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Espace(s) littéraire(s)

Espace(s) littéraire(s)

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Universidade de Aveiro)

Espace(s) littéraire(s)

 

La Revista da Universidade de Aveiro-Letras  (http://rual.web.ua.pt),  se propose de réunir un ensemble d’études (soumis à peer review) autour de la problématique de l‘espace littéraire. Tantôt confinées à l’étude de l’espace textuel, tantôt ouvertes à la dimension sociologique de l’espace de la production littéraire et de sa divulgation, ou à l’espace subjectif de la création entendu comme  l’espace singulier de la genèse littéraire, ou encore  à l’étude de l’ampleur réceptionnelle de la lecture,  les études sur l’espace littéraire dénotent la diversité des perspectives d’approche que le concept d’espace littéraire suscite en lui-même.

La métaphore spatiale informe de nos jours, d’une manière particulièrement sensible, les études littéraires. Ainsi, un rapport tensionnel entre des postures de “close reading” et des  options de “distant reading” configurent actuellement le débat dans le domaine de l’histoire littéraire, tout en invitant le chercheur à   s’interroger sur la “bonne distance” – spatiale  -  de lecture face aux textes. La nature spatiale de la littérature est ainsi mise en évidence, configurée entre  l’espace du texte et  sa projection, symbolique, au-delà de celui-ci.

Étudier l’espace littéraire aujourd’hui implique étudier les espaces que la littérature privilégie – soit par les options de représentation et d’approches géopoétiques qu’elle développe, soit comme espaces de création, découlant de l’enracinement profond, non mimétique, qu’elle établit avec le réel.

De nouveaux espaces littéraires se profilent à l’époque contemporaine, en résultat de la globalisation, qui configurent, à leur tour, de nouveaux modes de lire. C’est ainsi que les études comparées font l’expérience, ces dernières années, d’un processus d’émancipation vis-à-vis de l’eurocentrisme qui les avait  caractérisées et qu’elles s’ouvrent à des  perspectives mondiales, tout en  redéfinissant, parmi tant d’autres espaces, l’espace des littératures nationales dans le  contexte de nouveaux espaces  migratoires, et en traçant de nouveaux parcours de délocalisation.

Consciente de la dimension sociale, économique, culturelle, philosophique, historique et politique de la littérature, l’étude de l’espace littéraire convoque la circulation du savoir entre plusieurs domaines  disciplinaires, apparemment aussi distants que ceux  des sciences de la nature, les sciences médicales,  l’architecture,  l’environnement, les études d’urbanisme  et l’aménagement des territoires, parmi d’autres.

De nouveaux espaces littéraires semblent prendre forme de nos jours dans le domaine des littératures régionales (en quête sans doute d’espaces identitaires en risque), des littératures urbaines (intéressées par l’étude des villes  comme espaces communs de la modernité ouverts par l’ère de l’industrialisation, mais que l’ère post-industrielle  et l’ère technologique configurent différemment à la postmodernité), des  littératures postcoloniales ou des minorités (ethniques, de genre), qui valorisent les  identités hybrides, ou des littératures de la diaspora (voix de masses en déplacement (et dis-location), des littératures de l’exil et de la mobilité contemporaines, mention particulière pour les formes d’expression autofictionnelles, qui modèlent de nouvelles formes d’écriture féminine, par exemple, ou pour des formes hybrides, du point de vue de leur construction génologique,  dont quelques-unes bénéficiant de supports matériels technologiquement très diversifiés (y compris les supports numériques) qui les soutiennent , ou promouvant de nouvelles performances .

La littérature, entendue en tant qu’espace de résistance à des modèles uniformisateurs de comportements et/ou de pensées uniques, nous situe effectivement face à la géographie de notre existence: quel rapport entretenons-nous avec l’espace, que ce soit l’espace vécu, l’espace du quotidien, ou bien l’espace imaginaire ? La question de l’espace (privé ou publique) aura-t-elle été toujours aussi déterminante au long de l’histoire de la production littéraire qu’elle semble l’être actuellement? Quelle appréhension de l’espace nous permet la littérature, dans ses différentes typologies ? De quelle façon la problématique de l’espace est-elle abordée par des courants critiques dont la géocritique ou l’écocritique ? De quelle façon la perception de l’espace par la littérature est-elle susceptible d’anticiper sur des formes d’intervention de nature géopolitique ? Quelles nouvelles frontières se dessinent-elles à l’intérieur de nouveaux espaces identitaires, en conséquence des tensions engendrées par les différentes altérités qui y sont mises en jeu ? Comment évaluer l’impact social de l’étude de l’espace en littérature, et quelle peut être sa plus-value pour la connaissance de l’Homme et des sociétés dans les domaines interdisciplinaires évoqués ? Comment soutenir, à son tour, la légitimation sociale et économique de l’espace  littéraire à l’ère de la fin annoncée du livre imprimé et de l’émergence de supports numériques éphémères ? Au-delà des domaines de réflexion que nous venons d’énoncer,   voilà encore quelques  axes d’étude ouverts par le numéro de la Revista da Universidade de Aveiro-Letras  (http://rual.web.ua.pt) auquel nous vous invitons à collaborer.

Prière d’envoyer un bref CV et votre proposition d’article  (résumé) (environ 200 mots) à :

dlc-rual@ua.pt, jusqu’au 31 octobre 2013:

Numéro à paraître en 2014, dirigé par:

Maria Hermínia Amado Laurel (hlaurel@ua.pt)

Reinaldo Silva (reinaldosilva@ua.pt)

Universidade de Aveiro, Portugal.