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Appels à contributions
Res Futurae n°8: Houellebecq (hiver 2016)

Res Futurae n°8: Houellebecq (hiver 2016)

Publié le par Vincent Ferré (Source : Irène Langlet)

Les utopies de Michel Houellebecq : hybridation générique et poétique de l’ailleurs (ReS Futurae n°8, automne 2016)

Date limite d’envoi des propositions: 27 février 2016.

Dossier dirigé par Marc Atallah, directeur du musée fondé par Pierre Versins, "La Maison d'Ailleurs", Yverdon (Suisse).

Depuis la parution de son premier roman, Extension du domaine de la lutte (1994), Michel Houellebecq n’a eu de cesse, outre sa posture parfois provocatrice, de mettre en scène des lieux matériels ou spirituels clos – des utopies – au sein desquels se diffractait et se réfléchissait la condition de l’homme postmoderne : la boîte de nuit (Extension du domaine de la lutte), l’esprit unique (Les Particules élémentaires, 1998) le club de vacances (Plateforme, 2001), les cellules monastiques des clones (La Possibilité d’une île, 2005) ou encore la maison de campagne (La Carte et le territoire, 2010). Il s’avère que ces utopies, bien loin d’être de simples artifices littéraires, rejoignent la tradition des récits qui, depuis le célèbre texte de Thomas More, cherchent à fabriquer un miroir à la fois herméneutique et heuristique qui renvoie une image distanciée de la société à partir de laquelle cette utopie est formée, en l’occurrence la nôtre.

Or, Michel Houellebecq va encore plus loin puisque dans certains de ses romans – principalement Les Particules élémentaires, La Possibilité d’une île et Soumission (2015) – il adopte des lieux communs ou des formes typiques de la science- fiction (les clones, les posthumains ou l’extrapolation inversée) mais en les investissant d’un ensemble de traits sémantiques inédits. Pour le dire autrement, Michel Houellebecq emprunte motifs et procédés aux traditions discursives de l’utopie et de la science-fiction pour permettre à ses romans de pointer, chaque fois spécifiquement, les travers d’une société postmoderne dépourvue de verticalité spirituelle et critiquer, grâce à l’hybridation générique dont il fait montre, le substrat utopique d’une Modernité « sans gouvernail » (Werner Heisenberg, La Nature dans la physique contemporaine, 1962).

L’objectif de cet appel à contribution est de réunir des articles inspectant les innovations stylistiques ou les hybridations génériques faisant de Michel Houellebecq un romancier qui, sans se revendiquer d’un genre particulier, se montre adepte de ces techniques narratives relevant de la science-fiction et de l’utopie, et permettant la critique sociale et l’autoréférentialité littéraire. Les articles susceptibles d’être retenus pourront donc aborder des questions du type :

 

  • Comment et à quelles fins Michel Houellebecq se nourrit-il des procédés propres aux traditions science-fictionnelles et utopiques ?
  • Peut-on former une poétique des œuvres du romancier français qui tienne compte de son utilisation des genres conjecturaux et que nous apporte-t-elle quant à la production d’œuvres littéraires riches et denses ?
  • La critique de la Postmodernité proposée par Michel Houellebecq ne peut être séparée d’une critique de la Modernité utopique : qu’apporte donc l’auteur français dans le débat sur les relations à tisser entre ces deux notions ?
  • Quel rôle attribuer à l’ironie, instrument de la satire sociale, jusqu’à la provocation, mais aussi facteur d’un retour critique sur l’écriture romanesque, ainsi que sur la pratique de la conjecture?

Ces questions, évidemment, ne sont que quelques-unes parmi de nombreuses autres qui pourraient être abordées par les chercheurs. L’idée de ce dossier est par contre de se centrer sur des études de cas et de privilégier les prismes d’analyse tels que la stylistique, la grammaire de l’intrigue ou les effets d’autoréflexivité.

Echéances

Les propositions d’articles sont à envoyer à Marc Atallah: matallah@ailleurs.ch avant le 27 février 2016, accompagnées d’une brève bio-bibliographie. Une réponse sera donnée le 15 mars 2016. Les articles seront à rendre pour le mois de juin 2016.