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Saussure et aprés.

Saussure et aprés.

Publié le par Camille Esmein (Source : C. Puech)

JOURNEE DE L'ED 268 (Sciences du langage)
Samedi 28 janvier 2006
ILPGA (Salle F. Brunot), 19 rue des Bernardins 75005 (métro Maubert-Mutualité ou Saint-Michel). 9h 30 12h 30
Histoire des idées linguistiques.

SAUSSURE ET APRES
SAUSSURISME, SAUSSUROLOGIE, STRUCTURALISME

Responsable de la journée : C. Puech


9h30 Christian PUECH (Sorbonne Nouvelle Paris III) :
« Faire l'histoire du saussurisme et du structuralisme dans la linguistique contemporaine. Présentation ».


10h Stijn VERLEYEN (Université de Louvain) :
« L'héritage saussurien en linguistique diachronique : une comparaison métathéorique de trois modèles du changement phonique au XXe siècle (1929-1982) »

Si le Cours saussurien a joué un rôle de premier plan dans l'avènement d'une linguistique structurale synchronique, il est évident que son héritage s'est fait sentir aussi en matière de diachronie. En 1929, les Thèses de l'école de Prague s'opposent résolument à une séparation trop rigide entre synchronie et diachronie. Ce texte constitue le point de départ de toute la phonologie diachronique théorique dans la période ultérieure, qui peut être considérée, à maints égards, comme une série de tentatives d'élaborer une conception systématique de la diachronie.
Dans cette communication, je présente ma thèse de doctorat, consacrée à une analyse métathéorique de trois modèles descriptifs et explicatifs du changement phonique : (1) le fonctionnalisme du Cercle de Prague et de Martinet ; (2) la phonologie générative diachronique ; (3) la sociolinguistique historique labovienne.
Une analyse transversale des principaux concepts et problèmes de ces trois modèles a révélé l'impact fondamental d'un certain nombre de dilemmes épistémologiques, toutes réductibles à des problématiques saussuriennes, comme l'opposition entre sujet parlant et système linguistique, forme et substance, synchronie et diachronie.


Verleyen, Stijn. 2005. Fonction, forme et variation analyse métathéorique de trois modèles du changement phonique au XXe siècle (1929-1982). K.U. Leuven: Thèse de doctorat.
Swiggers, Pierre Verleyen, Stijn. 2002. Principes fonctionnels (dans l'explication du) changement linguistique. La linguistique 38. 106-115.
Verleyen, Stijn. (t.v.). "La phonologie générative diachronique (1962-1975) : du formalisme initial à la réappropriation de la tradition". Histoire Épistémologie Langage.
Verleyen, Stijn. 2004. Le concept d'économie chez André Martinet. In : Hassler, G. Volkmann, G. (eds), The History of Linguistics in Texts and Concepts, vol. I, 365-377. Munster : Nodus.
Pour la bibliographie, voir hand-out sur place.


11h Pause .

11h 15 Marina DE PALO (Université de Salerne)
« Saussure et les sémantiques post-saussuriennes »

L'interprétation structuraliste a mis en valeur les implications autonomistes de la pensée saussurienne : la langue peut être décrite comme un réseau de rapports internes qui s'établissent indépendamment de toutes les déterminations extérieures au système.
En particulier, l'affirmation concernant la nature radicalement arbitraire du langage ouvre la voie à une sémantique linguistique dans une perspective anti-référentielle. Le signe n'a plus la fonction de représenter quelque chose d'extérieur à soi, mais il est une entité autonome sans aucun rapport de triangulation avec un référent extra-linguistique.
Les travaux importants de Godel, Engler et De Mauro ont rendu à la pensée saussurienne toute sa richesse d'idées et nuances, négligée au contraire par les éditeurs du CLG qui ont favorisé ainsi les aboutissements de la vulgata structuraliste.
Plusieurs de ces idées ont été ensuite développées par d'autres modèles, notamment par le cognitivisme de la deuxième génération anglo-américaine qui s'est engagée à démontrer que Saussure a négligé de façon à peu près totale le problème de la signification car qu'il aurait porté son attention plutôt au jeu abstrait des structures qu'aux données concrètes de la biologie et de la psychologie des sujets parlants.
Sans doute une voie féconde indiquée par Saussure est celle de la linguistique de la parole : c'est en cette direction à notre avis qui s'ouvrent les perspectives les plus intéressantes et vitales de son enseignement.
Une fois que la linguistique générale s'est établie enfin comme science autonome, avec ses propres méthodes et avec un objet d'étude qui inclue la signification, c'est plutôt la linguistique de la parole qui devient le lieu d'intégration de plusieurs points de vue importants du débat contemporain.
A partir de l'idée de la transversalité de la signification, je me limiterai ici à isoler quelques points cruciaux de la sémantique saussurienne en essayant de montrer leur fortune et en faisant une petite enquête sur la présence de Saussure dans le débat contemporain. Je me réfère à des dichotomies fondatrices du débat saussurien qui encore aujourd'hui demeurent des questions fondamentales : symétrie vs asymétries du signe ; relations sémantiques vs associations mentales ; homogénéités vs hétérogénéités.
Le débat actuel a mis en avant l'étude du langage, de la faculté du langage et du sujet (bio-physique et psychologique). Dans cette leçon on remarquera l'importance de la notion saussurienne de sujet parlant pour toute théorie qui souhaite aborder le thème de la signification.
La dialectique entre une faculté naturelle, biologique de construire des signes et la nature culturelle et apprise des langues est un leit-motiv de la recherche contemporaine. Il en est de même pour l'intérêt envers la pragmatique des comportements linguistiques individuels.
Dans la linguistique de la parole on peut reconstruire et examiner les points d'ancrage entre la langue et le monde extra-linguistique (référent) et entre la langue et le sujet parlant (son esprit et son cerveau), ceux qui sont considérés des domaines privilégiés respectivement des sémantiques formelles et des sémantiques cognitives de la deuxième génération.
Cet espace théorique est, comme Saussure l'avait prédit, un espace sémiologique qui concerne l'étude transversale de nombreux dispositifs de la signification et de la communication.
Ce caractère transversal' de la recherche linguistique, qui aujourd'hui nous paraît une acquisition récente, était au contraire le point de départ de la réflexion de Saussure, lequel est arrivé avec beaucoup de difficultés à délimiter l'objet de la linguistique. Dans ce cadre il est intéressant de comprendre quelles sont les voies de fuite du saussurisme et quelles sont les perspectives contemporaines ouvertes par ce caractère transversal' de la recherche linguistique enfin retrouvé, qui propose une interaction entre les neurosciences et la psychologie au but de contribuer à l'explication de quelques aspects du fonctionnement de la connaissance humaine.

De Palo M. (2001a), La conquista del senso. La semantica da Bréal a Saussure, avec une préface de R. Amacker, Roma, Carocci.
De Palo M. (2001b), Memoria e significato. Linguistica e psicologia intorno a Saussure, CFS 54, 2001, pp. 359-83.
De Palo M. (2003), L'asymétrie du signe chez Saussure, in S. Bouquet (éd.), Cahier de l'Herne Ferdinand de Saussure' n. 76, pp. 246-259.
De Palo M. (2003), Le semantiche postsaussuriane, Rivista italiana di Linguistica e Dialettologia n. n. 5, 2003, pp. 109- 126;
De Palo M. [à paraître] , Saussure et les semantiques post-saussuriennes, in Louis de Saussure (éd.), Mélanges offerts à René Amacker, Actes du colloque internationale Nouveaux regards sur Saussure, Université de Genève, 19-20 septembre 2003, Droz;
De Palo M. [à paraître] Antipsicologismi a confronto: Saussure e Frege, in S. Gensini e A. Martone (éd.), Il Linguaggio: teoria e storia delle teorie, Mélanges offerts à Lia Formigari, Liguori editore;
Pour la bibliographie, voir hand-out sur place.


12h15 : discussion générale.

12h 30 : fin