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Appels à contributions
Revue Insignis n°1

Revue Insignis n°1

Publié le par Florian Pennanech (Source : Christine Marcandier)

INSIGNIS    

Revue d'études littéraires et transdisciplinaires sur le XIXe siècle

Directeurs de publication : Christine Marcandier, Vincent Vivès

Maîtres de conférences à l'Université Aix-Marseille I

Insignis est une revue d'études qui souhaite interroger la littérature française du XIXe siècle tant dans ses propres composantes qu'à travers son inscription au sein de la Weltlitteratur qui lui est contemporaine, au regard des siècles précédents, dans le concert des différents arts, de l'Histoire et de la philosophie.

Ses buts sont multiples : favoriser la pluridisciplinarité afin de mieux circonscrire l'objet littéraire, promouvoir de multiples méthodes d'investigation, ouvrir un espace d'échange où se rencontrent scientifiques et jeunes chercheurs littéraires, esthéticiens des arts plastiques et de la musique, philosophes et psychanalystes, enfin tous ceux pour qui le XIXe siècle est source de réflexion et d'inspiration.

Enjeux intellectuels

En tête de toute oeuvre collective, il convient d'établir le lexique spécial grâce auquel, en précisant la valeur de chaque terme, le projet apparaît. Celui qu'il faut expliciter ici a pour nom : Insignis, qui porte une marque distinctive, remarquable, distingué, singulier, en bonne et mauvaise part.

Tout comme le sacer, relatif aux animaux glorieux et intouchables parce que sacrifiés aux dieux ou aux criminels immolés pour un immonde outrage, Insignis porte la trace d'une dualité. Il compose en lui seul une réalité qui n'est pas sans rappeler celle décrite par Friedrich Schlegel et Baudelaire : être dans les contraires comme seule possibilité à l'être. Cette dualité – qui porta au XIXe siècle le nom d'ironie – est la signature de la revue. Insignis promeut donc une critique littéraire et esthétique conçue comme un engagement, sage ou non, selon les voeux de ceux qui s'y consacrent, mais toujours sérieuse, consciente des enjeux scientifiques, cependant jamais rassasiée, comme le laisse entendre le titre du dossier principal : Sed non satiata. Car la critique n'est pas la légitimation d'un ordre ou d'une réalité, ni même le recensement des objets, mais leur compréhension, leur restitution nécessairement médiatisée, qui imposent qu'une conscience les prenne en charge, les distingue, les fasse connaître sous les divers angles qu'elle se choisit, et qui ne sont jamais neutres : structuralisme, sémiologie, histoire littéraire, sociocritique… autant de formes de questionnement pour autant de réponses diverses. On postule ici que l'un ou l'autre de ces divers modes d'appréhension de la littérature ne doit pas prévaloir principiellement sur un autre, ni que celui-ci ou celui-là seul détiendrait la vérité, ― ce qu'il fait généralement dès qu'il est, institutionnellement, mais temporairement, dominant.

Insignis est composée de plusieurs sections :

1- Prima Verba - Préface où seront formulées la problématique générale du numéro, l'articulation entre les articles, l'analyse des outils méthodologiques employés.

2- Sed non satiata - Partie la plus conséquente autour de laquelle sera construit le numéro, elle prend son origine dans une question, une notion paradoxale et plurielle.

3- Ex libris - Cette section se veut un complément aux réflexions développées dans les articles, et offrira une synthèse du sujet à travers une bibliographie nourrie par les auteurs participant au numéro.

4- Insignis - Ici seront regroupés des travaux divers qui, pour de multiples raisons, ne peuvent entrer dans le dossier : traductions d'articles, reprise d'études anciennes d'un grand intérêt pour la recherche… Y trouveront leur place des éditions critiques de textes littéraires qui ne font plus l'objet d'une édition papier aisément disponible.

Insignis est une revue électronique semestrielle, d'accès gratuit. Elle est informatiquement administrée et scientifiquement dirigée par Christine Marcandier et Vincent Vivès.

Le premier numéro sera en ligne en janvier 2010. Il aura pour titre « Trans(e) », - illustrant le principe de fonctionnement ainsi que l'esprit qui guident la revue.


TRANS(E)

Revue Insignis

Numéro 1

Appel à contributions

"Le vitalisme romantique justifie un transformisme universel, qui défie les classifications établies" (Georges Gusdorf)

Dans ce premier numéro, programmatique, il s'agira de confronter diverses approches critiques autour d'une notion plurielle et labile, Trans(e), dans le domaine littéraire comme artistique, dans le cadre du XIXe siècle français et plus largement européen.

            Le Dieu qu' « adore » Hugo a certes mis le poète et son « âme au mille voix » au centre du monde comme un « écho sonore ». Mais au centre d'un excentrement, puisque ce dernier est la réverbération d'une parole qui le traverse mais dont il n'est, en fait, qu'un instrument d'amplification. La conscience romantique est ainsi le centre d'un rayonnement à partir de quoi le sujet se trouve au coeur d'une position métaphysique, qu'elle soit harmonique, mystique et/ou idéaliste; mais elle ne s'y maintient existentiellement que de manière excentrée, ― comme un écho sonore, signifiant quelquefois une vérité, disant tout autant qu'elle est une voix « criarde » et discordante dans l'harmonie du monde (Baudelaire).

            L'énergie qui se découvre dans le Cosmos ou la nature, dans le génie, l'homme providentiel, politique, dans le fou, dans l'amoureux s'ouvrant à l'abîme du désir et de la sexualité,  dans des corps à la recherche d'une fusion sublime, chaste et rageuse… se dissout dans la langueur et la consomption spleenétique, se fige dans la mélancolie, avorte dans l'Ennui ou s'y exaspère au contraire, dans l'éparpillement qui guette le sujet romantique traversé par un territoire natal, une histoire politique, un souffle cosmologique, un inconscient collectif, des voix chères qui se sont tues etc.

L'ironie est la claire conscience de l'éternelle agilité du monde, dit Schlegel. C'est-à-dire qu'elle est ce mécanisme qui, pour poursuivre une vérité toujours fuyante, épouse la forme même de cette fuite en espérant, par syncrétisme fonctionnel, recomposer dans la dissémination une vérité dont la formule, dit Novalis, est perdue. L'ironie romantique poursuit ainsi une unité, dont elle a la certitude et l'intuition, mais qu'elle sait aussi devoir rater ou, dans quelques rares et heureux instants, atteindre, au gré de voyages initiatiques (le Wandern schubertien, le voyage oriental de Nerval, les paradis artificiels…), au sein de territoires contigus mais mobiles, changeants, inconnus, terrifiants, sublimes. Tel Protée, le monde ne cesse de se métamorphoser pour échapper au sujet. Il se métamorphose sans cesse pour ne pas avoir à répondre de sa propre nature. L'ironie est a-topos, elle est toujours dans la dissolution, le transport. Devant l'ouverture illimitée qu'est le monde, l'individu romantique, tentant de se retrouver dans le miroir de la conscience, plonge dans un voyage au-delà des apparences et appareille pour des lointains qui le ramènent à lui ou le perdent à jamais. Les désirs partent en caravane dans le Sahara du monde, où l'on trouve les merveilles de l'Orient comme l'aridité des déserts. Le départ se fait en prenant les chemins du monde en ses métamorphoses avec l'espoir d'arriver au port de l'Unité rassurante.

L'ironie romantique se définit comme une dualité, et dans la tension résolue ou non de cette dernière, dans la translation, le mouvement, l'échappée qui passe à travers, trans : transsubstantiation du Verbe (Lamartine, Hugo), transmigration des âmes (de Swedenborg à Nerval), transparence des coeurs (Rousseau), transport enthousiaste et extatique (de Staël, Sand), transformisme et transsexualité, mystique ou non (Balzac, Gautier, Michelet), transposition d'art (Gautier), transgression (Byron, Lautréamont, Rimbaud), inter- et transtextualité d'un auteur à un autre, d'un siècle à un autre…

A la recherche de la transcendance ou dans le jeu de la transgénéricité, passant à travers le fragment pour tendre à l'Unité, à travers les métalepses narratives pour captiver une nouvelle réalité textuelle et imaginaire, à travers l'androgynie ontologique et sexuelle en quoi le besoin de fusion s'épanche dans le souci de la continuité et de l'inclusion, de la compénétration, le monde romantique révèle et affirme cette vérité profonde : « Totum in toto et totum in qualibet parte » (Baader). Tout est dans tout et tout est conjointement dans la partie… Devant cette dualité du monde, l'ironie romantique choisit le chemin de l'empathie : la conscience s'extasie pour retrouver l'unité dans la multitude, passant par les contraires et la périphérie pour trouver le centre. Devant cette translation généralisée, ces chemins de traverse, le sujet et l'artiste romantiques s'ouvrent à la transe : panique ou amoureuse, fiévreuse ou délirante, enthousiaste ou démoniaque. Quels sont les liens qui s'établissent dans le transformisme universel qui, comme le dit Gusdorf, défie les classifications établies, entre les domaines évoqués dans ces quelques lignes ?

            Telles sont les questions (multiples et ouvertes) que se propose de parcourir ce numéro.

            Merci d'adresser vos propositions ou contributions par mail avant le 15 juillet 2009. Les articles retenus devront être envoyés avant le 15 décembre 2009, pour une mise en ligne en janvier 2010.