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Romanica Silesina n° 11 :

Romanica Silesina n° 11 : "La Peur/The Fear"

Publié le par Vincent Ferré (Source : Katarzyna Gadomska)

Appel à contributions

Romanica Silesina n° 11 : "La Peur/The Fear"

« L’émotion la plus ancienne et la plus forte chez l’homme est la peur, et la peur la plus ancienne et la plus forte est la peur de l’inconnu »[1] constate H. P. Lovecraft, un des maîtres américains de la littérature horrifique. Pour Guy de Maupassant, classique français du genre, « la vraie peur, c’est quelque chose comme une réminiscence des terreurs fantastiques d’autrefois »[2]. Soulignant la parenté du mystique et du fantastique, Rudolf Otto définit les deux comme l’expression du « mysterium tremendum et fascinans ». Il voit également le rapport entre le frisson du croyant (et du lecteur) devant des sphères et des puissances inconnues et une manifestation du divin, une participation au grand mystère de l’existence. Pourtant, Louis Vax et Roger Caillois perçoivent la peur dans la perspective plus laïque et  déprécient sa valeur spirituelle. Vax dit que « l’art fantastique doit introduire des terreurs imaginaires au sein du monde réel »[3]. Caillois, quant à lui, souligne l’aspect ludique du fantastique et estime que le genre s’appuie sur le jeu avec la peur. Vu l’importance de ce facteur dans le fantastique et ses genres voisins, la onzième livraison de la revue Romanica Silesiana se propose donc la réflexion sur la peur dans la littérature et le cinéma.

La peur englobe toute une gamme de nuances (terreur, horreur, effroi, épouvante, panique, angoisse, inquiétude etc.) que beaucoup d’auteurs ont sondées à travers les siècles, chacun à sa manière. Parmi ces virtuoses de la peur, il faut citer les noms d‘Ann Radcliffe, M. G. Lewis, Edgar A. Poe, Bram Stoker, H. P. Lovecraft, Robert Bloch, Graham Masterton, Stephen King, Dean Koontz, Thomas Ligotti, Jacques Cazotte, Prosper Mérimée, Auguste de Villiers de l’Isle Adam, Guy de Maupassant, Jean-Pierre Andrevon, Serge Brussolo, Pierre Pelot, Jean Ray, Jean-Pierre Bours, Thomas Owen, Giovanni Papini, Dino Buzzati, Pedro A. de Alarcon, Gustavo Adolfo Becquer, Juan Rulfo, Jorge Luis Borgès, Julio Cortazar, Horacio Quiroga, Sylvina Ocampo et beaucoup d’autres encore.

La psychanalyse a considérablement contribué à l’essor de la littérature d’épouvante en reconnaissant en l’homme une source principale de terreur moderne et en explorant « l’inquiétante étrangeté » du quotidien. La peur exprime « le retour du refoulé », le retour de ce qui est enraciné profondément en l’homme et qu’il a besoin d’extérioriser. Ainsi certains thèmes récurrents du fantastique illustrent un certain nombre d’angoisses macabres (comme celle d’être enterré vivant ou bien celle d’une transformation monstrueuse et inexplicable du corps humain), de complexes (par exemple le complexe de la castration) et de tabous (la zoophilie, la nécrophilie, le cannibalisme). Le fantastique comble donc un besoin fantasmatique de peur inscrit dans l’âme humaine.   

En admettant un large éventail méthodologique, nous mettons l’accent sur l’évolution des sources de terreur à travers les siècles. Voici la liste (non exhaustive) des axes thématiques proposés aux auteurs :

  • les genres littéraires typiquement anxiogènes : le roman gothique, le fantastique, le roman d’épouvante et d’horreur, le thriller, la dark fantasy,
  • l’arsenal terrifiant des romans gothiques (l’espace des ruines, de châteaux hantés, de vieux cimetières et de forêts lugubres),
  • le fantastique du XIXe siècle et ses étranges facettes (le fantastique romantique et l’art de faire peur ; le frénétique et le clinique comme sources d’inquiétude intérieure ; le conte cruel et l’angoisse devant l’homme ; le fantastique fin de siècle et ses phobies de l’extinction de la race humaine et de la venue de son successeur),
  • le « néofantastique » et la peur du quotidien,
  • les personnages anxiogènes : vampires, fantômes, monstres, doubles, psychopathes,
  • les objets anxiogènes : miroirs, grimoires, élixirs, portraits,
  • le cinéma d’horreur : les productions du studio Hammer, le film d’horreur classique ; le gore, le slasher movie ; l’école espagnole et italienne de l’horreur,
  • les techniques littéraires (la technique de la gradation, la technique de la rupture, la technique des signes avertisseurs) et cinématographiques (l’effet-Bus, le jump scare, la musique, le hors-champ, les effets de zooms in/out, le montage) susceptibles d’éveiller la peur.

 

Dans chaque numéro de Romanica Silesiana, nous présentons également des comptes rendus d’ouvrages théoriques récemment publiés, aux sujets variés, concernant la littérature et la traduction littéraire.

 

Merci de bien vouloir envoyer vos propositions de textes et de comptes rendus (200 mots) avant le 15 octobre 2015 à l’adresse suivante :

 

Textes en français : kagadomska@gmail.com

Textes en espagnol : ewelinaszymoniak@interia.pl

Textes en italien : dyrekcja.ach@vp.pl

 

Textes en anglais : zuzanna.szatanik@wp.pl

 

Le Comité de lecture examinera toutes les propositions et vous fera savoir après le 15 novembre 2015 si votre projet a été retenu.

 

[1] H.P. Lovecraft: Epouvante et surnaturel en littérature, Christian Bourgois Editeur, Paris, 1969, p.35.

[2] Guy de Maupassant; La Peur in: Contes et nouvelles de Guy de Maupassant, Arvensa Editions, Paris, 2014, p. 446.

[3] Louis Vax: L’Art et la littérature fantastiques, Fayard, Paris, 1960, p.6.