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Représentation de l’Autre dans les récits de voyage : Se dire ou dire l’Autre

Représentation de l’Autre dans les récits de voyage : Se dire ou dire l’Autre

Publié le par Natalie Maroun (Source : Mokhtar BELARBI)

 

Colloque organisé par le LIT’COM (groupe d’Etudes en Littérature et Communication), le Groupe Marocain de Sémiotique  et le Master spécialisé « Communication des organisations »- Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Meknès les 23, 24 et 25 mai 2012.

 

Argumentaire :

 

Les relations de voyage constituent le lieu de la rencontre par excellence. Comme le voyageur se rend nécessairement dans différentes contrées, villes ou pays,  il rencontre, par la force des choses,  un nombre important de personnes qui lui sont étrangères. Il rencontre aussi bien l’Autre idem que l’Autre Ipse. Mais, voyage-t-on vraiment sans altérité ? « Un voyage en France, écrit Todorov dans Les Récits de voyage et le colonialisme, ne donne pas un «récit de voyage ». Ce n’est pas que la chose n’existe pas ; mais il manque forcément ce sentiment d’altérité par rapport aux êtres (et aux terres) évoqués.» (p.97.) Le voyage ne se définit pas seulement comme un déplacement dans l’espace-temps, mais aussi et surtout comme un contact et une découverte de l’Autre. Abdelkébir Khatibi n’a-t-il pas écrit dans Figures de l’étranger dans la littérature française, « l’étranger demeure toujours l’horizon de mon voyage » ?(p.30.)

 

Les textes qui relatent ces rencontres rapportent un nombre considérable d’informations sur les personnes rencontrées et qui sont de différents ordres. Nous y trouvons des informations se rapportant à leur lignage, à leurs modes de vie, à leurs caractères, à leurs us et coutumes, à leurs valeurs scientifique ou spirituelle ou politique, à leurs accoutrements, à leurs nourritures, à leur physique, à leurs activités professionnelles et mercantiles, etc. Ces rencontres constituent pour le voyageur des moments de découvertes de l’Autre et/ou de soi.

 

Seulement, le voyageur, qui écrit le récit des ses voyages, en  brossant le portrait physique et moral des personnes rencontrées,  adopte un système de représentation donné.  Ou bien, il adopte un regard touristique qui cherche à réduire l’Autre ipse à une forme assimilable du Même. En d’autres termes, ne pouvant pas dépasser l’Autrui dans son étrangeté pour décrire l’Autre dans ce qu’il a d’exceptionnel, il se livre, pour reprendre un terme de Segalen, à un «exotisme assimilationniste».

 

Ou bien, il adopte un point de vue centriste, celui du colonialiste. Depuis longtemps, en effet, la culture coloniale renie l’existence d’autres cultures qui lui sont identiques par la force et par un haut degré de rationalité. Dans ce rapport de force, culturel s’entend, la culture des minorités et des subalternes est une culture périphérique, alors que la culture coloniale constitue indéniablement le centre. «L’un des objectifs du discours colonial, note à cet égard Homi Bhabha, est  de construire le colonisé comme une population de types dégénérés sur la base de l’origine raciale, afin de justifier la conquête et d’établir des systèmes d’administration et d’instruction. » (Les Lieux de la culture, p.127) L’Autre décrit  dans les relations de voyage des colonialistes est un «barbare», un «sauvage», un «cannibale», qu’il s’agit de « civiliser », etc.

 

 Ou encore, il est un véritable «exote» selon l’acception que donne Victor Segalen à ce terme,  lorsqu’il éprouve une grande « jouissance» de l’écart irréductible entre sa propre culture et celle de l’Autre. Dans ce cas, il ne cherche pas à ramener l’Autre à la forme assimilable du Même. Mais il le décrit dans sa différence, se livrant ainsi à ce que Segalen appelle un « exotisme de l’écart ». Il adopte, de ce fait,  un point de vue impartial (ou mo’tadil) selon Ibn Khaldoun. «L’esprit partisan (tashayyu’) en faveur de certaines opinions ou certaines tendances, écrit celui-ci dans sa Moqadimma,  est l’une des raisons qui permettent au mensonge de s’introduire dans l’information historique.»

 

On pourrait envisager ainsi au moins les axes  suivants:

 

 

La place de l’Autre dans le récit de voyage. Est-il instrumentalisé (discours orientaliste, discours colonial, discours exotique) ? Qui est l’Autre ? Où se situe la frontière qui sépare le même du différent ? Comment s’effectue la rencontre avec l’autre ? A-t-elle jamais lieu ?

 

Ecriture de l’Autre ou écriture de soi.  Le voyage d’un monde à l’autre. Quelle est la fonction du détour par l’ailleurs ? Y a-t-il une esthétique du récit de voyage ?

 

Ecriture de voyage et genre. Comment les voyageurs ont-ils représentés la femme ? quel discours ont-ils rapporté à propos d’elle ?

 

Subjectivité et mensonge historique. Le récit de voyage est, à bien des égards, considéré comme un témoignage historique. Or, le récit de voyage partial n’appelle-t-il pas à la prudence,  quant à son exploitation par les historiens comme document relatant une vérité historique?

 

Ce sont ces pistes et d’autres que le colloque se propose d’emprunter, en invitant littéraires, historiens et anthropologues à se pencher sur la question de l’altérité dans les relations de voyage.

 

 

Comité d’organisation :

 

Mokhatr Belarbi- Mohamed Bernoussi- Mohamed El Bouâzzaoui- Hassan Moustir

 

 Comité scientifique :

 

Mireille Calle-Gruber – Jean Pierre Dubost-  Eberard Gruber- Khalid Lazaare-

Mokhatr Belarbi- Mohamed Bernoussi-  Hassan Moustir

 

 Délai :

 

Les résumés de communications (500 mots en format Word 12 interligne simple) et un court CV sont à envoyer avant le 10  avril  2012 à l’adresse suivante : mokhtarbelarbi@yahoo.fr