Questions de société

"Rompre avec le libéralisme éducatif", L. Fessard, Médiapart, 02/01/2011

Publié le par Arnaud Welfringer (Source : SLU)

"Rompre avec le libéralisme éducatif", par Louise Fessard, Médiapart, 2 janvier 2011

A-t-on renoncé à l'école démocratique ? Suppression du samedi matin en primaire, assouplissement de la carte scolaire, fin de la scolarisation des moins de trois ans, création d'internats d'excellence pour les élèves méritants de banlieue et d'établissements de réinsertion scolaire pour les élèves difficiles, passage des zones d'éducation prioritaires (ZEP) aux collèges et lycées pour l'innovation, l'ambition et la réussite (CLAIR)... Derrière la confusion de ces réformes successives, un collectif de chercheurs décryptent « un renoncement politique ». C'est d'ailleurs le sous-titre de leur livre L'Ecole démocratique, paru en octobre 2010 et réalisé sous la direction du sociologue Choukri Ben Ayed, professeur à l'université de Limoges. Entretien.

Qu'est-ce qu'une école démocratique et en quoi diffère-t-elle de la méritocratie qui fait un retour en force dans les discours actuels ?

L'école démocratique ne se confond pas avec les discours actuels sur la méritocratie scolaire et leur arrière-plan idéologique, qui réduisent la méritocratie à une logique compétitive. Le but est de dégager une élite et de justifier les hiérarchies sociales par le principe, supposé consensuel, de la bonne volonté des acteurs à s'investir dans les études. Ce principe dissimule difficilement les inégalités qui pèsent sur les acteurs et qui limitent toute démocratisation de la société et de l'école. Le discours méritocratique a ainsi quelque chose d'hypocrite et de moralisateur.

Néanmoins, si ce modèle méritocratique a été largement critiqué, le contre-modèle, auquel sont attachés nombre d'acteurs éducatifs et de chercheurs, a été peu traité frontalement. Le contexte politique actuel, l'exacerbation de la compétition et des inégalités en France nous a incités à faire ce travail de clarification. L'école démocratique que nous appelons de nos voeux est en effet très éloignée des orientations politiques actuelles, voire de celles avancées récemment par le parti socialiste, beaucoup trop timorées, ambiguës et encore trop en continuité avec l'existant. Il s'agit d'une école humaniste qui s'attache à favoriser l'émancipation des individus et à réduire les inégalités d'instruction associées au milieu social. Une école qui remette l'apprentissage, la culture et la connaissance au centre de son projet, en lieu et place de l'obsession permanente des classements et de la concurrence. Bref, une école qui cesse d'être inféodée à l'impérialisme économique et utilitariste, qui ne considère pas les citoyens comme de simples consommateurs d'école, et reste attachée aux idéaux collectifs.

Pour lire la suite de l'entretien sur le site de Mediapart ou sur celui de SLU