Prévost, Maxime, Rictus romantiques. Politiques du rire chez Victor Hugo, Montréal, Presses de l'Université de Montréal, coll. «Socius», 2002, 373 p. ISBN : 2-7606-1827-7.
Quatrième de couverture
«Le meurt-de-faim rit, le mendiant rit, le forçat rit, la prostituée rit, lorphelin, pour mieux gagner sa vie, rit, lesclave rit, le soldat rit, le peuple rit; la société humaine est faite de telle façon que toutes les perditions, toutes les indigences, toutes les catastrophes, toutes les fièvres, tous les ulcères, toutes les agonies, se résolvent au-dessus du gouffre en une épouvantable grimace de joie» (LHomme qui rit, II, IX, 2).
«Les efforts de lhomme pour se procurer de la joie sont parfois dignes de lattention du philosophe», écrit Victor Hugo dans LHomme qui rit. Comme les autres romantiques, il fait pourtant peser un énorme soupçon sur le rire et sur la gaieté. Les rictus omniprésents sous sa plume et celle de ses contemporains appartiennent tant au sadisme quà la souffrance, tant au bourreau quà sa victime.
Alors que notre époque se montre friande de bonne humeur, de fêtes, de festivals, Victor Hugo et ses contemporains des quatre coins de lEurope jugent que la joie est mal à-propos, elle qui résonne au milieu des souffrances populaires. Il peut lui arriver de sourire ou de verser des larmes, mais le héros hugolien ne rit pas, sauf si on ly oblige.
Doit-on encore lire les romantiques aujourdhui? Oui, parce quils nous rappellent quil faut résister à la dictature contemporaine de lallégresse, du rire de force. Voilà pourquoi Rictus romantiques se termine par un «Éloge de la mauvaise humeur».
Maxime Prévost, après des études doctorales à lUniversité McGill, est chercheur postdoctoral au Département détudes françaises de lUniversité de Montréal. Il a publié des articles dans Discours social, Littératures, Neophilologus, Nineteenth-Century French Studies, Studi Francesi. Rictus romantiques est son premier livre.
Table des matières
PÉNOMBRES DU RIRE ROMANTIQUE
I. Gaieté perverse et rire de force
II. Discours des méthodes
La philologie revisitée
Topologie du topos
Du personnage comme lieu commun
De la source au rapprochement
Hugo, ce méconnu
PREMIÈRE PARTIE : LA GAIETÉ PERVERSE
Chapitre 1 : Le monstre et le bourreau : Han dIslande
Le choix du noir
Lhorreur de lhistoire
Physiologie du monstre
Physiologie du bourreau
Chapitre 2 : Le prêtre, le brigand et la foule : Notre-Dame de Paris
«Le roman le plus abominable jamais écrit»
Physiologie du prêtre
Physiologie du brigand
Physiologie de la foule
La foule, embryon du Peuple
Chapitre 3 : Le bouffon de cour : Le Roi samuse
La bataille du Roi samuse
Destinées clownesques
Physiologie du bouffon de cour
Triboulet, le bouffon qui ne fait rire personne
Lembryon du rire de force
DEUXIÈME PARTIE : LA TRISTESSE DES JUSTES
Chapitre 4 : Le tyran, le soldat et le peuple : Napoléon le Petit, Châtiments, Histoire dun crime
Littérature et politique mêlées
Les années 1852 et 1853
Physiologie du tyran
Physiologie du soldat
Physiologie du peuple
Chapitre 5 : Le forçat, la fille de joie, le gamin et le policier : Les Misérables, Choses vues
Lhorreur du présent
Sue, Hugo et le peuple
Lextension du domaine populaire
Lannée 1862
Physiologie du forçat
Physiologie de la fille de joie
Physiologie du gamin
Physiologie du policier
«Par le fait des lois et des murs»
TROISIÈME PARTIE : LE RIRE DE FORCE
Chapitre 6 : Le diable : La Fin de Satan
Physiologie du Diable
Métaphysique du rire satanique
Politique du rire satanique
Chapitre 7 : Lécrivain : William Shakespeare
Le manifeste littéraire du XIXe siècle
Physiologie de lécrivain
La formation du peuple
Figures du sacre
Contre-figures
Ces «vérités pas bonnes à dire»
Chapitre 8 : Le saltimbanque et lorateur : LHomme qui rit
La grande cime
Ode à la gaieté perverse
Apothéose du rire de force
Consentement de la victime et rébellion
Physiologie du saltimbanque
Physiologie de lorateur
Gwynplaine stoïcien
ÉLOGE DE LA MAUVAISE HUMEUR
De la gaieté perverse au rire de force
Rire pour vrai
Pour une topique historique
Que peut la littérature ?
Textes cités
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