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Appels à contributions
Romain Gary

Romain Gary

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Alexandre Prstojevic)

UNIVERSITÉ VYTAUTAS MAGNUS

UNIVERSITÉ DE BRETAGNE OCCIDENTALE

Colloque international 

23 – 25 octobre 2008

Université Vytautas Magnus (Kaunas, Lituanie)

ROMAIN GARY, HOMME D'EUROPE, D'EST EN OUEST :

L'écrivain résistant, le clown lyrique, le visionnaire

Roman Kacew, né en 1914 dans la communauté juive de Vilnius, mort à Paris en 1980 ; pilote de combat dans l'escadrille Lorraine basée en Angleterre durant la Seconde Guerre mondiale, auteur à succès sous les pseudonymes de Romain Gary (son nom d'emprunt officialisé), d'Emile Ajar, de Fosco Sinibaldi ou de René Deville, metteur en scène, intellectuel irrécupérable, grand séducteur, diplomate françaisDepuis quelques années, les biographes et les critiques ne cessent de brosser le portrait de cet homme d'action à multiples facettes, aux prises avec son siècle tourmenté. L'accueil réservé à son oeuvre considérable paraît tout aussi multiple : reconnu par le grand public en France, presque oubliée dans les pays anglo-américains, elle est aujourd'hui traduite et enseignée dans les universités de Pologne et de Lituanie. 

Romain Gary répondrait ainsi aux nouvelles aspirations identitaires de ces pays, incarnant ce que Paul Valéry a appelé l'homme d'Europe. Naguère messager de la civilisation des Lumières à vocation universaliste, puis acteur – volontaire ou non – d'un repli particulariste et d'une idéologie meurtrière qui ont conduit à l'extermination des Juifs, cet homme d'Europe, d'Est en Ouest, en ce début du XXIe siècle, se voit confronté à trois défis majeurs :

  • comment résister à l'oubli afin de contrer la montée d'une nouvelle barbarie ;
  • comment conférer un sens à nos sociétés d'aujourd'hui privées de repères culturels, économiques et idéologiques ;
  • comment insuffler un nouveau dynamisme à l'Esprit européen, alliant à la fois universalité et identité partagée.

Interrogeant le rapport à la littérature de Romain Gary, le colloque soulèvera la problématique de l'homme d'Europe sous trois angles différents :

L'écrivain résistant montre comment la réflexion sur la constitution des règles de vie en société touche le corps social dans ce qu'il a de plus concret : le vide creusé par le génocide semble enlever toute consistance à l'éthique. Les personnages de Gary, le survivant, le rescapé des camps ou le revenant, devenus ou rendus autre par la violence totalitaire, sont à la fois des acteurs et des critiques implacables du monde qu'ils retrouvent, fidèles aux morts dans les ghettos, les forêts et les camps. Ils posent la question éminemment éthique des identités multiples, religieuses, nationales et culturelles. Dès lors, il faudra essayer de penser l'homme d'Europe comme un véritable acteur social, ce qui lui permettra d'affronter, voire de se libérer de son inquiétante étrangeté.

Le clown lyrique, manipulateur, saltimbanque ou illusionniste, brouillant le dialogue entre le locuteur-narrateur et le récepteur-lecteur pose le problème de l'esthétique romanesque. La force corrosive de l'humour, caractéristique de l'oeuvre de Gary – bien distincte de celle des nazis -, renvoie au genre littéraire de l'extrême contemporain ; à défaut de trouver les mots justes pour conférer un sens  à l'expérience de l'extrême, il s'agit de faire comme si. Confronté à un choix impossible, mais néanmoins nécessaire, le lecteur est contraint d'engager sa responsabilité. On reconnaît ici l'étroite imbrication avec la portée éthique que Gary confère à son oeuvre : le triomphe de l'oubli rend tout choix aléatoire. Or privé de son choix, l'interprétant ne peut pas s'assumer, conséquence qui favorise la généralisation de l'équation entre le dire et le faire propre aux systèmes totalitaires.

Le visionnaire, désenchanté, répondant pourtant à la tradition universalisante du judaïsme, et animé par un esprit profondément moraliste, renvoie à la dimension proprement politique de la littérature romanesque de Gary. Défenseur des grandes causes qui sont les siennes, celle de la protection de la planète paraît aujourd'hui prémonitoire, le personnage du visonnaire montre d'abord comment l'espoir est lié de manière inextricable à la responsabilité de soi. Cela permet de soulever la problématique du sentiment de culpabilité dans lequel Gary reconnaît la grandeur de l'Occident, mais que de nombreux hommes politiques continuent à rejeter au nom d'une modernité européenne retrouvée. Ainsi, l'homme d'Europe serait le porteur de nouvelles identités régies par le dialogue toujours renouvelé entre le je et l'autre.

Langues de communication :  lituanien, français, anglais.

Durée de la communication : 30 minutes

Remplir le formulaire d'inscription et nous l'expédier avant le 2 mai 2008 aux adresses suivantes :  v.skrupskelyte@hmf.vdu.lt et michael.rinn@univ-brest.fr

Les communications du colloque seront publiées dans la revue de lettres et de sciences humaines Darbai ir Dienos, presses universitaires de l'Université Vytautas Magnus.

Responsables du colloque :

Dr. Irena BUCKLEY, MCF, Université de Kaunas Vytautas Magnus

Prof. Dr. Michael RINN, Université de Bretagne Occidentale

Prof. Dr. Viktorija SKRUPSKELYTE, Université de Kaunas Vytautas Magnus

Comité scientifique :

Dr. Egidijus ALEKSANDRAVICIUS, Université de Kaunas Vytautas Magnus

Dr. Anny DAYAN-ROSENMAN, MCF, Université de Paris 7

Dr. Leondias DONSKIS, Université de Kaunas Vytautas Magnus

Dr. Luba JURGENSON, MCF, Université de Paris IV-Sorbonne

Dr. HDR Philippe MESNARD, MCF, Haute Ecole de Bruxelles

Dr. Alexandre PRSTOJEVIC, MCF, INALCO / CRAL (CNRS-EHESS)

N.B. : Les frais d'hôtel et de voyage seront à la charge des participants et de leurs institutions.