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Saint-Simon écrivain du XVIIIe siècle

Saint-Simon écrivain du XVIIIe siècle

Publié le par Alexandre Gefen (Source : François Raviez)

Saint-Simon, écrivain du XVIIIe siècle

 

Lorsqu’il commence à rédiger la version définitive de ses Mémoires, en 1739, les Lettres persanes, que Saint-Simon ne daigne pas mentionner dans sa chronique de 1721, ont presque vingt ans. Et si le mémorialiste eût fait le choix de publier son œuvre de son vivant, elle eût été contemporaine du premier discours de Rousseau et du Siècle de Louis XIV ! Pourtant une tradition tenace, à peine entamée par la décision courageuse d’Yves Coirault de mettre son édition sous jaquette bleue dans la Bibliothèque de la Pléiade, rattache Saint-Simon au siècle précédent. Mais les territoires temporels de l’histoire littéraire ne sont pas toujours ceux du texte, que leurs frontières en pointillés peinent parfois à contenir. Que Saint-Simon ait été placé dans le volume du XVIIe siècle de la célèbre collection des Lagarde et Michard n’en fait pas le contemporain de Molière ou du cardinal de Retz.

Il suffit en effet d’une lecture attentive des Mémoires pour constater que l’œuvre, destinée dès son origine à une publication posthume, est constamment à l’écoute de l’actualité, et que Saint-Simon y porte un regard à la fois vigilant et douloureux sur son présent, comme le montre par ailleurs sa correspondance et, de manière plus implicite, son admirable Parallèle des trois premiers rois Bourbons de…1746. Voltaire, qui caressait sur ses vieux jours l’idée d’une démolition en règle des Mémoires de Saint-Simon, aurait pourtant trouvé une expression enflammée de la tolérance chère à son cœur dans les pages consacrées par le mémorialiste à la révocation de l’Édit de Nantes. D'un point de vue politique, Saint-Simon  s'emporte contre une gestion administrative et technocrate du royaume et plaide pour un certain libéralisme aristocratique, autrement dit pour une nécessaire réforme de la monarchie : il fait en somme l'autopsie d'un régime moribond, fondée sur une réflexion aussi critique que constructive, et propose une conception du pouvoir qui prépare celle des Lumières. L'intérêt qu'il porte par ailleurs aux projets de Vauban et Boisguilbert (ce dernier considéré d'ailleurs comme un précurseur des physiocrates) indique que Saint-Simon, à la cour ou dans sa retraite de La Ferté-Vidame, participe pleinement au renouvellement idéologique du XVIIIe siècle. Et que penser de son silence sur Louis XV ? Rappelons enfin que le duc et pair, lecteur de Bayle, a connu et apprécié Montesquieu. Quant à sa langue, la seule étude sérieuse qui en a été faite - celle d’Antoine Adam, déjà presque vieille d’un siècle et malheureusement méconnue - démolit le mythe d’un écrivain passéiste et conclut à une langue typiquement « Régence ».

Sur tous les fronts : événementiel, politique, stylistique, grammatical, philosophique, l’ambition de cette journée d’étude est donc de rendre Saint-Simon à l’époque qui est vraiment la sienne. Cette journée aura lieu le vendredi 15 mai 2009 à l’Université d’Artois (Arras). Les propositions de communication sont à adresser avant le 15 novembre 2008 à François Raviez (francoisraviez@gmail.com), à Marc Hersant (m.hersant@free.fr) ou à Marie-Paule De Weerdt-Pilorge (pilorge.jc.mp@wanadoo.fr)

 

François Raviez (Université d’Artois), Marc Hersant (Université de Bordeaux III), Marie-Paule De Weerdt-Pilorge (Université de Tours)