin que ce numéro de Romantisme soit publié à l’automne 2014.