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"Résister à la littérature" (n° 20 de la revue TRANS— )

Publié le par Université de Lausanne (Source : Ivan Salinas)

« Résister à la littérature »

[English version below;

Versión española más abajo]

 

Dans quelle mesure peut-on considérer la création comme un acte de résistance ? À quoi résiste-t-on ? Que veut dire résister ? Si l'idée de résistance dans la littérature nous amène à un imaginaire français historico-idéologique assez précis (La Résistance pendant la 2ème Mondiale), celle de résister à la littérature même nous dérange et soulève plusieurs interrogations, la première étant pourquoi lui résister : par ambition politique, par ambition littéraire, par un cloisonnement artistique ?

Dans le domaine littéraire, on observe différentes formes de résistance : celle de l'écrivain lorsqu'il n'arrive plus à écrire, ou refuse d'écrire ; celle du lecteur lorsqu'il n'arrive pas ou plus à lire, ou lorsqu'il refuse de créer l'intrigue ; enfin, le texte lui-même résiste dans son impossibilité à être transmis. Cela mène au constat qu’il y a également une résistance dans l'évolution de la littérature, à son progrès technique, aux normes éditoriales, voire à sa représentation physique puisque, en tant qu’objet, le livre résiste au changement de sa forme et de son support (notamment avec les formats numériques).

La résistance aux normes littéraires soulève la question de la catégorisation (et celle des genres) motivée par les institutions qui règnent sur les produits culturels. On pourrait donc parler de la résistance aux normes (linguistiques, formelles ou éditoriales), aux catégorisations par le marché littéraire, ainsi qu’aux usages de la littérature au fil des temps (la littérature mise aux services des agendas politiques, soumise aux tendances etc.). Il s’agit, en quelque sorte, des mêmes difficultés que rencontre un texte lorsqu’il est traduit puisque la trans-culturalité, au-delà de son ouverture, enferme en elle-même la graine de son rejet. Comment une œuvre, voire tout un courant littéraire, sont-ils reçus par une autre culture ? De quelle manière rencontrent-ils une résistance quand ils font le passage entre horizons d’attentes ? Dans quelle mesure l’écrivain prend-il en compte cette résistance éventuelle à son écriture ? Autrement dit, pour qui écrit-on ?

Comme le souligne Deleuze dans la conférence « Qu’est-ce que l’acte de création », « L’acte de résistance, [...] a deux faces : il est humain et c’est aussi l’acte de l’art. Seul l’acte de résistance résiste à la mort, soit sous la forme d’une œuvre d’art, soit sous la forme d’une lutte des hommes. » Résister ou opposer résistance à la littérature signifierait-il, alors, considérer définitivement que celle-ci ne suffit pas ou n'est pas adéquate pour exprimer ce dont il est question ? Les formes de résistances observées impliquent-elles de se placer absolument dans un « hors littérature », de prendre position « contre la littérature » ? Ou s’agit-il tout court d’une difficulté ponctuelle, qui trouverait tout de même sa résolution—ou son contournement—dans la littérature ?

En poussant la question un cran plus loin, ne peut-on considérer cet enjeu de la résistance comme un point charnière qui amène à repenser la littérature et ses représentations en s'en excluant temporairement pour mieux s'y « réintégrer » ? Finalement, réfléchir au fait de « résister à la littérature » nous oblige à nous interroger—même si la question semble éculée – sur ce qu'est la « littérature », car lui résister suppose qu'on en définisse les frontières pour agir en-dehors d'elle.

Il s'agira donc d'entendre et de questionner la notion de création de la manière la plus large possible, en gardant comme point de départ la littérature, mais en ayant la possibilité de mettre celle-ci en tension avec d'autres champs disciplinaires.

Ce sujet n’est exclusif d’aucune période ni d’aucun genre : il exige en revanche une approche comparatiste. Les propositions de communication (3000 signes), accompagnées d’une brève bibliographie et d’une courte présentation du rédacteur, doivent être envoyées avant le 15 mars 2016 en fichier .DOC ou .RTF à l’adresse : lgcrevue@gmail.com. Les articles retenus seront à envoyer pour le 25 mai. Nous rappelons que la Revue de littérature générale et comparée TRANS— accepte les articles rédigés en français, anglais et espagnol.

 

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« Resisting literature »

To what extent can we consider creation as an act of resistance? What are we resisting? What does resisting mean? While the notion of resistance through literature is rather precise in an French historico-ideological imagination (the Resistance during the 2nd World War),  that of resisting literature itself is troublesome and raises several questions, the first being why resist it: out of political ambition, out of literary ambition, or out of artistic compartmentalization?

In the field of literature, we observe different forms of resistance: that of the writer when he or she can no longer write, or refuses to write; that of the reader when he or she can not or can no longer read, or when he or she refuses to create the plot; and finally, the text itself can resist through the impossibility of its transmission. That leads us to conclude that there must also be resistance in the evolution of literature: to its technical progress, to editorial norms, or even to its physical representation since, as an object, the book resists against changes to its form and to its media (especially since the emergence of digital formats).

The notion of resistance to literary norms raises the question of categorization (and that of genres) driven by the institutions that reign over cultural products. We could also therefore speak of resistance to norms (linguistic, formal, or editorial), to categorizations dictated by literary markets, and to uses made of literature over time (literature in the service of political agendas, subject to trends, etc.). In a way, we can speak of the same difficulties that a text comes across when it’s translated since transculturality, beyond the openness it may signify, also includes the potential for rejection.

How is a work, or a literary current, received by a different culture? In what way do they meet resistance when they go from one horizon of expectations to another? To what extent does a writer take into account this potential resistance to his or her writing? In other words, for whom does one write?

As Deleuze stated in the conference « What is the creative act? », « the act of resistance has two faces. It is human and it is also the act of art. Only the act of resistance resists death, either as a work of art or as human struggle. » Does resisting or opposing resistance to literature then imply once and for all that literature is not sufficient, or not adequate to express what’s at stake? Do the forms of literary resistance observed necessarily imply positioning oneself « beyond literature? » Do they imply taking a stance « against literature? »  Or is it simply a question of a temporary difficulty that might be resolved – or bypassed – through literature itself?

Taking the question a notch further, could we not consider this issue of resistance as a turning point that might lead us to re-think literature and its representations by allowing us to temporarily remove ourselves from it in order to better « re-integrate » it? In the end, thinking about resisting literature obliges us to ask ourselves – even if it may seem trite – what literature is, for resisting it means defining its borders in order to act from without.

It is a matter then of understanding and questioning the notion of creation in the largest sense possible, keeping literature as the starting point, but allowing for it to be opposed to other disciplinary fields.

This subject is not exclusive to any period or genre. It does however require a comparative approach. Proposals (3000 characters), accompanied by a short bibliography and a short description of the author, must be sent before March 15th 2016 in .DOC or .RTF format to lgcrevue@gmail.com. Selected articles must then be sent before May 25th 2016. We remind you that the journal of comparative literature TRANS— accepts articles written in French, English and Spanish.

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« Resistir a la literatura »

¿En qué medida podemos considerar la creación como un acto de resistencia? ¿A qué se resiste? ¿Qué quiere decir resistir? Si en la literatura la idea de la resistencia nos orienta hacia un imaginario francés histórico-social bastante preciso (La Resistencia durante la 2ª Guerra mundial), la idea de resistir a la literatura misma nos incomoda y genera diversas interrogantes, siendo la primera por qué resistírsele: ¿por ambición política o literaria, por un aislamiento artístico?

En el ámbito literario se observan distintas formas de resistencia: la del escritor que ya no puede o se niega a escribir; la del lector que no consigue o ya no puede leer, o que incuso se niega a recrear la intriga; por último, el texto en sí mismo resiste en su imposibilidad de ser transmitido. Esto nos lleva a considerar que también hay una resistencia en la evolución de la literatura, a su progreso técnico, a las normas editoriales, e incluso a su representación física ya que, como objeto, el libro resiste a cambiar de forma y de soporte (en particular con los formatos digitales). 

La resistencia a las normas literarias plantea la cuestión de la categorización (y la de los géneros), animada por las instituciones que reinan sobre los productos culturales. Se podría hablar entonces de la resistencia a las normas (lingüísticas, formales o editoriales), a las categorizaciones del mercado literario, así como a los usos y costumbres de la literatura al filo del tiempo. Se trata, en cierto modo, de las mismas dificultades que encuentra un texto cuando es traducido ya que la trans-culturalidad, más allá de su apertura, encierra en sí misma la semilla de su rechazo. ¿De qué forma son recibidos una obra, o incluso toda una corriente literaria, por una cultura distinta? ¿De qué forma conocen una resistencia cuando pasan de un horizonte de expectativas a otro? ¿En qué medida toma en cuenta el escritor esta posible resistencia a su escritura? Dicho de otra forma, ¿por qué se escribe?

Como lo dice Deleuze en la conferencia “¿Qué es el acto de creación?”, “el acto de resistencia […] tiene dos rostros: es humano y también es el del arte. Sólo el acto de resistencia resiste a la muerte, ya sea bajo la forma de una obra de arte, ya sea bajo la forma de una lucha entre hombres”. Por ende, ¿resistir u oponer resistencia a la literatura significaría considerar definitivamente que esta ya no basta, o que ya no es lo suficientemente capaz de expresar el tema en cuestión? ¿Las formas de resistencias observadas implican que hay que situarse en lo absoluto en lo “extra literario” y de adoptar una posición “contra la literatura”? ¿O se trata al fin y al cabo de una dificultad puntual que, a pesar de todo, podría ser resuelta –o eludida– en la literatura?

Llevando la pregunta más lejos, ¿no es posible considerar la problemática de la resistencia como un punto clave que lleva a pensar la literatura y sus representaciones al excluirse ella misma de forma temporal para “reintegrarse” mejor”? Por último, reflexionar sobre el hecho de “resistir a la literatura” nos obliga a interrogarnos –aunque la pregunta parezca trillada– sobre qué es la “literatura” puesto que, resistirle, supone que se definan sus fronteras para obrar fuera de ella.

El objetivo de esta convocatoria es la de entender y de interrogar la noción de creación de la forma más amplia posible y cuyo punto de partida sea el de la literatura, conservando la posibilidad de establecer un diálogo con otros campos disciplinarios.

Este tema pretende ser lo más amplio posible, sin exclusión de forma, época o género, debiendo ser abordado necesariamente desde una perspectiva comparatista. Las propuestas de artículo (3000 signos, 500 palabras) acompañadas de una breve bibliografía y de una corta presentación del redactor, deben ser enviadas antes del 15 de marzo de 2016 en formato .DOC o .RTF a la dirección: lgcrevue@gmail.com. Los artículos seleccionados deberán enviarse antes del 25 de mayo. Recordamos que la revista TRANS- acepta los artículos redactados en francés, inglés y español.