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Représentations de la souffrance (UPEC)

Représentations de la souffrance (UPEC)

Publié le par Vincent Ferré (Source : Pascal Severac (LIS, UPEC))

Colloque international « Représentations de la souffrance »
 
12-14 mai 2016 - Université Paris-Est Créteil
Organisé par l’équipe Lettres – Idées – Savoirs (EA 4395)

Présentation et programme

Faisait suite au séminaire 2015/2016, le colloque international « Représentations de la souffrance » a pour ambition de croiser les regards sur le phénomène, complexe, de la souffrance, à travers des approches à la fois trans-séculaires (de l'antiquité à nos jours) et pluridisciplinaires (littérature, philosophie, psychanalyse, médecine, sciences humaines et sociales). Les expériences de la souffrance sont en effet multiples : souffrances événementielles (deuil, échec, humiliation, peine…) ou structurelles (angoisse, phobie, traumas, mélancolie…), souffrances morales, psychiques ou physiques (culpabilité, remords, mauvaise conscience ; pathologies mentales, douleurs corporelles, handicaps), souffrances intimes ou politiques, souffrances en amour ou dans la guerre, souffrances familiales, sociales, religieuses, souffrances à l’hôpital, à l’école, au travail… Qu’y a-t-il de commun à toutes ces formes de souffrance, à toutes ces épreuves et ces représentations de la souffrance ? Comment approcher cette constellation d’idées et d’affects qui se dit sous le nom de « souffrance » ?
Deux directions majeures de cette approche plurielle de la souffrance peuvent être distinguées: l'une qui envisage les représentations de la souffrance, l'autre qui porte sur les pratiques et les remèdes de la souffrance.
Notre colloque, qui est le premier volet d'une recherche qui prendra appui également sur un second colloque en 2018, envisage la première direction (le second colloque portera sur la seconde direction) :
 
1- La souffrance se présente comme une réalité difficile à saisir, comme si l’analyser, l’élaborer, et l’exprimer, c’était déjà nécessairement la laisser échapper – le mutisme et la solitude, la coupure avec autrui et le repli sur soi étant peut-être les meilleures conditions d’une perpétuation de la souffrance. La souffrance semble donc s’éprouver en dehors de la symbolisation, voire contre elle.
Néanmoins (ou peut-être à cause justement de cette résistance au symbolique), la souffrance enveloppe une multitude de représentations, chez ceux qui souffrent, qui observent la souffrance, qui la racontent, qui tentent d’y remédier… Il faut donc comprendre la souffrance à partir de ses propres représentations. Les multiples représentations de ce qui fait souffrir (la cause de la souffrance), de ce qui souffre (le sujet de la souffrance), de l’épreuve même de la souffrance (l’affect de souffrance), de ce qui permet de lutter contre la souffrance (le remède à la souffrance) – toutes ces représentations ne sont pas extérieures à la souffrance, mais en constituent la chair même, l’expérience à la fois la plus singulière, et la plus historiquement déterminée.
Il est donc nécessaire que soient mises au jour ces représentations en rapport avec la souffrance, qui sont autant des représentations de la souffrance que des représentations dans la souffrance : c’est pourquoi le colloque « Représentations de la souffrance » entend mettre au centre de son projet une approche interdisciplinaire et trans-séculaire de la souffrance, et montrer la nécessaire articulation de discours d'horizons divers.
 
2- La souffrance cependant, en plus d’être un objet privilégié d’analyse théorique est indissolublement un objet de pratiques multiples, sur lequel les techniques littéraires, philosophiques, psychanalytiques, médicales s’agencent et se déploient afin sinon de l’annihiler, du moins d’en diminuer la force ou de l’apprivoiser, d’en contrarier les effets ou de les sublimer. Qu’il s’agisse de pratiques littéraires (d’écriture ou de lecture), philosophiques (d’exercices spirituels, de sagesses), psychanalytiques (de cures), médicales (de soins), une attitude face à la souffrance (la sienne ou celle de l’autre) est à chaque fois requise, qui déploie des pensées et des paroles, des gestes et des regards, et dont l’objectif est d’instaurer une autre mode d’être au monde, une nouvelle allure de vie.
 
Penser la souffrance par les voies de la littérature, de la philosophie, de la psychanalyse, de la médecine et des sciences humaines et sociales a donc d’emblée un enjeu éthique : il s’agit d’élaborer théoriquement la souffrance pour agir pratiquement sur elle. Notre projet a donc aussi une dimension pratique (thérapeutique ou instrumentalisante) qui consistera à envisager comment nous pouvons utiliser la souffrance, la modifier ou nous modifier en elle.
C'est à cette autre grande perspective sur la souffrance que sera consacré, en 2018, le second volet de notre recherche, dans le cadre du colloque « La souffrance: pratiques et remèdes ».
 

Programme

Jeudi 12 mai

Matin

9h - Accueil et introduction

De l’Antiquité au XIXe siècle
Présidence : Marie-Emmanuelle PLAGNOL
Université Paris-Est Créteil, LIS

-    Pierre CHIRON – 9h15, Université Paris-Est Créteil, LIS
« Représentations, exhibitions de la souffrance dans la rhétorique grecque. »

-    François DINGREMONT – 9h40, Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales
« De la souffrance épique à la souffrance éducative, enjeux d’un glissement des points de vue. »

-    Randa ABI-AAD – 10h05, Université Saint-Esprit de Kaslik, Liban
« Souffrance et désir de souffrance dans la dialectique d’amour chez Thérèse d’Avila. Lecture anthropologique du Livre des Demeures. »

10h30 - Discussion et pause

-    Claudie MARTIN-ULRICH – 11h15, Université de Pau et des Pays de l’Adour
« Les marqueurs des discours sur la souffrance dans un traité de rhétorique du XVIIe siècle : Gérard Vossius. »

-    Christophe LITWIN – 11h40, Université de Princeton
« Les Lumières et l’interprétation de la douleur : le cas de Rousseau. »

12h05 - Discussion et déjeuner

Après-midi

Présidence : Pierre CHIRON
Université Paris-Est Créteil, LIS


-    Marilina GIANICO – 14h30, Université de Haute Alsace
« “… le but des peines ne saurait être de tourmenter un être sensible”. La représentation de la souffrance dans Des délits et des peines de Cesare Beccaria et la culture de la sensibilité. »

-    Philip KNEE – 14h55, Université Laval, Québec
« Souffrance et méconnaissance après la Révolution. »


-    Fanny ARAMA – 15h20, Université Paris-Diderot - Paris 7
« “Elle imprime un caractère sacré à tout ce qu'elle touche” : le discours sur la douleur chez quelques héritiers de la pensée contrerévolutionnaire dans la seconde moitié du XIXe siècle. »

15h45 - Discussion et pause


-    Amina FARHAT – 16h30, Université de Tunis - El Manar
« La Joie de vivre de Zola, ou la Souffrance faite roman.»

-    Laure de NERVAUX-GAVOTY – 16h55, Université Paris-Est Créteil, IMAGER
« “Pain has an element of blank” : l’impossible expérience de la douleur chez Emily Dickinson. »

17h20 - Discussion


Vendredi 13 mai

Matin
 
Philosophie, médecine… et littérature
Présidence : Papa Samba DIOP, Université Paris-Est Créteil, LIS

-    Jean-Christophe COURTIL – 9h30, Université Toulouse Jean Jaurès
« Comprendre la souffrance physique dans l’oeuvre philosophique de Sénèque : entre physiologie médicale et éthique stoïcienne. »

-    Lorenzo RUSTIGHI – 9h55, Université de Padoue
« Sade et la souffrance : une lecture foucaldienne. »

-    Camille ABETTAN – 10h20, Université Paul Valery - Montpellier 3
« Se représenter l'incompréhensible : l'interprétation phénoménologique de la souffrance psychotique. »

10h45 - Discussion et pause

-    Smadar BUSTAN – 11h30, Université du Luxembourg
« La représentation de la souffrance est remise en question par ce que l’on éprouve. »

-    Sylvie JOUANNY – 11h55, Université Paris-Est Créteil, LIS
« La souffrance dans l’oeuvre de Henry Bauchau. »

12h20 - Discussion et déjeuner

Après-midi

Présidence : Sylvie JOUANNY, Université Paris-Est Créteil, LIS


-    Christelle NELATON et Julien LABIA – 14h45, Université Paris-Descartes et Académie de Versailles
« La souffrance, en premier lieu, puis en première personne. »

-    Isabelle SGAMBATO-LEDOUX – 15h10, Institut d'histoire des représentations et des idées dans les modernités
« Souffrance corporelle, animique et morale chez Spinoza et Freud. »

15h35 - Discussion et pause

-    Gilles BARROUX – 16h10, Collège International de Philosophie
« Douleur, sensibilité, symptôme : la place de la souffrance dans la médecine des Lumières. »

-    Vincent FERRE – 16h35, Université Paris-Est Créteil, LIS
« “Les idées sont des succédanés des chagrins”, ou comment la théorie naît de la souffrance (Proust). »

17h – Discussion
 

Samedi 14 mai

Matin

Du XIXe siècle littéraire à la photographie contemporaine

Présidence : Hans-Jurgen Lüsebrink
Université de la Sarre, Saarbrücken

-    Isabelle ALFANDARY – 9h45n Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3
« Souffrir : Bartleby d’Herman Melville. »

-    Mohamed HICH-CHOU – 10h35

Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, Fès, « Écrire la souffrance de la guerre dans la littérature de front : contraintes et paradoxes. Approche croisée : Les Croix de bois de R.
Dorgelès et Le Feu d’H. Barbusse. »

11h - Discussion et pause

-    Papa Samba DIOP – 11h45, Université Paris-Est Créteil, LIS
« Expression de la souffrance en temps de guerre : dans la poésie de L. S. Senghor. »

- Rémi FURLANETTO – 12h10, Université Paris-Sorbonne
« L’expérience de la souffrance chez Paul Valéry. »


12h35 - Discussion et déjeuner

Après-midi

Présidence : Isabelle ALFANDARY, Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3

-    Magalie COSTELLA-SANEBA – 15h, Université Paris-Est Créteil, LIS
« Silence et cri de la Mater Dolorosa “païenne” dans Arcane 17 d’André Breton : lorsque le mythe révèle la souffrance. »

-    Roberta AGNESE – 15h25, Université Paris-Est Créteil, LIS
« Seuils de visibilité : la photographie et la représentation de la souffrance.»

15h50 - Discussion et pause

-    Clément BODET – 16h25, Université d'Aix-Marseille / Collège international de philosophie
« Regards sur la souffrance dans la photographie. »

-    Hemlata GIRI LOUSSIER – 16h50, Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3
« Les désirs importuns : le chagrin perpétuel au coeur de l’univers houellebecquien. »

17h15 - Discussion

Comité scientifique : Ali Benmakhlouf (professeur de philosophie, UPEC), Papa S. Diop (professeur de littérature, UPEC), Frédéric Gros (professeur de philosophie, SciencesPo, Paris), Hans-Jürgen Lüsebrink (professeur, Chaire d'études culturelles romanes, Université de Sarrebrück, Allemagne), Bruno Petey-Girard (professeur de littérature, UPEC), Pascal Sévérac (maître de conférences en philosophie, UPEC).

Comité d’organisation : Bruno Petey-Girard et Pascal Sévérac.