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Santé dans la fiction au féminin universel : s'approprier son corps

Santé dans la fiction au féminin universel : s'approprier son corps

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Cité des Dames)

Santé dans la fiction au féminin universel :s'approprier son corps

Loin d'être antithétiques, la fiction participe àcréer le réel, en changeant les mentalités.

En ce qui concerne le rêve d'un monde pluséquilibré, libéré de l'oppression millénaire des hommes surles femmes, la fiction peut contourner à la fois le conditionnementet le militantisme souvent réducteur, pour atteindre despossibilités profondément Autre, qui résident à la fois dans lalogique de ce qui est juste, et dans nos plus profonds souvenirshumains. Aussi, l'harmonie, ou au moins une certaine satisfaction quenous oserons qualifier de bonheur, l'emporte sur les oppositions/dualités/ dichotomies et dogmes. La fiction, sans forcément êtrel'ordonnance pour un monde meilleur, peut indiquer l'absurdité desstructures courantes et pousser vers de nouvelles expériences.

La santé ne peut jamais jaillir de la non-santé,observe Mary Daly en critiquant la médecine technologique. Salaideur, sa stérilité, sa froideur déshumanisante doivent êtredes indices d'un dysfonctionnement. Mais n'est-ce pas pardonnable,dans la mesure où nous pouvons sauver ainsi des vies ?Qu'importent les procédures, disent les défenseurs, c'est lerésultat qui compte. Mais que se passe-t-il quand ce « Résultat »entraîne d'autres résultats qui sont moins reconnus, voire niéspar les médecins si concernés par le bottom line ? Lascience occidentale, selon Vandana Shiva, n'est pas sophistiquée :elle est primitive. Elle se focalise sur un champ réducteur, traitedes symptômes en créant d'autres symptômes, en ignorantvolontairement les causes. Elle sauve des vies, soit. Mais elle aaussi fait disparaître des systèmes qui auraient pu représenterd'autres développements tout aussi efficaces. De surcroît,l'emprise forcée des hommes sur la gynécologie et l'obstétriquelaisse des statistiques extrêmes sur la mort des femmes auxquelleson a retiré les soins traditionnels administrés par dessages-femmes et guérisseuses. Plus récemment, la majorité desfemmes prennent la pilule, ce qui entraîne des symptômes, pourlesquels elles prennent d'autres pilules et subissent d'autressymptômes, qui sont antithétiques à leur bonheur, leur autonomieet leur avancement professionnel et autre. Au-delà du « choix »avoir 12 enfants ou utiliser des dispositifs chimiques ou mécaniques,existe une pléthore de solutions. En plus des plus évidentes :être lesbienne ou avoir des relations autres que le coït, il y aaussi la connaissance des fluides cervicaux, méthode prouvée aussiefficace que la pilule, et ne nécessitant aucun achat, ni, une foisappris, guère plus de temps. C'est une méthode qui s'apprend, danslaquelle une femme est maîtresse de son corps. Pourquoi donc, touten devant avouer la réalité scientifique, les professionnellesdécouragent-elles de telles méthodes, au point où beaucoup defemmes n'en entendent même jamais parler ou, si elles arrivent àpratiquer cette méthode, se voient châtiées, traitéesd'irresponsables... Quels sont les effets iatrogènes desmédecines, et quelles attitudes envers les femmes accompagnent les« soins » gynécologiques, obstétriques (y compris la« location » des utérus pour aider les couples riches etstériles, mais aussi des pratiques hospitalières d'accouchementbonnes pour les médecins, mais horribles pour les femmes et lesbébés : interdiction de manger, coincée sur le dos...),psychiatriques (voir le site www.memoiretraumatique.org), et autres ?Et surtout, quelles alternatives, et comment sont-elles élaboréespar la littérature (roman, poésie, théâtre...) ?  Lesapports peuvent être anthropologiques, historiques et personnels.Vous pouvez écrire vos propres textes créatifs pour répondre àces interrogations, écrire sur les écrivaines qui y répondent (ycompris méconnues), ou les traduire. Les recherches et observationsde première main sont encouragées.

En plus d'explorer ce thème, Le Champ desLettres est un lieu d'expérimentation sur la langue. Dans lemonde mainstream, le masculin s'impose comme universel,renvoyant constamment « la femme » grammaticalement à laposition de l'Autre. Le fait grammatical, pris comme évident ou sansconséquences, peut-il être lié au fait que ce sont les hommes quioccupent la grande majorité des positions dirigeantes, quicommettent des violences envers les femmes, s'approprient leurtravail domestique au nom de l'amour, et leurs tâches subordonnéesdans les milieux professionnels ? Sans ignorer certains progrès,les statistiques actuelles sont parlantes. Mais loin desstatistiques, il y a un problème de fond : l'ignorancevolontaire et une résistance à confronter la réalité (oul'excusant au nom de l'inévitable, la « nature ») et àembrasser de vrais changements. Les hommes ne veulent pas abandonnerun statut qui semblerait privilégié (mais qui ne correspond pasforcément aux vrais besoins humains), et les femmes, largementdépendantes de la volonté des hommes, ont peur des conséquences(économiques, sociales, etc.) du fait de réfléchir, encore plusd'agir...

Le Champ des Lettres emploie le fémininuniversel. C'est à dire, le féminin l'emporte grammaticalement.C'est une expérience, un choix esthétique aussi bien que militant,plus qu'un dogme militant. Nous voulons qu'il existe au moins un lieusur terre où la langue française donne priorité aux femmes. C'estpourquoi nous exigeons de nos contributrices (terme qui regroupeaussi les contributeurs) d'écrire au féminin universel. Çasignifie que les termes féminins regroupent tous les sexes, maisaussi que nous n'avons pas besoin de préciser « des femmes »,et encore moins  « de la femme », parce que c'esttoujours implicitement ici le cas. « Elles » inclut« ils », dans l'amalgame humain.

La distribution de cette revue est un effortcollectif entre des contributrices du monde entier. C'est pourquoinous exigeons une souscription au moment de l'acceptation devotre proposition, pour l'achat de 10 exemplaires au prix d'autrice(remise de 30 pour cent), que vous pouvez distribuer comme vousvoulez. Nous vous conseillons vivement de lire les numéros 1 et 2du Champ des Lettres, que vous pouvez commander sur notresite : www.citedesdames.com(ou acheter chez Violette and co à Paris), avant de nous envoyervotre proposition.

Nous publions des articles, des traductionsvers le français, et des créations littéraires.Toutes doivent être inédites (au moins depuis 100 ans) ycompris sur le web, et axées sur la littérature dans uneperspective de féminin universel. Merci de nous transmettre d'abord2-3 pages résumant votre proposition, qui peuvent inclure desextraits : citedesdames@gmail.com

Pourle 21décembre